[Elrandìr] Devenir meilleur.
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[Elrandìr] Devenir meilleur.
C'est froid, c'est humide. Ca sent la mort, et pourtant ça ne rassemble que de futurs cadavres, pas encore morts, mais plus tout à fait vivants. La prison.
Quatre murs, une porte, pas même une fenêtre... Il me semble que je suis en sous-sol, dans un quartier plus sécurisé. Cela fait une nuit, la première d'une longue liste, ou peut-être courte je ne sais pas.
Le bruit d'un trousseau de clés résonne, la serrure grince, et le panneau de bois épais, suintant et couvert de mousse, s'écarte. La lumière des torches me fait faire la grimace alors que je plisse les yeux, du fond de ma cellule. Une ombre me recouvre tout entier alors que quelqu'un passe le seuil de mon nouveau chez moi... Grand, bonne carrure, visage fort, barbe et cheveux poivre et sel... Et une robe claire.
- Et grouillez-vous, grogne le garde.
- Merci, mon brave, déclare le nouveau venu.
La porte se referme. La serrure grince de nouveau, mais il ne fait pas sombre, l'homme a apporté une lanterne. Il me vient une furieuse envie d'ironiser...
- Qu'est-ce que vous avez fait de si terrible pour qu'on vous envoie ici ?
- Rien, mon ami, je suis prêtre. Je viens vous entendre et demander à la Lumière de vous purifier avant que vous ne receviez la justice des hommes.
Un bref ricannement ponctue sa phrase, avant que je ne lui répondre, plus sérieux.
- Cette situation tire vraiment sur le tragi-comique. Alors comme ça on me fait don de la confession ou je ne sais quoi ? C'est une délicate attention de la part de mes geôliers.
- Je vous écoute, reprend le prêtre, parlez moi. Avouez vos crimes et vous vous sentirez mieux.
Je lui réponds avec mépris.
- Mes crimes ne vous regardent pas, prêtre. Je n'ai pas besoin de vos oreilles pour me sentir mieux, ni de vos leçons à vous ou qui que ce soit. Mes crimes, je les assume. Ca me suffit.
- Vous êtes un meurtrier et l'on vous jugera pour ça. Un criminel qui mérite une sentance. Ne souhaitez-vous pas faire un acte qui vous soulagera avant de partir ?
- Et que savez-vous des personnes que j'ai tué ? Rien. Vous me jugez sans même me connaître, sur les dires d'hommes tout aussi corrompus que moi. Comme vous.
- Je ne suis pas corrompu ! s'offusque le prêtre.
- Alors au moins hypocrite... Qu'est-ce que c'est que ça ?
Je désigne sa robe au tissu immaculé.
- Mon habit de prêtre, répond-il étonné, cela représente ma fonction.
Je souris, aussi narquoisement que possible.
- Et c'est ainsi habillé que vous prêchez ? Croyez-vous que le quart des habitants de cette ville puissent s'offrir ne serait-ce qu'un morceau de votre robe ? Vous savez ce qu'elle représente pour vous... Un masque. Et je peux vous dire que j'en connais un rayon... Vous vous mentez en mettant cet habit chaque jour, vous jouez un rôle.
- Je ne vous permets pas de me juger, assassin !
Le voilà qui se met en colère, il ne prend même plus la peine d'avoir une voix apaisante. Ce que j'aime, dans la colère, c'est qu'elle laisse découvrir les gens à l'état brut. Une émotion bestiale qui nous réduit tous à l'état d'animaux, car c'est ce que nous sommes tous.
- Et que faites-vous donc, reprends-je, sinon me juger moi, sans savoir ?
- Ce n'est pas pareil... Nous sommes différents. Vous n'êtes pas quelqu'un de... Recommandable.
- Ah...
Je soupire.
- Ainsi, il faut entrer dans le rang pour satisfaire à une norme, et ainsi ne pas être inquiété ? Cela vous rassure, la norme, ceux qui respectent les règles, qui font chaque jour les même gestes, revêtent les même habits.
Je redésigne sa robe.
- En somme, plus l'on ment et plus on est crédible, à vos yeux... Je vais vous dire une bonne chose, prêtre, je n'ai pas besoin de vos sermons. Moi j'ai vécu en homme mauvais mais en homme libre, j'ai vécu en essayant de toutes mes forces d'être un homme meilleur, de devenir un homme de bien.
Il semble vouloir répondre, mais sa bouche s'ouvre mollement sans qu'aucun son ne s'en échappe.
- Vous, et tous ceux qui vous ressemblent, vous vivez en étant convaincus du bien fondé de votre jugement. Convaincus que vous êtes des gens biens, et donc sans progrès. Vous ne pouvez que régresser, vous avilire. C'est vous qui suivez le chemin de la corruption, car vous y viendrez bien un jour, la déguisant en une bonne chose... Et vous croirez à vos propres mensonges. Alors on vous croira.
- C'est terminé, annonce la voix grincheuse du garde.
La serrure grince, le prêtre se lève. Il pose sur moi un regard où la certitude semble flancher, que je soutiens avec toute la détermination qui fut mienne pendant toutes ces années. Il tourne les talons... La porte se referme sur un pan de robe blanche souillé par la crasse de ma prison...
Quatre murs, une porte, pas même une fenêtre... Il me semble que je suis en sous-sol, dans un quartier plus sécurisé. Cela fait une nuit, la première d'une longue liste, ou peut-être courte je ne sais pas.
Le bruit d'un trousseau de clés résonne, la serrure grince, et le panneau de bois épais, suintant et couvert de mousse, s'écarte. La lumière des torches me fait faire la grimace alors que je plisse les yeux, du fond de ma cellule. Une ombre me recouvre tout entier alors que quelqu'un passe le seuil de mon nouveau chez moi... Grand, bonne carrure, visage fort, barbe et cheveux poivre et sel... Et une robe claire.
- Et grouillez-vous, grogne le garde.
- Merci, mon brave, déclare le nouveau venu.
La porte se referme. La serrure grince de nouveau, mais il ne fait pas sombre, l'homme a apporté une lanterne. Il me vient une furieuse envie d'ironiser...
- Qu'est-ce que vous avez fait de si terrible pour qu'on vous envoie ici ?
- Rien, mon ami, je suis prêtre. Je viens vous entendre et demander à la Lumière de vous purifier avant que vous ne receviez la justice des hommes.
Un bref ricannement ponctue sa phrase, avant que je ne lui répondre, plus sérieux.
- Cette situation tire vraiment sur le tragi-comique. Alors comme ça on me fait don de la confession ou je ne sais quoi ? C'est une délicate attention de la part de mes geôliers.
- Je vous écoute, reprend le prêtre, parlez moi. Avouez vos crimes et vous vous sentirez mieux.
Je lui réponds avec mépris.
- Mes crimes ne vous regardent pas, prêtre. Je n'ai pas besoin de vos oreilles pour me sentir mieux, ni de vos leçons à vous ou qui que ce soit. Mes crimes, je les assume. Ca me suffit.
- Vous êtes un meurtrier et l'on vous jugera pour ça. Un criminel qui mérite une sentance. Ne souhaitez-vous pas faire un acte qui vous soulagera avant de partir ?
- Et que savez-vous des personnes que j'ai tué ? Rien. Vous me jugez sans même me connaître, sur les dires d'hommes tout aussi corrompus que moi. Comme vous.
- Je ne suis pas corrompu ! s'offusque le prêtre.
- Alors au moins hypocrite... Qu'est-ce que c'est que ça ?
Je désigne sa robe au tissu immaculé.
- Mon habit de prêtre, répond-il étonné, cela représente ma fonction.
Je souris, aussi narquoisement que possible.
- Et c'est ainsi habillé que vous prêchez ? Croyez-vous que le quart des habitants de cette ville puissent s'offrir ne serait-ce qu'un morceau de votre robe ? Vous savez ce qu'elle représente pour vous... Un masque. Et je peux vous dire que j'en connais un rayon... Vous vous mentez en mettant cet habit chaque jour, vous jouez un rôle.
- Je ne vous permets pas de me juger, assassin !
Le voilà qui se met en colère, il ne prend même plus la peine d'avoir une voix apaisante. Ce que j'aime, dans la colère, c'est qu'elle laisse découvrir les gens à l'état brut. Une émotion bestiale qui nous réduit tous à l'état d'animaux, car c'est ce que nous sommes tous.
- Et que faites-vous donc, reprends-je, sinon me juger moi, sans savoir ?
- Ce n'est pas pareil... Nous sommes différents. Vous n'êtes pas quelqu'un de... Recommandable.
- Ah...
Je soupire.
- Ainsi, il faut entrer dans le rang pour satisfaire à une norme, et ainsi ne pas être inquiété ? Cela vous rassure, la norme, ceux qui respectent les règles, qui font chaque jour les même gestes, revêtent les même habits.
Je redésigne sa robe.
- En somme, plus l'on ment et plus on est crédible, à vos yeux... Je vais vous dire une bonne chose, prêtre, je n'ai pas besoin de vos sermons. Moi j'ai vécu en homme mauvais mais en homme libre, j'ai vécu en essayant de toutes mes forces d'être un homme meilleur, de devenir un homme de bien.
Il semble vouloir répondre, mais sa bouche s'ouvre mollement sans qu'aucun son ne s'en échappe.
- Vous, et tous ceux qui vous ressemblent, vous vivez en étant convaincus du bien fondé de votre jugement. Convaincus que vous êtes des gens biens, et donc sans progrès. Vous ne pouvez que régresser, vous avilire. C'est vous qui suivez le chemin de la corruption, car vous y viendrez bien un jour, la déguisant en une bonne chose... Et vous croirez à vos propres mensonges. Alors on vous croira.
- C'est terminé, annonce la voix grincheuse du garde.
La serrure grince, le prêtre se lève. Il pose sur moi un regard où la certitude semble flancher, que je soutiens avec toute la détermination qui fut mienne pendant toutes ces années. Il tourne les talons... La porte se referme sur un pan de robe blanche souillé par la crasse de ma prison...
Grise Nuit- Quidam
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Feuille de personnage
Race: Elfe de la nuit
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Re: [Elrandìr] Devenir meilleur.
Ma cellule me devient presque familière. Un jour de plus, et je n'ai plus aucune surprise en trouvant cette noirceur lorsque j'ouvre les yeux. On dirait le reflet de mon âme, un vide et une profondeur, impossible à mesurer. Tout y est si simple et complexe à la fois...
Je me redresse pour m'assoir, sur la paillasse qui sent le moisi, je me frotte les mains. Je distingue chaque contour de ces instruments de mort. Comme il est ironique que, dans les moments où nous perdons espoir, notre visage y trouve refuge. Tant de sang et tant de larmes se mêlent dans les sillons de mes paumes dures, rompues au maniement des armes, et convergent jusqu'au bout de mes doigts. Le sang se mélange à l'eau saline, volutes rubis torturés par le courant, puis s'écoule goutte à goutte, créant à chaque fois un soleil écarlate sur la pierre froide.
Je secoue la tête, tentant de chasser cette vision de mon esprit. Si c'est la folie qui me guette, elle n'est guère différente de celle qui joue à la frontière de mes sens, à l'extérieur...
Une ombre vient couvrir le faible trait de clarté qui passe par la petite ouverture de la porte.
- Il est réveillé. Ca tombe bien.
Grincement, cliquetis, la porte s'écarte et révèle la silhouette du gardien, tout souriant de ses dents éliminées. Une autre silhouette se porte alors à côté de lui... Tiens, le prêtre.
- Laissez-nous, adresse-t-il au gardien, ce ne sera pas long.
Le bonhomme grogne son assentiment, puis s'écarte pour le laisser passer. Lorsqu'il pénètre dans la cellule, sa robe blanche se ternie petit à petit, toute assombrie par le manque de lumière... Cette pensée me fait sourire. Effectivement, cela manque de Lumière. Les hommes de foi ne semblent briller qu'en plein jour, à la Lumière mille fois reflétée par les regards affamés des fidèles. Mais face à la noiceur, ils se teintent eux aussi d'un gris uni, du gris de nos existences qui nous lie tous.
Il reste debout à me regarder, et je peux voir dans son regard les émotions se bousculer. Cet homme là ne saurait pas mentir...
- Vous ne souhaitez toujours pas me parler ?
- La réponse n'a pas changé, fis-je d'une voix enrouée par un long silence.
- Pourquoi ? rétorque-t-il brusquement.
- Celle-là non plus n'a pas changé...
- Tout le monde finit par se confier. Même les criminels les plus odieux. Et peut-être cela leur apporte-t-il un peu de réconfort ? La Lumière finit-elle par les pardonner, et ils trouvent la paix.
- Eh bien, c'est une bonne chose pour eux. Mais je n'en ai cure... Que voulez-vous que je vous dise de plus ?
- Je ne vous comprends pas... commence-t-il, puis sa voix s'éteind.
Un credo que j'ai entendu jusqu'à ne plus compter... Ai-je jamais demandé à être compris... Déjà que je n'y arrive pas moi-même, la plupart du temps. Et je m'en accomode parfaitement, alors pourquoi cherche-t-on toujours obstinément à tout rationnaliser, tout organiser, tout expliquer...? Cela me dépasse, je préfère vivre dans une rassurante incertitude, comme étonné par chaque feuille morte qui se détache d'un arbre en automne. Le monde serait bien terne si on pouvait prévoir quelle feuille tomberait à quel moment... Le monde perdrait de sa beauté incertaine et hasardeuse... Le hasard... Et je vois les dés rouler sur le sol, l'éclair fugitif d'un sourire... Tout cela mis en danger par les agenceurs du monde.
La voix du prêtre, qui s'était remis à parler alors que je ne l'écoutais plus, me ramène à la réalité.
- ... Ne serez jamais en paix par simple caprice. Vous êtes un être de contradictions, vous avez commis des crimes et vous vous en voulez plus que ceux qui veulent vous voir au bout d'une corde. Je ne sais pas pourquoi, mais vous êtes différent... Je n'ai pas dit pardonnable, mais différent. Vous ne pourrez vous infliger pire torture que la haine que vous vous vouez...
La voix est sèche, la remarque claque et fait mouche. Un soubrsesaut soulève ma poitrine, lentement je commence à rire, d'un rire rauque et amère, puis l'hilarité me gagne et rend mes côtes douloureuse, écorchant ma gorge sèche. Les larmes me viennent, et perlent au coin de mes yeux alors que je ne cesse de rire, et cela résonne, ma propre voix m'étant renvoyée par les murs de la cellule. J'ai autant envie de rire que de pleurer, mais ne sachant faire que l'un des deux, c'est le rire...
- C'est ça prêtre, c'est exactement ça. Et vous savez, je n'y peux rien !
Je m'essuie les yeux alors que cet instant de folie me quitte aussi vite qu'il est venu. Le pauvre homme me regarde d'un air contri, il doit vraiment me prendre pour un fou maintenant. Sa voix n'est plus qu'un murmure, presque une supplique destinée à me ramener à la raison.
- N'avez-vous donc rien à quoi vous raccrocher ? Êtes-vous si las de vivre ? N'avez-vous donc toujours pas trouvé votre place ?
- Rien, je lui réponds, rien que vous ne pourriez comprendre...
Même cérémonie pour quitter ma cellule. Pourtant, quand bien même sa robe reprend un peu contenance à la lumière des torches, il semble que quelque chose se soit éteint dans ses yeux, alors que son regard accroche le mien. Puis la lourde porte efface cette dernière image.
Je me redresse pour m'assoir, sur la paillasse qui sent le moisi, je me frotte les mains. Je distingue chaque contour de ces instruments de mort. Comme il est ironique que, dans les moments où nous perdons espoir, notre visage y trouve refuge. Tant de sang et tant de larmes se mêlent dans les sillons de mes paumes dures, rompues au maniement des armes, et convergent jusqu'au bout de mes doigts. Le sang se mélange à l'eau saline, volutes rubis torturés par le courant, puis s'écoule goutte à goutte, créant à chaque fois un soleil écarlate sur la pierre froide.
Je secoue la tête, tentant de chasser cette vision de mon esprit. Si c'est la folie qui me guette, elle n'est guère différente de celle qui joue à la frontière de mes sens, à l'extérieur...
Une ombre vient couvrir le faible trait de clarté qui passe par la petite ouverture de la porte.
- Il est réveillé. Ca tombe bien.
Grincement, cliquetis, la porte s'écarte et révèle la silhouette du gardien, tout souriant de ses dents éliminées. Une autre silhouette se porte alors à côté de lui... Tiens, le prêtre.
- Laissez-nous, adresse-t-il au gardien, ce ne sera pas long.
Le bonhomme grogne son assentiment, puis s'écarte pour le laisser passer. Lorsqu'il pénètre dans la cellule, sa robe blanche se ternie petit à petit, toute assombrie par le manque de lumière... Cette pensée me fait sourire. Effectivement, cela manque de Lumière. Les hommes de foi ne semblent briller qu'en plein jour, à la Lumière mille fois reflétée par les regards affamés des fidèles. Mais face à la noiceur, ils se teintent eux aussi d'un gris uni, du gris de nos existences qui nous lie tous.
Il reste debout à me regarder, et je peux voir dans son regard les émotions se bousculer. Cet homme là ne saurait pas mentir...
- Vous ne souhaitez toujours pas me parler ?
- La réponse n'a pas changé, fis-je d'une voix enrouée par un long silence.
- Pourquoi ? rétorque-t-il brusquement.
- Celle-là non plus n'a pas changé...
- Tout le monde finit par se confier. Même les criminels les plus odieux. Et peut-être cela leur apporte-t-il un peu de réconfort ? La Lumière finit-elle par les pardonner, et ils trouvent la paix.
- Eh bien, c'est une bonne chose pour eux. Mais je n'en ai cure... Que voulez-vous que je vous dise de plus ?
- Je ne vous comprends pas... commence-t-il, puis sa voix s'éteind.
Un credo que j'ai entendu jusqu'à ne plus compter... Ai-je jamais demandé à être compris... Déjà que je n'y arrive pas moi-même, la plupart du temps. Et je m'en accomode parfaitement, alors pourquoi cherche-t-on toujours obstinément à tout rationnaliser, tout organiser, tout expliquer...? Cela me dépasse, je préfère vivre dans une rassurante incertitude, comme étonné par chaque feuille morte qui se détache d'un arbre en automne. Le monde serait bien terne si on pouvait prévoir quelle feuille tomberait à quel moment... Le monde perdrait de sa beauté incertaine et hasardeuse... Le hasard... Et je vois les dés rouler sur le sol, l'éclair fugitif d'un sourire... Tout cela mis en danger par les agenceurs du monde.
La voix du prêtre, qui s'était remis à parler alors que je ne l'écoutais plus, me ramène à la réalité.
- ... Ne serez jamais en paix par simple caprice. Vous êtes un être de contradictions, vous avez commis des crimes et vous vous en voulez plus que ceux qui veulent vous voir au bout d'une corde. Je ne sais pas pourquoi, mais vous êtes différent... Je n'ai pas dit pardonnable, mais différent. Vous ne pourrez vous infliger pire torture que la haine que vous vous vouez...
La voix est sèche, la remarque claque et fait mouche. Un soubrsesaut soulève ma poitrine, lentement je commence à rire, d'un rire rauque et amère, puis l'hilarité me gagne et rend mes côtes douloureuse, écorchant ma gorge sèche. Les larmes me viennent, et perlent au coin de mes yeux alors que je ne cesse de rire, et cela résonne, ma propre voix m'étant renvoyée par les murs de la cellule. J'ai autant envie de rire que de pleurer, mais ne sachant faire que l'un des deux, c'est le rire...
- C'est ça prêtre, c'est exactement ça. Et vous savez, je n'y peux rien !
Je m'essuie les yeux alors que cet instant de folie me quitte aussi vite qu'il est venu. Le pauvre homme me regarde d'un air contri, il doit vraiment me prendre pour un fou maintenant. Sa voix n'est plus qu'un murmure, presque une supplique destinée à me ramener à la raison.
- N'avez-vous donc rien à quoi vous raccrocher ? Êtes-vous si las de vivre ? N'avez-vous donc toujours pas trouvé votre place ?
- Rien, je lui réponds, rien que vous ne pourriez comprendre...
Même cérémonie pour quitter ma cellule. Pourtant, quand bien même sa robe reprend un peu contenance à la lumière des torches, il semble que quelque chose se soit éteint dans ses yeux, alors que son regard accroche le mien. Puis la lourde porte efface cette dernière image.
Grise Nuit- Quidam
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Classe visible: Assassin, druide
Re: [Elrandìr] Devenir meilleur.
"Je ne puis prévoir le jour de ma mort, bien que je la recherche parfois ardemment. Celui qui est amoureux de la mort restera désespérément en vie. Aussi, je vais dès maintenant m'abstenir de préparer ce jour, car il viendra certainement promptement. De même, peut-être me rendrais-je compte à quel point je désire vivre lorsque viendra mon dernier soupir. Il faut du courage pour vivre, bien plus que je n'en aurais jamais. On associe le courage à certains de mes combats, de mes faits hauts ou bas. J'ai trompé le monde ainsi, je ne recherchais qu'une fin rapide. Je suis, au fond, certainement aussi lâche que n'importe qui. Je ne suis pas spécial. La seule différence, c'est que je me le cache à moi-même en affichant l'inconscience courageuse de la peur...
J'ai pourtant de bonnes raisons de vivre. De bonnes raisons d'être envié. Il suffit pour cela de relativiser. J'ai une femme, une fille, des amis chers en vie. Même les amis disparus ont éclairé mon existence comme jamais. Alors, pourquoi ne suis-je satisfait de mon sort ? Je ne l'explique pas. Je vénère une certaine dualité en ce monde, j'admire cette vision manichéenne que le peuple s'obstine à avoir. C'est pourquoi il fait confiance au bon souverain et crache sur le mauvais, du moins en apparence. Alors qu'en est-il de moi ? Je suis gris. Ni noir, ni blanc, et n'ai jamais prétendu être l'un des deux. Peut-être, il fut un temps, ai-je désespérément tenté d'être l'un, pour me rendre compte que j'étais submergé par le contraire. Le tout est d'accepté ce que je suis, chose que je n'ai guère réussi à faire. J'aimerais cesser de me poser autant de questions. Pour m'éviter un quleconque choix, et l'acceptation pour moi n'a rien en commun avec la plénitude, je choisis la voie du non-être. Du rien. Le vide... La sérénité. Lâchement et sans prétention, ce sont des adieux que je désire vous adresser en ces lignes.
A tous ceux ayant partagé quelques moments en ma compagnie, vous serez surement les plus illustres compagnons de ce monde. Quand bien même les choses ont bien, ou mal tourné, sachez qu'au fond de moi j'ai de l'affection pour chacun de vous. Je ne l'ai surement pas assez exprimé, ni montré, et cela fait partie du personnage. Les regrets vont de pair avec la fin, et mon plus grand regret est de ne pas m'en être rendu compte à l'instant présent. Mais, dit-on, il n'est jamais trop tard. Puisse votre avenir vous sourire, comme je vous sourirai le jour de ma fin."
Elrandìr, elfe solitaire.
L'hiver. Une saison froide et difficile, une saison de mort, et pourtant nécessaire au regain de vie du printemps. Derrière les barreaux de la cellule, l'elfe admire les quelques rares flocons qui volent paresseusement. Chacun d'eux semble avoir une valeur unique, chaque instant, chaque seconde revêt une importance capitale alors que tout est menacé.
Malgré la température glaciaire de l'endroit, il portait un somple pantalon de toile, et des bottes éliminées. Torse nu, la faible pâleur du jour éclairait à peine les multiples lacérations de son dos, qui l'empêchaient de supporter le moindre vêtement. Une illustration certaine des cicatrices intérieures.
Le cliquetis de la serrure, désormais familier, le tira de sa rêverie. Son ami le prêtre avança, la tête basse, jusqu'au milieu de la petite cellule. Il porta un regard emprunt de tristesse sur l'elfe, mais s'abstint en premier lieu de toute parole. Il secoua la tête, impuissant, devant l'homme qui lui faisait face. Elrandìr désigna un coin de la pièce où s'entassait quelques feuillets, et une plume cassée. Le prêtre accorda un bref regarde dans cette direction, puis en revint à l'elfe, plus décidé.
" C'est l'heure. "
Sans ciller, Elrandìr tendit les mains, et un garde pénétra à son tour dans les cellule pour lui mettre les fers, reliés à une chaîne qu'il maintint fermement. On le tira sans ménagement hors des lieux, il traversa sans y penser les couloirs de la prison égayés par les cris des autres prisonniers, excités par l'élimination de l'un des leurs.
Le trajet jusqu'à l'échafaud est court. Monté pour la circonstance devant la prison, seul un petit groupe de curieux se presse devant. Le froid et la neige a cloîtré les petites gens dans leurs chaumières. Il n'y aura guère de témoins. C'est lorsqu'on le fait monter sur la plateforme de bois, et qu'on lui passe la corde autour du cou, que le froid commence tout juste à lui brûler la peau.
Un homme à la barbe soignée blanchie par le gel déroule un parchemin et entame une longue litanie dont les paroles semblent lui échapper. Une condamnation ? Ou peut-être l'éloge, qui sait... Le bourreau, emmitouflé dans sa fourrure, capuchon sur le visage, attend un signe pour débloquer la trappe. Comme appelée par le long discours de l'inconnu à barbe, la neige se met à tomber plus drue, les flocons sont plus serrés. La petite foule est brusquement masquée par un rideau blanc, et les bruits étouffés par ce manteau épais...
Le monde échappe déjà aux sens de l'elfe. Tout semble distant, jusqu'au geste fatal qu'il pressent pourtant à la dernière seconde avant qu'il soit même amorcé. Le mécanisme grince, le sol se dérobe. La chute est brève. Quelle ironie que cette corde soit le lien qui le rattache encore à la vie, alors que c'est aussi l'instrument de son agonie... Cette pensée traverse son esprit brumeux, alors qu'il commence seulement à manquer d'air. C'est long, fatiguant... Et de surcroit, peu glorieux. Puis, loin de la douleur est des pensées funeste, vient l'apaisement... Quelques mots échappent à ses lèvres enflées, lorsqu'il sent la fin arriver... Et tout le monde pourra dire que ses dernières paroles furent un Murmure...
----
Note : le dernier paragraphe de l'extrait du journal s'adresse aux joueurs, petite fantaisie de ma part que de mêler RP et HRP dans cet ultime texte. Longue vie au Talion, une guilde qui mérite d'aller très loin.
J'ai pourtant de bonnes raisons de vivre. De bonnes raisons d'être envié. Il suffit pour cela de relativiser. J'ai une femme, une fille, des amis chers en vie. Même les amis disparus ont éclairé mon existence comme jamais. Alors, pourquoi ne suis-je satisfait de mon sort ? Je ne l'explique pas. Je vénère une certaine dualité en ce monde, j'admire cette vision manichéenne que le peuple s'obstine à avoir. C'est pourquoi il fait confiance au bon souverain et crache sur le mauvais, du moins en apparence. Alors qu'en est-il de moi ? Je suis gris. Ni noir, ni blanc, et n'ai jamais prétendu être l'un des deux. Peut-être, il fut un temps, ai-je désespérément tenté d'être l'un, pour me rendre compte que j'étais submergé par le contraire. Le tout est d'accepté ce que je suis, chose que je n'ai guère réussi à faire. J'aimerais cesser de me poser autant de questions. Pour m'éviter un quleconque choix, et l'acceptation pour moi n'a rien en commun avec la plénitude, je choisis la voie du non-être. Du rien. Le vide... La sérénité. Lâchement et sans prétention, ce sont des adieux que je désire vous adresser en ces lignes.
A tous ceux ayant partagé quelques moments en ma compagnie, vous serez surement les plus illustres compagnons de ce monde. Quand bien même les choses ont bien, ou mal tourné, sachez qu'au fond de moi j'ai de l'affection pour chacun de vous. Je ne l'ai surement pas assez exprimé, ni montré, et cela fait partie du personnage. Les regrets vont de pair avec la fin, et mon plus grand regret est de ne pas m'en être rendu compte à l'instant présent. Mais, dit-on, il n'est jamais trop tard. Puisse votre avenir vous sourire, comme je vous sourirai le jour de ma fin."
Elrandìr, elfe solitaire.
L'hiver. Une saison froide et difficile, une saison de mort, et pourtant nécessaire au regain de vie du printemps. Derrière les barreaux de la cellule, l'elfe admire les quelques rares flocons qui volent paresseusement. Chacun d'eux semble avoir une valeur unique, chaque instant, chaque seconde revêt une importance capitale alors que tout est menacé.
Malgré la température glaciaire de l'endroit, il portait un somple pantalon de toile, et des bottes éliminées. Torse nu, la faible pâleur du jour éclairait à peine les multiples lacérations de son dos, qui l'empêchaient de supporter le moindre vêtement. Une illustration certaine des cicatrices intérieures.
Le cliquetis de la serrure, désormais familier, le tira de sa rêverie. Son ami le prêtre avança, la tête basse, jusqu'au milieu de la petite cellule. Il porta un regard emprunt de tristesse sur l'elfe, mais s'abstint en premier lieu de toute parole. Il secoua la tête, impuissant, devant l'homme qui lui faisait face. Elrandìr désigna un coin de la pièce où s'entassait quelques feuillets, et une plume cassée. Le prêtre accorda un bref regarde dans cette direction, puis en revint à l'elfe, plus décidé.
" C'est l'heure. "
Sans ciller, Elrandìr tendit les mains, et un garde pénétra à son tour dans les cellule pour lui mettre les fers, reliés à une chaîne qu'il maintint fermement. On le tira sans ménagement hors des lieux, il traversa sans y penser les couloirs de la prison égayés par les cris des autres prisonniers, excités par l'élimination de l'un des leurs.
Le trajet jusqu'à l'échafaud est court. Monté pour la circonstance devant la prison, seul un petit groupe de curieux se presse devant. Le froid et la neige a cloîtré les petites gens dans leurs chaumières. Il n'y aura guère de témoins. C'est lorsqu'on le fait monter sur la plateforme de bois, et qu'on lui passe la corde autour du cou, que le froid commence tout juste à lui brûler la peau.
Un homme à la barbe soignée blanchie par le gel déroule un parchemin et entame une longue litanie dont les paroles semblent lui échapper. Une condamnation ? Ou peut-être l'éloge, qui sait... Le bourreau, emmitouflé dans sa fourrure, capuchon sur le visage, attend un signe pour débloquer la trappe. Comme appelée par le long discours de l'inconnu à barbe, la neige se met à tomber plus drue, les flocons sont plus serrés. La petite foule est brusquement masquée par un rideau blanc, et les bruits étouffés par ce manteau épais...
Le monde échappe déjà aux sens de l'elfe. Tout semble distant, jusqu'au geste fatal qu'il pressent pourtant à la dernière seconde avant qu'il soit même amorcé. Le mécanisme grince, le sol se dérobe. La chute est brève. Quelle ironie que cette corde soit le lien qui le rattache encore à la vie, alors que c'est aussi l'instrument de son agonie... Cette pensée traverse son esprit brumeux, alors qu'il commence seulement à manquer d'air. C'est long, fatiguant... Et de surcroit, peu glorieux. Puis, loin de la douleur est des pensées funeste, vient l'apaisement... Quelques mots échappent à ses lèvres enflées, lorsqu'il sent la fin arriver... Et tout le monde pourra dire que ses dernières paroles furent un Murmure...
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Note : le dernier paragraphe de l'extrait du journal s'adresse aux joueurs, petite fantaisie de ma part que de mêler RP et HRP dans cet ultime texte. Longue vie au Talion, une guilde qui mérite d'aller très loin.
Grise Nuit- Quidam
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Date d'inscription : 30/07/2009
Feuille de personnage
Race: Elfe de la nuit
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Classe visible: Assassin, druide
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