[Kraven] - Ex Nihilo
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[Kraven] - Ex Nihilo
Prologue
La nuit omniprésente de Sombre-Comté ne manque jamais de sauter à la gorge des nouveaux venus et de leur tordre le ventre d'appréhension, elle porte en elle toutes les peurs et toutes les incertitudes des hommes qui y vivent et ne révèle que trop peu ses secrets. Ce soir là un vent léger venait glacer le sang des voyageurs et faire frémir chaque feuille de la forêt maudite, c'était l'un de ces soirs où l'on sait que tout peut arriver et durant lequel l'on ne désire rien d'autre que la proximité réconfortante de l'âtre d'une cheminée, un soir que l'on espère voir passer vite mais qui dure éternellement.
L'hiver approchant à grands pas, la récolte avait était achevée dans la précipitation, plus grand chose à faire dans les champs si ce n'est l'éprouvante corvée de bois, il faudrait bien toutes ces bûches pour passer la morte saison.
Karl était de ces bûcherons dont les lombaires, la nuit venue, irradiaient tout le corps d'une insoutenable douleur et dont chaque muscle était assailli par le froid mordant. Il n'y avait guère plus réjouissant à Sombre-Comté que la douce chaleur du foyer qui accueillait les rares voyageurs du Corbeau Écarlate et Karl espérait bien en profiter ce soir là. Ses amis et lui avaient l'habitude de s'y retrouver autour d'une choppe de bière, le patron en vantant la qualité dès que l'occasion se présentait : « En provenance directe de Forgefer ! » clamait-il.
En vérité cette publicité relevait d'une honteuse tromperie, tout le monde sachant parfaitement que la bibine du coin provenait vraisemblablement des brasseries poussiéreuses des Marches de l'ouest, au mieux, mais elle était suffisamment bonne pour que tous passent une bonne soirée.
Tout le monde s'amusait, chacun y allait de sa petite boutade, salace ou non selon les personnalités, et on peinait parfois à se faire comprendre par dessus le brouhaha de rire et d'éclats de voix. Les enfants étaient couchés depuis longtemps et les femmes peu farouches commençaient à s'asseoir sur les genoux à disposition, les gamins il fallait bien les faire après tout.
La lourde porte de chêne s'ouvrit soudainement dans un grincement sinistre et une bourrasque glaciale s'engouffra dans l'auberge, un froid bien trop cruel pour que ce fut uniquement celui de l'extérieur. Karl retrouva subitement la douleur qui avait commencé à le quitter alors qu'un silence de mort s'était abattu sur la joyeuse compagnie, visiblement surprise sans trop savoir pourquoi. Un homme se tenait là dans l'encadrement de la porte qu'il referma aussitôt son entrée faite. Pourtant le froid semblait ne pas vouloir quitter les lieux, le feu peinait à répandre sa chaleur et semblait avoir perdu sa lutte contre l'hiver naissant. Après avoir laissé les clients de l'établissement le dévisager longuement, le visiteur s'avança vers le comptoir en retirant ses lourds gantelets de plaque. Son pas pesant sur le parquet du Corbeau Ecarlate résonnait dans la pièce alors que les conversations reprenaient en sourdine à chaque tablée. Arrivé devant le patron il commanda simplement une bière et toisa l'assemblée d'un air sombre avant de sourire faiblement. Finalement les gens l'ignorèrent et le vacarme repris le dessus.
Karl assis non loin de là grimaçait encore, quelque chose chez le nouveau venu le glaçait jusqu'au sang et son dos l'empêchait de penser à autre chose qu'à cette silhouette massive accoudée au comptoir. Il avait cru un bref instant percevoir une lueur bleutée dans son regard et l'épaisse armure qu'il arborait, ornée de crânes et d'autres symboles morbides, portait les marques de nombreux combats, rien de rassurant en somme. Etrangement son visage lui disait quelque chose, il était presque certain d'avoir déjà vu cet homme quelque part, peut être même ici, à Sombre-Comté.
« Bougez pas les gars, j'vais causer un peu. » Il se leva péniblement et fit quelques pas vers l'inconnu avant de se retourner vers le groupe de ses compagnons de beuverie.
« Et c'lui qui touche à ma bière tâtera d'mes baffes » menaça-t-il en illustrant ses propos d'un poing serré dressé à hauteur de visage. Il repris la direction du comptoir.
Entendant des pas derrière lui, le trouble fête se retourna et jaugea le paysan qui s'approchait. Pour la deuxième fois de la soirée un sourire éclaira son visage imberbe dissimulé sous un capuchon noir de jais. Ses yeux luisaient bel et bien d'un bleu surnaturel ce qui fit sursauter Karl, ça n'avait rien de normal.
« Bordel ! » c'était tout ce qu'il trouva à dire à cet instant, un air inquiet.
Un éclat de rire profond de la part de l'individu accueillit le juron et une main ferme s'abattit sur l'épaule du villageois qui tressaillit légèrement. Le capuchon s'affaissa lentement, découvrant entièrement la tête de l'homme en armure.
« Bordel ! » cette fois-ci ce n'était pas de la frayeur, une grande surprise se lisait sur le visage de Karl.
Il se rappelait maintenant ou il avait vu ce visage auparavant. C'était là, dans ce village, sous le toit de cette auberge, devant ce comptoir. C'était quatre années auparavant dans des circonstances bien différentes. A l'époque il avait besoin d'argent pour faire réparer sa vieille bicoque à moitié délabrée et y loger sa famille, mais la saison avait été difficile et les ventes pas à la hauteur de ses espérances. Un soir alors qu'il s'était décidé à noyer ses problèmes dans une choppe de la mauvaise bière qui elle n'avait pas changé, une aide providentielle s'était manifestée en la personne d'un paladin. Une armure d'or, un sourire rassurant, l'homme avait écouté sa complainte d'une vie misérable et avait proposé de l'aider. Pas en argent, il n'en avait pas, mais il avait offert ses bras et son labeur. Ensemble ils avaient alors trouvé de quoi réaliser les travaux et durant les semaines qui suivirent ils devinrent ce qu'il aurait appelé des amis. C'était avant que son « ami » ne disparaisse sans un au revoir.
Mais ce visage qu'il connaissait avait changé, les traits étaient plus tirés, le teint plus pâle et ces yeux...
« Kraven ! Bordel c'est toi ... »
« C'est moi... il y a beaucoup de choses à raconter mais pas ici, ni ce soir. Ce soir nous buvons à mon retour du néant. » ajouta Kraven en levant sa choppe devant un Karl qui frissonnait.
Était-ce cette lueur étrange dans le regard de son vieil ami ou l'incompréhensible sensation de froid en sa présence qui l'effrayait ? Il n'aurait su le dire mais une seule chose était certaine, il avait cru cet homme mort et il s'était trompé.
L'hiver approchant à grands pas, la récolte avait était achevée dans la précipitation, plus grand chose à faire dans les champs si ce n'est l'éprouvante corvée de bois, il faudrait bien toutes ces bûches pour passer la morte saison.
Karl était de ces bûcherons dont les lombaires, la nuit venue, irradiaient tout le corps d'une insoutenable douleur et dont chaque muscle était assailli par le froid mordant. Il n'y avait guère plus réjouissant à Sombre-Comté que la douce chaleur du foyer qui accueillait les rares voyageurs du Corbeau Écarlate et Karl espérait bien en profiter ce soir là. Ses amis et lui avaient l'habitude de s'y retrouver autour d'une choppe de bière, le patron en vantant la qualité dès que l'occasion se présentait : « En provenance directe de Forgefer ! » clamait-il.
En vérité cette publicité relevait d'une honteuse tromperie, tout le monde sachant parfaitement que la bibine du coin provenait vraisemblablement des brasseries poussiéreuses des Marches de l'ouest, au mieux, mais elle était suffisamment bonne pour que tous passent une bonne soirée.
Tout le monde s'amusait, chacun y allait de sa petite boutade, salace ou non selon les personnalités, et on peinait parfois à se faire comprendre par dessus le brouhaha de rire et d'éclats de voix. Les enfants étaient couchés depuis longtemps et les femmes peu farouches commençaient à s'asseoir sur les genoux à disposition, les gamins il fallait bien les faire après tout.
La lourde porte de chêne s'ouvrit soudainement dans un grincement sinistre et une bourrasque glaciale s'engouffra dans l'auberge, un froid bien trop cruel pour que ce fut uniquement celui de l'extérieur. Karl retrouva subitement la douleur qui avait commencé à le quitter alors qu'un silence de mort s'était abattu sur la joyeuse compagnie, visiblement surprise sans trop savoir pourquoi. Un homme se tenait là dans l'encadrement de la porte qu'il referma aussitôt son entrée faite. Pourtant le froid semblait ne pas vouloir quitter les lieux, le feu peinait à répandre sa chaleur et semblait avoir perdu sa lutte contre l'hiver naissant. Après avoir laissé les clients de l'établissement le dévisager longuement, le visiteur s'avança vers le comptoir en retirant ses lourds gantelets de plaque. Son pas pesant sur le parquet du Corbeau Ecarlate résonnait dans la pièce alors que les conversations reprenaient en sourdine à chaque tablée. Arrivé devant le patron il commanda simplement une bière et toisa l'assemblée d'un air sombre avant de sourire faiblement. Finalement les gens l'ignorèrent et le vacarme repris le dessus.
Karl assis non loin de là grimaçait encore, quelque chose chez le nouveau venu le glaçait jusqu'au sang et son dos l'empêchait de penser à autre chose qu'à cette silhouette massive accoudée au comptoir. Il avait cru un bref instant percevoir une lueur bleutée dans son regard et l'épaisse armure qu'il arborait, ornée de crânes et d'autres symboles morbides, portait les marques de nombreux combats, rien de rassurant en somme. Etrangement son visage lui disait quelque chose, il était presque certain d'avoir déjà vu cet homme quelque part, peut être même ici, à Sombre-Comté.
« Bougez pas les gars, j'vais causer un peu. » Il se leva péniblement et fit quelques pas vers l'inconnu avant de se retourner vers le groupe de ses compagnons de beuverie.
« Et c'lui qui touche à ma bière tâtera d'mes baffes » menaça-t-il en illustrant ses propos d'un poing serré dressé à hauteur de visage. Il repris la direction du comptoir.
Entendant des pas derrière lui, le trouble fête se retourna et jaugea le paysan qui s'approchait. Pour la deuxième fois de la soirée un sourire éclaira son visage imberbe dissimulé sous un capuchon noir de jais. Ses yeux luisaient bel et bien d'un bleu surnaturel ce qui fit sursauter Karl, ça n'avait rien de normal.
« Bordel ! » c'était tout ce qu'il trouva à dire à cet instant, un air inquiet.
Un éclat de rire profond de la part de l'individu accueillit le juron et une main ferme s'abattit sur l'épaule du villageois qui tressaillit légèrement. Le capuchon s'affaissa lentement, découvrant entièrement la tête de l'homme en armure.
« Bordel ! » cette fois-ci ce n'était pas de la frayeur, une grande surprise se lisait sur le visage de Karl.
Il se rappelait maintenant ou il avait vu ce visage auparavant. C'était là, dans ce village, sous le toit de cette auberge, devant ce comptoir. C'était quatre années auparavant dans des circonstances bien différentes. A l'époque il avait besoin d'argent pour faire réparer sa vieille bicoque à moitié délabrée et y loger sa famille, mais la saison avait été difficile et les ventes pas à la hauteur de ses espérances. Un soir alors qu'il s'était décidé à noyer ses problèmes dans une choppe de la mauvaise bière qui elle n'avait pas changé, une aide providentielle s'était manifestée en la personne d'un paladin. Une armure d'or, un sourire rassurant, l'homme avait écouté sa complainte d'une vie misérable et avait proposé de l'aider. Pas en argent, il n'en avait pas, mais il avait offert ses bras et son labeur. Ensemble ils avaient alors trouvé de quoi réaliser les travaux et durant les semaines qui suivirent ils devinrent ce qu'il aurait appelé des amis. C'était avant que son « ami » ne disparaisse sans un au revoir.
Mais ce visage qu'il connaissait avait changé, les traits étaient plus tirés, le teint plus pâle et ces yeux...
« Kraven ! Bordel c'est toi ... »
« C'est moi... il y a beaucoup de choses à raconter mais pas ici, ni ce soir. Ce soir nous buvons à mon retour du néant. » ajouta Kraven en levant sa choppe devant un Karl qui frissonnait.
Était-ce cette lueur étrange dans le regard de son vieil ami ou l'incompréhensible sensation de froid en sa présence qui l'effrayait ? Il n'aurait su le dire mais une seule chose était certaine, il avait cru cet homme mort et il s'était trompé.
Kraven- Allié(e)
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Date d'inscription : 23/07/2009
Feuille de personnage
Race: Humain
Age: Inconnu
Classe visible: Chevalier de la Mort
Re: [Kraven] - Ex Nihilo
I
« La vache c'est haut ! T'as vraiment des plans pourris... »
Deux silhouettes minces et furtives progressaient à la verticale, accrochées à la falaise qui supportait les ruines de Stromgarde la déchue. Gribs, le plus élevé des deux grimpeurs, manqua de chuter en se retournant vers son acolyte pour lui lancer ses repproches.
« Y'a un peu d'grimpe... tu parles ! Si tu m'avais dit qu'on allait s'taper l'escalade d'une falaise crois moi que je serais pas v'nu. »
« C'est pour ça que je ne t'ai rien dis crétin, allez choppe cette prise là à droite... mais non à droite ! C'est pas possible d'être aussi attardé... »
Se retournant une nouvelle fois, Gribs foudroya du regard l'être en dessous de lui, cet insolent qui trouvait le temps de l'insulter alors qu'ils étaient tout deux accrochés au dessus du vide. La mort les frapperait à coup sur à la moindre chute, une mort bien définitive cette fois.
« Allez bouge toi sac d'os ! »
Stuart, ce deuxième individu, n'était habituellement pas un voleur téméraire. Son dernier gros coup qui ne s'était pas vraiment passé comme prévu avait fait de lui ce qu'il était désormais : un être condamné à rester entre vie et trépas. Mais cette fois-ci le jeu en valait la chandelle ! C'est en tout cas ce qu'il s'était dit lorsqu'un étranger lui avait proposé une somme rondelette pour accomplir une mission d'un genre particulier. Le genre de mission qui n'était pas dans ses habitudes mais dont les détails lui importaient peu, un mort-vivant n'avait pas d'éthique et lui n'en avait jamais eu même vivant.
Gribs grimpait au dessus de lui, trouvant facilement des prises sur la paroi rocheuse. Mètre après mètre les deux réprouvés s'approchaient de leur but. Une lune blafarde, à moitié dissimulée par les nuages, répandait difficilement ses rayons sur la falaise et la mer en contrebas. L'absence de luminosité n'était pas gênante, au contraire ils avaient choisi ce soir précisément pour son temps couvert. Il s'en serait fallu de peu pour qu'une patrouille maritime ne les découvre crapahutant ainsi à la verticale de la forteresse et mieux valait pour eux que ça ne se produise pas.
« J'crois qu'on attaque la muraille... Ca va être coton pour les prises, leurs foutus pierres sont polies ! »
L'ouvreur n'arrêtait pas de râler depuis le début de l'ascension, Stuart avait l'habitude de ses sautes d'humeur et n'y prêtait pas d'attention. Il avait toute confiance en Gribs et c'était la seule chose qui comptait. Il se contenta de répondre :
« Ca m'étonne pas avec le temps pourri qu'il fait ici ! Doit pleuvoir au moins cinq jours sur sept dans c'bled. Tiens choppe la prise sur ta... »
« Ouai c'est bon ! J'm'occupe d'ouvrir la voie, contente toi d'suivre. »
Il leur avait fallu trois bonnes heures mais ils étaient finalement parvenu en haut de la muraille. Le chemin de ronde était vide comme prévu et des bribes d'une conversation filtraient d'une tour toute proche.
« Sérieusement Garad, tu l'aurais entendu gueuler partout. Qui à mis de la boue dans mes bottes ? Qui ?! Avec les autres on été fendu. »
« N'empêche je ne trouve pas ça très sympa... »
« Roooh allez fais pas ta bleusaille Garad, on est tous passés par là, c'est comme ça que ça marche pour les nouveaux ! »
« Mouais. »
Stuart et Gribs n'avaient pas prêté un seul instant attention à la discussion et les deux intrus étaient déjà descendus dans le cimetière un peu plus bas, le matériel avait atterri dans un buisson et ils mirent quelques instants à le retrouver dans l'obscurité. Leur objectif ne devait pas être bien loin.
« Si j'me goure pas la crypte doit être par là. »
On entendait à peine leurs voix. La discrétion était de mise et ils ne feraient certainement pas long feu si un garde trop zélé venait à patrouiller entre les tombes. Heureusement pour eux le Prince Galen était partie en mission en Outreterre depuis quelques semaines déjà et avait emmené un lourd détachement pour soutenir Danath dans la Péninsule des Flammes infernales. Il n'y avait déjà plus assez d'hommes à Stromgarde pour surveiller l'enceinte, veiller sur les morts eut été un luxe inconsidéré.
S'engouffrant dans une crypte suivis de près par un Gribs chargé d'un sac de toile plein de cordages, Stuart avait sorti une dague suintante et progressait prudemment dans les ombres.
« Va falloir faire gaffe, ils ont p'têtre foutu une sentinelle pour garder ceux là. »
Arrivé en bas de la première volée de marches il jeta un oeil au coin du mur. Personne.
Les deux morts-vivants entrèrent dans la salle en silence et Gribs se débarrassa de son fardeau au centre de la petite pièce poussiéreuse. Les alcôves étaient emplies de sarcophages de pierre et quelques tombes au couvercle surmonté d'un gisant étaient disposées aux alentours. Il ne leur fallu que quelques instants pour identifier celle qu'ils étaient venu chercher.
« Là ! Kraven Sombrecoeur... Il s'est pas foutu d'ta gueule ce vieux sorcier, Capitaine ! Doit bien y avoir quelque trésor à piocher là dedans. »
Gribs sautillait d'excitation devant le tombeau du Paladin.
« Ouais, mais on pourra rien emporter de plus qu'des bracelets ou des bagues. Passe moi le levier ! »
Le mort vivant s'empressa d'aller chercher la barre d'acier en question et aida Stuart à déplacer le lourd couvercle. S'ils s'étaient attendu à ce que le crissement de la pierre contre la pierre n'alerte quelqu'un, aucun son ne semblait pouvoir s'échapper de ce trou lugubre. C'était parfait.
Un relent fétide s'éleva dans les airs mais ni l'un ni l'autre n'y prêta d'intérêt, c'était finalement une odeur relativement coutumière. Un cadavre maintenant dépourvu de toute chair occupait le cercueil, le visage étant encore recouvert d'une fine peau flétrie et on devinait que les yeux étaient retournés à la poussière. Tous ces détails n'intéressèrent absolument pas les deux pilleurs de tombe dont la surprise était pourtant réelle.
« Ah si, il s'est foutu d'ta gueule... J'pensais pas qu'ils l'auraient casé là dedans avec son attirail. On va l'sortir comment ? »
Après quelques instants de réflexion Stuart eut une idée. Avec l'aide de son comparse il fit passer deux cordes, l'une sous le harnois et l'autre sous ce qui avait été les cuisses du Paladin. Placés de part et d'autre de la tombe ils tirèrent chacun de leur côté et lentement le cadavre s'éleva pour finalement sortir du caveau. Ls cervicales tinrent bon mais la tête s'inclina vers le sol sous l'effet de la gravité et le casque de Kraven fit un bruit effroyable en heurtant la dalle de la crypte. Plus aucun mouvement, silence... Personne ne vint.
« Bon et maintenant ? »
Fouillant l'une de ses poche, Stuart en sorti une bourse de cuir et déversa la poudre qu'elle contenait sur le sol. Il traça tant bien que mal un cercle d'un mètre et demi de diamètre pendant que Gribs remettait le couvercle de la tombe en place. Les restes de Kraven patientaient à deux pas de là, négligemment posés par terre.
Dans un sombre langage oublié le mort vivant récita la formule que l'étranger lui avait appris et la poudre s'embrasa de flammes violacées. La surface du cercle s'obscurcit rapidement et tourna au noir pur. Stuart tendit une main par dessus les flammes et lâcha la bourse vide qui disparu dans l'abîme.
« Aide moi, on va le balancer là dedans. »
Alors qu'ils soulevaient à deux le cadavre préalablement délesté de son armure replacée dans la tombe la lueur d'une torche indiqua l'arrivée imminente d'un trouble fête.
« Y'a quelqu'un ? »
« Tant pis, on lui fera pas mal il est d'jà mort ! »
Alliant le geste à la parole les mort-vivants jetèrent Kraven dans le gouffre impie. N'ayant manifestement d'autre choix, Stuart s'y jeta accrochant Gribs au passage. Les flammes se dissipèrent finalement et il ne restait qu'un fin cercle noirci sur le sol de la crypte quand le soldat de Stromgarde arriva en bas des marches.
Deux silhouettes minces et furtives progressaient à la verticale, accrochées à la falaise qui supportait les ruines de Stromgarde la déchue. Gribs, le plus élevé des deux grimpeurs, manqua de chuter en se retournant vers son acolyte pour lui lancer ses repproches.
« Y'a un peu d'grimpe... tu parles ! Si tu m'avais dit qu'on allait s'taper l'escalade d'une falaise crois moi que je serais pas v'nu. »
« C'est pour ça que je ne t'ai rien dis crétin, allez choppe cette prise là à droite... mais non à droite ! C'est pas possible d'être aussi attardé... »
Se retournant une nouvelle fois, Gribs foudroya du regard l'être en dessous de lui, cet insolent qui trouvait le temps de l'insulter alors qu'ils étaient tout deux accrochés au dessus du vide. La mort les frapperait à coup sur à la moindre chute, une mort bien définitive cette fois.
« Allez bouge toi sac d'os ! »
Stuart, ce deuxième individu, n'était habituellement pas un voleur téméraire. Son dernier gros coup qui ne s'était pas vraiment passé comme prévu avait fait de lui ce qu'il était désormais : un être condamné à rester entre vie et trépas. Mais cette fois-ci le jeu en valait la chandelle ! C'est en tout cas ce qu'il s'était dit lorsqu'un étranger lui avait proposé une somme rondelette pour accomplir une mission d'un genre particulier. Le genre de mission qui n'était pas dans ses habitudes mais dont les détails lui importaient peu, un mort-vivant n'avait pas d'éthique et lui n'en avait jamais eu même vivant.
Gribs grimpait au dessus de lui, trouvant facilement des prises sur la paroi rocheuse. Mètre après mètre les deux réprouvés s'approchaient de leur but. Une lune blafarde, à moitié dissimulée par les nuages, répandait difficilement ses rayons sur la falaise et la mer en contrebas. L'absence de luminosité n'était pas gênante, au contraire ils avaient choisi ce soir précisément pour son temps couvert. Il s'en serait fallu de peu pour qu'une patrouille maritime ne les découvre crapahutant ainsi à la verticale de la forteresse et mieux valait pour eux que ça ne se produise pas.
« J'crois qu'on attaque la muraille... Ca va être coton pour les prises, leurs foutus pierres sont polies ! »
L'ouvreur n'arrêtait pas de râler depuis le début de l'ascension, Stuart avait l'habitude de ses sautes d'humeur et n'y prêtait pas d'attention. Il avait toute confiance en Gribs et c'était la seule chose qui comptait. Il se contenta de répondre :
« Ca m'étonne pas avec le temps pourri qu'il fait ici ! Doit pleuvoir au moins cinq jours sur sept dans c'bled. Tiens choppe la prise sur ta... »
« Ouai c'est bon ! J'm'occupe d'ouvrir la voie, contente toi d'suivre. »
Il leur avait fallu trois bonnes heures mais ils étaient finalement parvenu en haut de la muraille. Le chemin de ronde était vide comme prévu et des bribes d'une conversation filtraient d'une tour toute proche.
« Sérieusement Garad, tu l'aurais entendu gueuler partout. Qui à mis de la boue dans mes bottes ? Qui ?! Avec les autres on été fendu. »
« N'empêche je ne trouve pas ça très sympa... »
« Roooh allez fais pas ta bleusaille Garad, on est tous passés par là, c'est comme ça que ça marche pour les nouveaux ! »
« Mouais. »
Stuart et Gribs n'avaient pas prêté un seul instant attention à la discussion et les deux intrus étaient déjà descendus dans le cimetière un peu plus bas, le matériel avait atterri dans un buisson et ils mirent quelques instants à le retrouver dans l'obscurité. Leur objectif ne devait pas être bien loin.
« Si j'me goure pas la crypte doit être par là. »
On entendait à peine leurs voix. La discrétion était de mise et ils ne feraient certainement pas long feu si un garde trop zélé venait à patrouiller entre les tombes. Heureusement pour eux le Prince Galen était partie en mission en Outreterre depuis quelques semaines déjà et avait emmené un lourd détachement pour soutenir Danath dans la Péninsule des Flammes infernales. Il n'y avait déjà plus assez d'hommes à Stromgarde pour surveiller l'enceinte, veiller sur les morts eut été un luxe inconsidéré.
S'engouffrant dans une crypte suivis de près par un Gribs chargé d'un sac de toile plein de cordages, Stuart avait sorti une dague suintante et progressait prudemment dans les ombres.
« Va falloir faire gaffe, ils ont p'têtre foutu une sentinelle pour garder ceux là. »
Arrivé en bas de la première volée de marches il jeta un oeil au coin du mur. Personne.
Les deux morts-vivants entrèrent dans la salle en silence et Gribs se débarrassa de son fardeau au centre de la petite pièce poussiéreuse. Les alcôves étaient emplies de sarcophages de pierre et quelques tombes au couvercle surmonté d'un gisant étaient disposées aux alentours. Il ne leur fallu que quelques instants pour identifier celle qu'ils étaient venu chercher.
« Là ! Kraven Sombrecoeur... Il s'est pas foutu d'ta gueule ce vieux sorcier, Capitaine ! Doit bien y avoir quelque trésor à piocher là dedans. »
Gribs sautillait d'excitation devant le tombeau du Paladin.
« Ouais, mais on pourra rien emporter de plus qu'des bracelets ou des bagues. Passe moi le levier ! »
Le mort vivant s'empressa d'aller chercher la barre d'acier en question et aida Stuart à déplacer le lourd couvercle. S'ils s'étaient attendu à ce que le crissement de la pierre contre la pierre n'alerte quelqu'un, aucun son ne semblait pouvoir s'échapper de ce trou lugubre. C'était parfait.
Un relent fétide s'éleva dans les airs mais ni l'un ni l'autre n'y prêta d'intérêt, c'était finalement une odeur relativement coutumière. Un cadavre maintenant dépourvu de toute chair occupait le cercueil, le visage étant encore recouvert d'une fine peau flétrie et on devinait que les yeux étaient retournés à la poussière. Tous ces détails n'intéressèrent absolument pas les deux pilleurs de tombe dont la surprise était pourtant réelle.
« Ah si, il s'est foutu d'ta gueule... J'pensais pas qu'ils l'auraient casé là dedans avec son attirail. On va l'sortir comment ? »
Après quelques instants de réflexion Stuart eut une idée. Avec l'aide de son comparse il fit passer deux cordes, l'une sous le harnois et l'autre sous ce qui avait été les cuisses du Paladin. Placés de part et d'autre de la tombe ils tirèrent chacun de leur côté et lentement le cadavre s'éleva pour finalement sortir du caveau. Ls cervicales tinrent bon mais la tête s'inclina vers le sol sous l'effet de la gravité et le casque de Kraven fit un bruit effroyable en heurtant la dalle de la crypte. Plus aucun mouvement, silence... Personne ne vint.
« Bon et maintenant ? »
Fouillant l'une de ses poche, Stuart en sorti une bourse de cuir et déversa la poudre qu'elle contenait sur le sol. Il traça tant bien que mal un cercle d'un mètre et demi de diamètre pendant que Gribs remettait le couvercle de la tombe en place. Les restes de Kraven patientaient à deux pas de là, négligemment posés par terre.
Dans un sombre langage oublié le mort vivant récita la formule que l'étranger lui avait appris et la poudre s'embrasa de flammes violacées. La surface du cercle s'obscurcit rapidement et tourna au noir pur. Stuart tendit une main par dessus les flammes et lâcha la bourse vide qui disparu dans l'abîme.
« Aide moi, on va le balancer là dedans. »
Alors qu'ils soulevaient à deux le cadavre préalablement délesté de son armure replacée dans la tombe la lueur d'une torche indiqua l'arrivée imminente d'un trouble fête.
« Y'a quelqu'un ? »
« Tant pis, on lui fera pas mal il est d'jà mort ! »
Alliant le geste à la parole les mort-vivants jetèrent Kraven dans le gouffre impie. N'ayant manifestement d'autre choix, Stuart s'y jeta accrochant Gribs au passage. Les flammes se dissipèrent finalement et il ne restait qu'un fin cercle noirci sur le sol de la crypte quand le soldat de Stromgarde arriva en bas des marches.
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