[Bugli] - Chroniques Naines
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[Bugli] - Chroniques Naines
Qui va à la chasse...
[A suivre, peut-être un jour... En tout cas ce texte sera certainement mieux là que sur l'ancien forum !]
Le temps fuyait inéluctablement. Bugli l'enviait lui, le temps, coincé entre deux Roharts aux vapeurs aussi étouffantes que l'entrejambe d'une naine un soir de noce. Seul, il aurait déjà rebroussé chemin, oubliant ses élans héroïques dans les bras d'une jeune naïade à la croupe aussi légère que sa vertu. Pourtant, à l’intérieur de sa petite embarcation, engoncé sous ses vêtements et dans sa chair, il ne pouvait faire machine arrière. L’expédition était en marche, avec ou sans lui. Trois kayaks lourdement affrétés voguaient indolemment vers le nord ; le toit du monde.
Les étendues glacées défilaient devant ses yeux jusqu'à l'écœurement, dire que les nains n'ont pas le pied marin est un doux euphémisme. Il en aurait vomi son quatre-heure. Cette chasse, le vieux Paladin en rêvait pourtant depuis des mois mais à chaque coup de pagaie, tout un pan de sa vie sombrait. Bien plus que l'eau, le froid et l'odeur poisseuse des Roharts, il ne supportait pas d'être loin de tout ce qui lui était familier. Les sommets inconnus amplifiaient les plaintes rauques et cadencées des rameurs qui donnaient là leurs dernières impulsions. Déjà.
« Nous y sommes » lança le Rohart du kayak de tête. Inuk était l’un de ses Roharts vivant exclusivement pour la pêche ou devrait-on dire la chasse. Le nain l’avait déjà vu à l’œuvre : juché fièrement sur un rorqual, une lance à la main. L’homme morse distribuait les coups de harpons comme un nain enfile les bières ; vacillant mais ne trébuchant jamais, ses pieds ne quittaient jamais le mastodonte jusqu’à sa mise à mort. Comme guide, on ne pouvait rêver mieux.
Coque contre terre, la petite troupe pouvaient enfin décharger le barda utile à l'opération. Malgré leur bonhommie évidente, ils étaient dotés d'un sens pratique hors norme et d'un pragmatisme à toute épreuve laissant peu de place à la contemplation.
« Nous devons faire vite avant que la neige recouvre les traces » lança Inuk. Les pêcheurs se rendaient ici régulièrement abattre quelques pins afin de consolider leurs bicoques rondouillardes, tous savaient pertinemment qu’il ne fallait pas succomber à la beauté glaciale des lieux. Sans perdre de temps, les embarcations abandonnées étaient recouvertes de branchages, les sacs à dos prêts à partir.
Encore plus aventureux que les nains, les morses ouvrirent le chemin. La neige à mi-hauteur rendait l’ascension pénible d'autant plus que rien hormis la bise déchirante venait rompre le silence. Inuk le premier brisa la glace.
« Ce que tu es venu chercher, nous l’appelons Nanuyak.»
« Le Solitaire, dans notre langue » lui répondit sèchement un autre.
« Les Anciens de Pierre n’approuvent pas ce que nous faisons rétorqua aussitôt un troisième. Nanuyak est bien plus qu’une proie que l’on traque. Bien plus qu'un Mammouth. Il est porteur d’espoir et de force. Il est persévérance. »
Un mammouth, le mot était lâché, enveloppé à l'unisson d'une pudeur étrange quasi mystique. Bugli avait pris connaissance de ses anciennes légendes, ce fût d’ailleurs grâce à celles-ci qu’il le traquait. Toujours ces mêmes rengaines enjolivées de tables en tables, de villages en villages afin de se donner du courage devant l’adversité. Le périple de Nanuyak plus qu’héroïque paraissait clairement rocambolesque. Des aventures comme celles du gentil-mammouth-héroïque-et-brave, il pouvait en conter des soirs entiers sans jamais en manquer. Mais même les gamins n’y croyaient plus.
Le blizzard ralentissait leur avancée. A tour de rôle un Rohart fendait l’air gelé à la tête du cortège afin de reposer le reste de l’expédition. Inuk aux défenses aussi longue que son ambition marchait résolument loin devant. Il n’avait pas été dur à convaincre.
Soudain, la file indienne stoppa brusquement dans un bruissement flasque de bedaines et de bourrelets. De nombreuses traces recouvraient les vastes étendues immaculées. Le troupeau n'était pas loin. « Ils doivent être par là... » sourcilla Inuk qui, à peine sa sentence prononcée, distinguait déjà au loin les colosses.
La traque commença. L’un sur le flanc droit, l’autre sur le gauche. A l'arrière, deux Roharts, lances pointées vers le ciel, chargeaient le troupeau en gloussant. Les mammouths pris en tenaille détalaient toutes ivoires dehors. Rien ne leur résistait. Fauchant les arbres et bousculant les rocs, la harde déterminée faisait corps derrière le mâle dominant.
Le matériel inutile laissé de coté, Inuk et Bugli escaladaient les hauteurs transportant avec eux les filets et les harpons nécessaires à la capture. Rien n’était laissé au hasard. Le plan se referma rapidement ; le groupe fût d’abord divisé en deux, puis en quatre. Les géants se retrouvèrent vite désorientés. Le meneur malgré ses efforts ne parvint pas à réorganiser ses troupes. Ils avaient perdu le combat sans même se battre, ils étaient vulnérables. Tous désertaient la vallée de manière chaotique. Sacré gâchis !
Quand, d’un barrissement puissant, le chef résigné s'arrêta net. Le pachyderme, solidement amarré dans la neige ne bougeait plus. Ses yeux cherchaient les leurs. Ses longs poils bruns, ses défenses démesurées, son courage indécent ne faisaient aucun doute. Nanuyak.
Bugli n’en cru pas ses yeux. Ces joyeux illuminés ne l'étaient peut-être pas tant que ça. Plus étonnant encore, les quatre rabatteurs se mirent à genoux, lances à terre, hypnotisés par la grandeur de l'animal.
« Attirez-le vers nous ! » Hurla Inuk dont les moustaches frisottaient d'impatience.
Bugli, transit, n’eût à peine le temps de réagir, que le baleinier quitta son promontoire d’un bond, empoignant fermement sa lance.
Une joute silencieuse se joua en contrebas, son trophée ne lui appartenait plus. Lance contre défenses, les adversaires se jaugeaient sous le regard des spectateurs immobiles. Il n'y avait pas plus de duel entre lui et Nanuyak qu'il y en a avec les moucherons, et c'est donc d'un revers que la vie de l'arrogant fut balayée.
Les Roharts dans leur verve fleur-bleue n'avaient pas prévu ça : porteur d'espoir et de force, tu parles ! Un garçon-boucher adepte de la tripailles, oui ! Pensa Bugli en grelottant. Les Roharts restants fuyaient les lieux jurant comme la gueuze dont on vient de saloper le parquet fraichement ciré. Quatre gros phoques duveteux, voilà ce qu'ils étaient devenu.
Un vif coup d'œil à droite puis à gauche afin de s'assurer de sa cachette, puis le silence. Le paladin remonta son col et s'emmitoufla autant qu'il le pouvait dans ses vêtements de peaux et de fourrures. Avec de la chance il ne s'était pas fait voir et d'ici quelques heures tout au plus il pourra se mettre sur le chemin du retour, bredouille mais en vie.
Un barrissement. Des cris. Puis la longue plainte des cors. C'est un vacarme impressionnant qui s'étendait dans toute la vallée, réveillant par la même occasion Bugli qui commençait tout juste à s'assoupir. A priori, il n'était plus le seul sur le coup.
Les étendues glacées défilaient devant ses yeux jusqu'à l'écœurement, dire que les nains n'ont pas le pied marin est un doux euphémisme. Il en aurait vomi son quatre-heure. Cette chasse, le vieux Paladin en rêvait pourtant depuis des mois mais à chaque coup de pagaie, tout un pan de sa vie sombrait. Bien plus que l'eau, le froid et l'odeur poisseuse des Roharts, il ne supportait pas d'être loin de tout ce qui lui était familier. Les sommets inconnus amplifiaient les plaintes rauques et cadencées des rameurs qui donnaient là leurs dernières impulsions. Déjà.
« Nous y sommes » lança le Rohart du kayak de tête. Inuk était l’un de ses Roharts vivant exclusivement pour la pêche ou devrait-on dire la chasse. Le nain l’avait déjà vu à l’œuvre : juché fièrement sur un rorqual, une lance à la main. L’homme morse distribuait les coups de harpons comme un nain enfile les bières ; vacillant mais ne trébuchant jamais, ses pieds ne quittaient jamais le mastodonte jusqu’à sa mise à mort. Comme guide, on ne pouvait rêver mieux.
Coque contre terre, la petite troupe pouvaient enfin décharger le barda utile à l'opération. Malgré leur bonhommie évidente, ils étaient dotés d'un sens pratique hors norme et d'un pragmatisme à toute épreuve laissant peu de place à la contemplation.
« Nous devons faire vite avant que la neige recouvre les traces » lança Inuk. Les pêcheurs se rendaient ici régulièrement abattre quelques pins afin de consolider leurs bicoques rondouillardes, tous savaient pertinemment qu’il ne fallait pas succomber à la beauté glaciale des lieux. Sans perdre de temps, les embarcations abandonnées étaient recouvertes de branchages, les sacs à dos prêts à partir.
Encore plus aventureux que les nains, les morses ouvrirent le chemin. La neige à mi-hauteur rendait l’ascension pénible d'autant plus que rien hormis la bise déchirante venait rompre le silence. Inuk le premier brisa la glace.
« Ce que tu es venu chercher, nous l’appelons Nanuyak.»
« Le Solitaire, dans notre langue » lui répondit sèchement un autre.
« Les Anciens de Pierre n’approuvent pas ce que nous faisons rétorqua aussitôt un troisième. Nanuyak est bien plus qu’une proie que l’on traque. Bien plus qu'un Mammouth. Il est porteur d’espoir et de force. Il est persévérance. »
Un mammouth, le mot était lâché, enveloppé à l'unisson d'une pudeur étrange quasi mystique. Bugli avait pris connaissance de ses anciennes légendes, ce fût d’ailleurs grâce à celles-ci qu’il le traquait. Toujours ces mêmes rengaines enjolivées de tables en tables, de villages en villages afin de se donner du courage devant l’adversité. Le périple de Nanuyak plus qu’héroïque paraissait clairement rocambolesque. Des aventures comme celles du gentil-mammouth-héroïque-et-brave, il pouvait en conter des soirs entiers sans jamais en manquer. Mais même les gamins n’y croyaient plus.
Le blizzard ralentissait leur avancée. A tour de rôle un Rohart fendait l’air gelé à la tête du cortège afin de reposer le reste de l’expédition. Inuk aux défenses aussi longue que son ambition marchait résolument loin devant. Il n’avait pas été dur à convaincre.
Soudain, la file indienne stoppa brusquement dans un bruissement flasque de bedaines et de bourrelets. De nombreuses traces recouvraient les vastes étendues immaculées. Le troupeau n'était pas loin. « Ils doivent être par là... » sourcilla Inuk qui, à peine sa sentence prononcée, distinguait déjà au loin les colosses.
La traque commença. L’un sur le flanc droit, l’autre sur le gauche. A l'arrière, deux Roharts, lances pointées vers le ciel, chargeaient le troupeau en gloussant. Les mammouths pris en tenaille détalaient toutes ivoires dehors. Rien ne leur résistait. Fauchant les arbres et bousculant les rocs, la harde déterminée faisait corps derrière le mâle dominant.
Le matériel inutile laissé de coté, Inuk et Bugli escaladaient les hauteurs transportant avec eux les filets et les harpons nécessaires à la capture. Rien n’était laissé au hasard. Le plan se referma rapidement ; le groupe fût d’abord divisé en deux, puis en quatre. Les géants se retrouvèrent vite désorientés. Le meneur malgré ses efforts ne parvint pas à réorganiser ses troupes. Ils avaient perdu le combat sans même se battre, ils étaient vulnérables. Tous désertaient la vallée de manière chaotique. Sacré gâchis !
Quand, d’un barrissement puissant, le chef résigné s'arrêta net. Le pachyderme, solidement amarré dans la neige ne bougeait plus. Ses yeux cherchaient les leurs. Ses longs poils bruns, ses défenses démesurées, son courage indécent ne faisaient aucun doute. Nanuyak.
Bugli n’en cru pas ses yeux. Ces joyeux illuminés ne l'étaient peut-être pas tant que ça. Plus étonnant encore, les quatre rabatteurs se mirent à genoux, lances à terre, hypnotisés par la grandeur de l'animal.
« Attirez-le vers nous ! » Hurla Inuk dont les moustaches frisottaient d'impatience.
Bugli, transit, n’eût à peine le temps de réagir, que le baleinier quitta son promontoire d’un bond, empoignant fermement sa lance.
Une joute silencieuse se joua en contrebas, son trophée ne lui appartenait plus. Lance contre défenses, les adversaires se jaugeaient sous le regard des spectateurs immobiles. Il n'y avait pas plus de duel entre lui et Nanuyak qu'il y en a avec les moucherons, et c'est donc d'un revers que la vie de l'arrogant fut balayée.
Les Roharts dans leur verve fleur-bleue n'avaient pas prévu ça : porteur d'espoir et de force, tu parles ! Un garçon-boucher adepte de la tripailles, oui ! Pensa Bugli en grelottant. Les Roharts restants fuyaient les lieux jurant comme la gueuze dont on vient de saloper le parquet fraichement ciré. Quatre gros phoques duveteux, voilà ce qu'ils étaient devenu.
Un vif coup d'œil à droite puis à gauche afin de s'assurer de sa cachette, puis le silence. Le paladin remonta son col et s'emmitoufla autant qu'il le pouvait dans ses vêtements de peaux et de fourrures. Avec de la chance il ne s'était pas fait voir et d'ici quelques heures tout au plus il pourra se mettre sur le chemin du retour, bredouille mais en vie.
Un barrissement. Des cris. Puis la longue plainte des cors. C'est un vacarme impressionnant qui s'étendait dans toute la vallée, réveillant par la même occasion Bugli qui commençait tout juste à s'assoupir. A priori, il n'était plus le seul sur le coup.
[A suivre, peut-être un jour... En tout cas ce texte sera certainement mieux là que sur l'ancien forum !]
Bugli- Allié(e)
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Date d'inscription : 23/07/2009
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