Le Talion
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Nîix Esculape

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Message  Nîix Jeu 21 Oct - 14:58

L’air était chaud en cette fin d’été, ce qui ne faisait qu’accentuer l’odeur immonde de pourriture qui stagnait dans cette région. La patrouille progressait néanmoins fièrement, les armures rouges brillant de mille feux, signe d’entretien récent. J’étais parmi eux, j’étais fier, ayant fait mes preuves au cours des derniers mois, j’avais enfin pu atteindre mon objectif, mes compétences durement acquises enfin reconnues, je venais d’être affectée à la Légion Cramoisie.
Cette patrouille servait également à l’escorte des autres reçus, le quartier général de la Légion se trouvant à Stratholme, cité pervertie et dangereuse. Le chemin se déroulait étrangement bien, quelques altercations avec des morts-vivants isolés, rien de bien dangereux pour nous.
Mon regard se porta sur mon entourage, nous étions huit, quatre vétérans, quatre recrues, bien que le mot soit incorrecte, me battant déjà depuis deux ans contre le Fléau. Nous étions à pied, les montures se faisant rare, et le bruit qu’elles faisaient engendrait trop de risque dans les rues de la cité. Bien qu’aucun de nous n’ait la moindre trace de peur, nous savions qu’une mort rapide et sans appel nous attendait si nous ne faisions pas preuve de prudence. Notre foi et notre courage sont à toute épreuve, mais nous ne sommes pas dénués de bon sens. Enfin, peut-être pas tous, Magnus venait de se faire encore réprimander par notre chef de patrouille, mettant trop d’enthousiasme et de voix à proclamer combien rejoindre la Légion Cramoisie était un honneur, mais qu’il le méritait pleinement. Se voir corriger par un membre certes supérieur hiérarchiquement mais membre des forces traditionnelles provoquait chez Magnus une vive irritation. Son silence se transformant alors en des grommèlements étouffés.
Magnus avait changé depuis son affectation, avant c’était un camarade courageux, qui semblait capable de se faire des amis avec tout le monde. Cette promotion avait décuplé un égo que l’on attribuait autrefois à une fierté de bon aloi, et il était devenu exécrable et infecte, tellement imbu de sa propre personne. Il me tardait d’obtenir mon affectation, en priant la Lumière pour ne pas être avec lui.
Nous progressions maintenant dans les rues de Stratholme, courant d’un couvert à un autre, essayant de se faire le plus discret possible, nous transportions des ressources, du ravitaillement pour la cathédrale et nos capacités de mouvements étaient amoindries par le poids de tout cela, le combat n’était à envisager qu’en dernier recours, nous aurions suffisamment d’opportunité par la suite de nous battre.
Cela ne semblait pas convenir à Magnus…
Au détour d’une rue, nous attendions le passage de quelques goules afin de continuer notre progression, profitant de ces petites pauses pour récupérer notre souffle. Magnus s’emporta après une énième remontrance.

- Vous faites honte à la Croisade écarlate en restant caché face à notre ennemi mortel, où chaque bâtisse détruite autour de moi dans ce qui fut notre glorieuse cité. Je vais vous montrer moi ce que la Légion Cramoisie est capable.

Et avant qu’aucun de nous ne puisse esquisser le moindre geste, il se rua sur les goules.

- Bon sang, Magnus, quand les gnomes mettront les cons en orbite, tu n’as pas fini de tourner ! m’écriais-je
- Nous n’avons plus le choix, il faut lui venir en aide.

Suite à la tirade notre chef de patrouille, nous avons déposé nos sacs de ravitaillement, puis avons rejoint Magnus.
La bataille était serrée, les goules compensaient leurs désorganisations par une agressivité surprenante et le surnombre. Pour chaque goule tuée, une autre, attirée par l’odeur du sang ou peut-être de la vie, qu’en savais-je, faisait son apparition.
Nous avions perdu deux hommes, et pensions arriver enfin au bout quand un golem de chair fit son apparition au coin de la rue. Dans un relent guttural et sonore, il fonça droit sur Magnus, dont le visage s’emplie d’une grande terreur, avant d’être projeté d’un revers de masse sur le mur de la maison la plus proche, un énorme bruit de craquement d’os ne laissant qu’une conclusion possible à son état de santé. Le temps jouait contre nous, plus longtemps nous resterions ici, plus de morts-vivants seraient attirés et au final, notre mort serait inéluctable. Il fallait vaincre ce golem, puis se replier dans l’ombre, le temps que la situation se calme. Nous étions tous les cinq survivants blessés à différents stades, pour ma part je m’en sortais avec quelques égratignures un peu partout, mais une vilaine plaie le long de mon flanc droit ne me disait rien qui vaille.
Le golem était assailli de toute part, sans relâche, nous maintenions nos attaques, enchainant coup de taille et d’estoc, enchainant les sorts que la Lumière me permettait pour mettre à bas notre ennemi. Un compagnon tranchait dans le ventre du golem lorsqu’une gelée verte s’en échappa, je n’oublierai jamais son cri déchirant lorsqu’il fut consumé lentement, brûlé par l’acide qui mit fin à ses jours bien trop lentement.
Une forme bleue passa dans un souffle de vent à côté de moi, le temps pour mes yeux de se focaliser sur cette forme, le golem fut amputé du bras tenant sa masse dangereuse. Je pus me rendre compte alors de ce qu’il se passait, un guerrier venait de se joindre au combat, il arborait la peau bleue des Draeneïs, un tabard représentant une épée blanche sur champ écarlate. Et par la lumière, il savait manier sa monstrueuse hallebarde, la maniant avec dextérité et une surprenante vitesse, que sa taille démesurée ne laissait pas envisagée.

Rapidement, le golem de chair fut démembré, seule façon de mettre un terme définitif à ses agissements, mais cela nous avait pris trop de temps. M’attendant à devoir me battre jusqu’à la mort face aux morts-vivants, je fus surprise de n’en voir aucun, rien que des cadavres, mon sourire s’élargit lorsque je vis d’autres membres de la Légion Cramoisie, s’approchant de nous après avoir protégé nos arrières.
Nous reprenions tous notre souffle, nous étions 4 survivants, le Draeneï compris. L’accueil réconfortant que j’attendais de la part de mes congénères fut différent, ils menacèrent le Draeneï, lui ordonnant de rendre les armes.

- Arrêtez, il est venu à notre aide, il nous a sauvé ! hurlai-je
- Nous n’en savons rien, sa présence est à ce moment précis est un peu trop facile, quelle coïncidence ! Il s’agit sans doute d’un espion du Fléau pour nous infiltrer.

J’étais au courant de ces pratiques, plusieurs fois nous avions du subir ces espions, nous infiltrant, faisant le maximum de dommage avant qu’enfin nous puissions les faire taire. Mais l’enseignement que l’on m’avait prodigué me permettait de ressentir les pions du Fléau, certes, je n’aurais pas la prétention de croire que mon pouvoir était si grand que je pouvais déjouer les plans du Fléau, mais tout de même, je ressentais la vie palpiter dans le cœur de ce Draeneï.
Confiante malgré tout en mon ordre, je me disais que la lumière serait faite rapidement sur son statut, et qu’il serait alors récompensé comme il le méritait.
Il fut enchainé et nous reprenions alors le chemin vers la cathédrale.

Rien ne se passa comme prévu.
Je fus interrogée par les inquisiteurs de la Légion Cramoisie, assez durement. Mais mes souffrances étaient de loin inférieures à celles que l’on infligea au Draeneï, ses cris durant les soirées, amplifiés par l’architecture du bâtiment, hanteront mes rêves pour les années à venir. Plusieurs fois je fis la demande d’audience auprès du grand croisé Dathoran, dirigeant de la Légion Cramoisie. Jamais on ne me l’accorda, pire que tout, mes camarades, mes frères et mes sœurs de la croisade me regardaient avec méfiance dans le meilleur des cas, j’étais mis à l’écart, me donnant des taches indignes de mon rang durement acquis.
Au bout d’une semaine, une entrevue me fut accordée enfin. L’honneur de rencontrer enfin un tel homme dissipa mes regrets, et me donna enfin l’espoir de pouvoir sauver le guerrier bleu.
Lorsque j’entrais dans la salle, un sentiment de malaise me prit au cœur, une nausée monta en moi comme jamais. Le grand croisé Dathoran m’écouta parler, mais j’étais perdue dans mes pensées et je ne saurai répéter ce que je lui ai dit. A la fin, il déclara que le Draeneï était corrompu, et qu’il allait être exécuté à l’aube. Le sourire qu’il exprima à cet instant et le reflet étrange que je suis sûr d’avoir aperçu dans son regard confirma le choix qui avait peu à peu germé dans mon esprit.
Durant la nuit, mes comparses étaient en train de fêter leurs victoires actuelles, festoyant, et récitant sans relâche leur serment de combattre le Fléau. J’en profitais pour me rendre à la cellule du Draeneï. Naturellement un garde étant présent à l’entrée des cellules. Nous avons discuté un moment, puis je l’égorgeais, son regard rempli d’incompréhension me signifiait que mon destin était scellé, je ne pouvais plus faire marche arrière.
Je prenais les clés et trouvais rapidement celle du Draeneï. Il est attaché par des chaines au plafond, ces bras tendus et son corps pendant dans une position fort peu confortable, ne lui laissant même pas le maigre réconfort du repos, sur un sol dur et humide, imbibé de son propre sang. Il leva un visage contusionné vers moi, je m’approchais et le détachais sans délicatesse, son corps s’étalant de tout son long sur le sol. Je priais alors la lumière de lui apporter un peu de réconfort. Suffisamment pour qu’il puisse se déplacer, avec mon aide.
La chance fut avec nous cette nuit, il ne pouvait en être autrement, nous avons fui la cathédrale, puis dans Stratholme, nous avons eu la joie de croiser des membres portant le même tabard que le sien, sans doute à sa recherche depuis sa disparition. Croire possible à sa survie une semaine passée dans Stratholme, la confiance et la fraternité qui régnaient dans cette compagnie me subjugua. Très tôt dans la croisade, on nous enseignait de ne pas espérer voir revenir des compagnons disparus. Trop peu de chance de survie, trop de risque qu’il s’agisse désormais d’un pion du Fléau. Mais pas chez eux. Ils savaient que le Draeneï était vivant, et n’avaient pas abandonnés leur recherche.
Nous avons quitté les Maleterres, et rejoint Austrivage. De là ils prirent soin du Draeneï, en tout cas suffisamment pour qu’il puisse survivre à un voyage jusqu’aux Carmines, terres qui abritent leur demeure, leur quartier général. Avant de se séparer, le Draeneï me tendit la main

- Stéliôs.
- Nîix.


Plusieurs mois ont passé. Je m’approche sous la pluie battante, une maigre cape protégeant mes cheveux et le parchemin que je tiens fermement dans la main. J’entends les discussions à l’intérieur de la bâtisse, les éclats de rire, je ressens la chaleur du bon feu. Je reste sur le parvis de la porte, incapable d’aller plus loin. Je ne suis pas prête pas encore du moins à soutenir leurs regards, ce que la croisade écarlate lui a fait, ils ne peuvent l’avoir oublié. Je prends mon courage à deux mains pour ne serait-ce que déposer ma lettre au bas de la porte, emmitouflée dans un bout de peau tannée pour la protéger de l’eau. Je repars, une fois sur ma monture, je m’arrête quelque instant, observant la lumière filtrant à travers les fenêtres du premier étage.

- J’espère…

A l’intention des dirigeants du Talion.
Vous vous souvenez peut-être de moi, mais si c’est le cas sans doute pas en bons souvenirs. Je me nomme Nîix Esculape, autrefois membre de la croisade écarlate, je dois ma vie à l’un des vôtres. Pourchassée par les miens pour un acte dont jamais je ne regretterai, je combats chaque jour la menace du Fléau. Le temps est venu pour moi de faire face à mes responsabilités, et bien que je n’ai moi-même pas infligé de souffrance au guerrier Stéliôs, je n’ai rien fait pour les en empêcher. Je viens donc vous proposer ce jour mes services, pour payer ma dette au Talion. Que ce soit pour être jugée et punie, ou pour vous servir, je serai présente à l’endroit dont vous jugerez opportun pour vous rencontrer.

Puisse la Lumière vous réchauffez en ces jours sombres

Nîix
Recrue

Messages : 2
Date d'inscription : 21/10/2010

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Message  Nathanaël Tombetoile Jeu 21 Oct - 18:45

Allumant son épais cigare, Nathanaël s’assit dans la salle des officiers, une pile de parchemins et de lettres posée à côté de lui, face au feu crépitant dans l’âtre. Le gnome reposa une tasse brûlante de café de Mulgore et saisit de la même main la première missive, celle que Breanna, l’intendante du mess, lui avait tendue la vieille.

Stélios… C’est vrai qu’ils l’avaient retrouvé en piteux état ce jour-là. Mais, le guerrier était solide, taillé dans la roche de la race draeneï. Nathanaël avait confiance en la bonne voie de son rétablissement.
Mais qui était cette humaine aux yeux sombres.. ? Elle avait aidé le mercenaire, rompant ses vœux pour suivre son cœur, s’aliénant des aliénés. Cependant, elle avait été des leurs, et donc servante de la Lumière…

- Morgué ! Pourquoi l’choses sont t’jours ‘ssi c’pliquées ?

D’évidence, il allait devoir en discuter et un entretien s’imposait également.
Le capitaine par intérim se laissa glisser sur ses pieds, mâchouillant machinalement son cigare. Il saisit tasse et parchemin avant de se diriger vers les quartiers du lieutenant en charge de la diplomatie.


[Candidature prise en compte et soumise au Roleplay Wink]
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Message  Pri Duoren Jeu 4 Nov - 10:18

Dubitative, la plume en suspens dans l'air, le Lieutenant semblait plongé dans une intense réflexion. Le conseil répondait favorablement à la requête de l'ancienne écarlate. Après tout, la dame affirmait avoir secouru Stélios Akillys, abandonné son ancienne vie, et faire preuve d'un sincère repentir. L'idée d'une infiltration au sein du Talion avait été balayée rapidement.
Lui répondre pour proposer une entrevue, en réprimant une haine viscérale. La plume s'abattit dans l'encrier manquant de le faire basculer, puis sur le vélin où elle courut rageusement jusqu'à achever sa tâche. Le résultat ne manquait d'élégance, celle de la calligraphie déliée et plutôt petite, mais la feuille semblait martyrisée et presque trouée pour un oeil attentif.

Comté du Lac, le quatrième jour du onzième grand cycle de l'an 30,

Dame,

Nous accusons bonne réception de votre missive. Nous nous excusons du délais de réponse, le conseil n'ayant pu examiner plus tôt votre requête.

Nous vous invitons à un entretien en notre mess, Comté-du-Lac, Carmines, afin de discuter plus avant de vos motivations et de faire plus ample connaissance. Il n'est évidemment pas question de vous faire subir un quelconque châtiment, qui n'est ni de notre ressort ni de notre volonté.

Indiquez nous la date et l'heure de votre choix par retour de courrier, ou présentez vous au mess, l'intendante Brianna prendra votre message.

Qu'Elune vous guide,

Pour le Talion,
Lieutenant Pri Nearemion.
Pri Duoren
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