Le Talion
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Message  Circé Arlann Ven 31 Juil - 16:23

Dans sa vaste chambre, Circé était allongée, les yeux grand ouverts.
Malgré les volets clos et les hauts arbres de la forêt d'Elwynn qui poussaient devant la fenêtre, quelques timides rayons de lune étaient parvenus à se glisser jusque là, déposant des tâches de lumière opaline sur le sol et les meubles de la pièce.
Tendue et aux aguets, la jeune femme laissait son regard errer de l'une à l'autre, comme si elle s'attendait à chaque instant à y surprendre quelque chose.
Tout était calme pourtant. Pas un son ne venait briser le silence qui régnait dans la maison. Et pour cause... la mage n'avait elle pas fait le nécessaire pour qu'aucun son ne filtre par ces murs ?
Pour l'heure, loin de lui sembler une protection, le silence accroissait encore son angoisse et son malaise.

Dans un mouvement rageur, elle rejeta au bas du lit le drap de lin dont le poids, pourtant léger, lui était insupportable et s'allongea sur le côté, enserrant de ses bras son oreiller.
Elle s'obligea à fermer les yeux pour la millième fois. Et comme les autres fois, le visage d'Arek se présenta aussitôt à son esprit. Ce beau visage... avec ses yeux rieurs et son sourire souvent goguenard.
Elle sentit les larmes perler à ses paupières alors que sa gorge se nouait. Cette fois, elle ne rouvrirait pas les paupières. Elle ne le chasserait pas. Retenant un sanglot, elle enfouit son visage dans l'épais coussin.

Comme il lui manquait... Son ami, presque son frère. Son ennemi. Les questions déferlaient dans son esprit, reflet de toutes ses incertitudes.
Avait-il su lire en elle l'autre soir ? Savait-il que la plus terrible des armes dont il disposait contre elle était son sourire ? S'était-il rendu compte à quel point cela lui faisait mal ? Avait-il vu la tristesse masquée par la colère ? La crainte exagérée masquant... la joie lorsqu'elle l'avait vu ?
Tout cela était stupide, ridicule. Elle secoua la tête, le visage toujours enfouit dans l'oreiller. Elle s'en voulait de ses sentiments si peu à propos.
Arek ne lui voulait pas de bien...Il ne lui avait jamais voulu de bien... Mensonges, traitrise et manipulation. Il n'y avait jamais eu que cela. Elle se le répétait inlassablement, essayant de s'en convaincre car, à aucun prix il ne fallait pas qu'elle se laisse attendrir, qu'elle le voit comme celui qu'elle avait cru connaitre...

Flux et reflux de pensées. Amère marée mue par l'astre nocturne. Son esprit s'égara dans le champs des possibles. De ce qui aurait pu être si...S'il lui avait dit la vérité...
Tout alors aurait été différent. Oui. Tout. Elle frissonna. La vérité... Le comble de la manipulation avec elle, en un sens. Mais un cynwid, aussi subtil soit-il, pouvait-il reconnaitre à la vérité ce pouvoir là ?
Un sourire ironique effleura ses lèvres alors que les larmes, toujours, continuaient de couler.

La vérité...Elle n'effleurait leur esprit que pour donner plus de corps à leurs mensonges. Arek, en tant qu'hybride, ne devait pas la voir autrement.
Sa part humaine n'avait-elle pas été suffisante pour lui faire comprendre cela ? Pourtant, il la connaissait si bien...
A y réfléchir, ce n'était pas la dernière erreur qu'il avait faite la concernant... Comme les menaces qu'il avait proféré l'autre soir... Pouvait il ignorer qu'il n'y avait pas meilleur moyen de la braquer ? Non...

La jeune femme, intriguée par ses constatations, tenta de comprendre... Arek avait agi tout du long pour en arriver à cette guerre déclarée. Comme s'il voulait qu'elle attaque l'île, tout en semblant vouloir le contraire.
Lui tendait-il un piège ? Ou au contraire.. Voulait-il qu'on le débarrasse de la Matrice en faisant mine de vouloir la protéger ? Tromper la Matrice elle-même ? Cet objet inorganique doué de conscience... L'origine des cynwid...Un objet qui devrait réfléchir sans affect et pourtant... Un objet qui criait vengeance pour ses enfants, motivée par la douleur qu'elle ressentait. C'était tellement étrange...

C'était injuste. Elle n'avait pas voulu de cette guerre.Ne lui avait-on pas enlevé Rougecroc ? Demandé de l'oublier ? Comment aurait-elle pu alors qu'il occupait chacune de ses pensées ?
Une nuit.. Une seule nuit dans ses bras était parvenue à totalement changé sa perception, a bouleversé profondément son être, à mettre à bas tous ses doutes et toutes ses craintes.
Le temps passait inéluctablement... et les sensations merveilleuses, son sentiment de plénitude s'estompaient.
Les doutes étaient revenus : La peur de ce qu'il était devenu... mêlée à la douleur de l'avoir perdu aussi certainement que si il était mort... et pour finir, la certitude de sa disparition suite à la destruction prochaine de la Matrice.
Elle avait beau essayé de se donner l'illusion qu'une solution était envisageable, lire son manuel de transmutation, elle se sentait impuissante.
Lentement, son âme érigeait des remparts, s'insensibilisait comme pour se protéger du coup qu'on ne manquerait pas de lui porter...mais le coup était venu d'un autre côté. Inattendu.

Le visage de Pri lui apparut. Son amie aux magnifiques cheveux roux qui la regardait comme indignée de la voir à ses côtés.

"Qui êtes vous ? Je ne vous connais pas...Je ne vous ai jamais vu. "

La jeune femme se recroquevilla sur elle même et les sanglots, calmés quelques instants reprirent de plus belle. Comme un regard et de simples mots pouvaient faire mal...
Au fond d'elle même, sa fierté se rebella. Pourquoi donc s'infligeait elle ça ? Pourquoi se torturait-elle ainsi ? Malgré la volonté de la Matrice, Pri avait retrouvé ses souvenirs la concernant. Elle n'avait pas perdu son amie. Elle devrait être au comble de la joie plutôt que de se lamenter. Faire face avec détermination plutôt que de se laisser submerger par le désespoir.
Elle fut tentée d'avoir recours au sortilège d'ombre pour calmer sa douleur, éliminer la source des sanglots qui l'agitaient au point de rendre sa respiration difficile. Elle étouffait.
Dans un mouvement brusque, elle se redressa, s'asseyant sur son lit, cherchant son souffle. C'était un geste de refus, de dénégation. Un geste où toute sa fierté, indignée, transpirait. Non. Elle ne voulait pas être cette chose gémissante et pathétique qui se roulait de douleur dans son lit. D'un geste rageur, elle essuya ses larmes et son regard, dans l'obscurité qui régnait, se fit déterminé.

Comment Asnathgriffe pouvait-il se retenir de lui témoigner son mépris en cet instant ? A moins qu'il ne se gorge de toute sa souffrance, trop heureux de pouvoir profiter de pareil festin...
Elle espéra que la méditation auquel il se livrait la nuit l'isolait si bien qu'il était à peine conscient du bouleversement de son âme mais cet espoir, elle le savait, était bien mince.
Etrangement, penser à son acheva de la calmer. Assise en tailleur dans son lit, elle respira plusieurs fois profondément avant de clore les paupières.

La méditation... Plus que du sommeil, c'est de la méditation qu'elle avait besoin en cet instant.
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Message  Circé Arlann Jeu 27 Aoû - 17:32

La vive douleur qu'abritait son crâne ne semblait pas devoir connaitre de terme. Son propre sang continuait de lui bourdonner aux oreilles, pulsé à une pression trop importante. Elle n'arrivait à rien, ses pensées distraites par ses préoccupations, ses émotions trop intenses et ses sensations. Par la Lumière, il fallait qu'elle se détende sans quoi sa tête finirait sans nul doute par exploser.

Quittant la table à laquelle elle était assise, laissant en l'état le chaos administratif qui y régnait, Circé se dirigea vers l'escalier qu'elle gravit à pas lents pour ne pas accroitre encore les élancements douloureux de sa tête.

Le trajet jusqu'à son lit lui sembla interminable. Elle s'y laissa tomber plus qu'elle ne s'y assit et attrapa la flasque trônant sur la table de nuit avec la grâce et la vivacité d'un kodo se trainant au cimetière des ossements.
Elle allait y boire, à même la flasque, lorsqu'elle suspendit son geste, reposant la bouteille à sa place dans un geste rageur. L'oubli et le calme artificiel, elle n'y avait plus droit.

La jeune femme se laissa tomber en arrière, sur le lit, le regard braqué sur le dais couleur azur. Sa vue se brouilla légèrement. Lentement, elle se mit à inspirer et expirer, tâchant de vider son esprit. Elle ne pouvait utiliser les potions du fait d'Asnathgriffe et se refusait à avoir recours à l'Ombre pour des choses si triviales.

La rationalisation l'aidait parfois à prendre de la distance, à tenir éloigner d'elle les affects. Elle ferma alors les yeux, organisant mentalement ses pensées.

1) Asnathgriffe.
Les pactes sont bien une réalité. Il est tenu de le respecter et je peux donc lui faire totalement confiance pour le moment. Lorsque j'aurai détruit la Matrice pourtant, il sera libre de faire ce que bon lui semble, y compris se retourner contre moi. S'il veut se venger de Rougecroc, il me possèdera avant que j'ai le temps de faire quoi que ce soit pour le sauver... Il s'est en gaver de ma Tourmente que je ne peux en douter...Il en a les pouvoir. Il me maintiendra ainsi jusqu'à ce que lui-même meurt des conséquences de la destruction de la Matrice...Quand je serais à nouveau apte à agir, il sera trop tard. Il ne me rendra sans doute pas folle pour je goûte mieux le désespoir... Il faut donc que je trouve le moyen de sauver Rougecroc et en charger quelqu'un d'autre...
Cependant, dans ce cas là, Asnathgriffe pourrait vouloir se venger en me faisant perdre l'esprit...ou me faisant faire des choses abominables avant de me laisser me désespérer...Il n'y aura alors que Rougecroc qui aura les connaissances nécessaires pour empêcher cela...Dans l'hypothèse où il sera toujours lui-même...
Je dois prévenir les autres de ce qui risque d'arriver...Qu'il se méfient de moi.

2) Le clan vestal
Melëth a joué avec le feu et s'est brûlée mais cela ne veut pas dire que Zuidacra ne reviendra pas à la charge. Elle doit toujours rétablir la 5ème barrière. Si nous ne voulons pas être pris de vitesse par eux, il va falloir les aider à trouver une solution...Du moins si nous voulons pouvoir les compter à nouveau parmi nos alliés.

3) Le Talion
La réaction de Pri nous a mis dans une posture difficile vis à vis de la garde. Si cette histoire remonte au conseil royal, cela pourrait remettre en question le contrat que nous négocions. Hurlevent n'a pas besoin de dissensions au sein même de ceux chargés d'en maintenir la sécurité. Nous ne pouvons plus attendre. Les nouveaux statuts doivent être enregistrés par le greffier au plus vite pour que l'affaire puisse enfin être conclue. Pourquoi Nalia est elle absente ? Elle aurait pu rendre tout cela tellement plus facile...Heureusement que d'autres membres du conseil nous ont témoigné leur soutien...D'ailleurs, certains m'étonnent... Des alliés de Nalia peut être ?
Quant à Pri, je n'aurais pas dû lui permettre de partir maintenant...Cela va encore retarder les choses...C'est elle qui est chargée des statuts et à moins de les réécrire totalement moi même... mais elle avait tant besoin de partir...Toutes les émotions qui doivent la déchirer en ce moment...
Non. Je ne renierai pas le rôle et la place que je lui ai donné en me chargeant de ce que je lui ai moi-même demandé d'exécuter. Les statuts attendront son retour mais...Il faut que je gagne du temps... Il va falloir calmer le jeu avec la garde.
Je devrais peut être aller voir ce capitaine pour discuter avec lui... mais j'aurai préféré que Pri m'accompagne. C'est la première concernée.


Son mal de tête s'était un peu calmé. Le bourdonnement qui avait encore accru son énervement jusque là avait totalement cessé. C'était une bonne chose.

Elle ressentit un pincement au cœur lorsqu'elle rouvrit les yeux. C'était étrange, ces peurs incohérentes. Cette sensation de pénétrer dans un monde aux dangers insoupçonnés à chaque fois que ses paupières voilaient ou dévoilaient l'azur de son regard. Comme si elle ne savait pas ce qu'elle allait trouver une fois ce simple geste effectué...Des cauchemars dans l'obscurité...ou une présence inattendue, peut être un sourire sardonique éclairant les traits d'un visage bien connu, éclairé par les rayons obliques de cette fin d'après-midi...

Son front se plissa en songeant qu'elle le souhaitait presque. Il lui manquait. Arek lui manquait.

Et Rougecroc... Le souvenir s'estompait comme un rêve. Bonheur trop fugace auquel elle n'avait pas même eu le temps de croire avant de se le voir brutalement arraché. Le revoir...Une seule fois...
Elle repensa à la proposition d'Asnathgriffe... se glisser sur l'île... Quelques instants...Le voir... L'effleurer peut être...Lui parler ? Non...Fol espoir. Le voir simplement... Souffrir de ce qu'on ne manquait pas de lui faire subir. Contempler sans agir... En était-elle capable ? Nul doute qu'Asnathgriffe lui avait proposé cela pour se nourrir de la Tourmente qu'elle ressentirait...et pourtant...Pour le voir... et aussi par jeu, pour se rire de la Matrice et de Zuidacra lui-même, elle en était tentée...Au plus haut point.
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Message  Circé Arlann Mar 26 Jan - 18:15

Cela faisait des mois que Circé s'entrainaient sans relâche. La culpabilité et l'appréhension avaient disparu. Sa fréquentation des cynwid n'y étaient peut être pas totalement étrangères ainsi que le bonheur qu'elle goûtait auprès de Rougecroc depuis qu'ils s'étaient retrouvés...
On avait beau la mettre en garde, elle ne voulait pas gâcher l'amour qu'ils se portaient en remettant en doute celui du Prince des Mensonges... Sa confiance l'avait fait "passer" et elle ne la lui retirerait pas sans raison.
Si ce qu'ils vivaient ensemble n'étaient que feintes, mensonges et manipulation de sa part, l'illusion, elle, était parfaite... et son bonheur réel.
La joie qui illuminait ses traits à chaque fois qu'il paraissait en était le gage le plus visible pour tous : le mal était fait, elle l'aimait sincèrement et elle souffrirait si elle ne pouvait plus être à ses côtés, pour une raison ou une autre.

Mais Circé n'avait cure de ce qu'ils pensaient tous, humains comme cynwid,. Elle était peut être folle, mais les instants de bonheur qu'elle aurait vécu jusqu'au dénouement fatidique, nul ne pourrait jamais les lui arracher, l'en déposséder... sauf peut être Savia...

Le sourire qui flottait sur ses lèvres disparut alors que le géant fongique s'effondrait, flétri et racorni par le pouvoir ombreux qu'elle avait invoqué contre lui.
S'approchant, elle contempla les restes, attentive aux dégâts qu'elle avait causé. A force de suivre son instinct, de faire abstraction de sa volonté pour ne pas asservir l'Ombre, et ainsi éviter d'être corrompue, ne finirait-elle pas par perdre le contrôle de ce qu'il y avait de plus sombre en elle-même ?
Ses lèvres s'agitèrent, murmurantes sur les mots tant de fois répétés :

"...Soit l’ombre deviendra son espoir et sa voie.
Nombres de menaces seront à ses pas rivés,
perturbant l'équilibre, prêtes à la faire chuter
Sur l'obscur chemin où la corruption fait loi.
"

Ecartant les mèches de cheveux qui lui coulaient dans le visage, la contrainte que leur imposait son chignon ayant cédé depuis longtemps, Circé releva les yeux, fixant son regard d'azur sur le paysage qui s'offrait à elle. Le marécage de Zangar déployait ses eaux mornes dans la pénombre éternelle où luisait l'étrange phosphorescence de la flore. Étrangement, elle trouva ce spectacle apaisant plutôt que sinistre.
La fin justifie-t-elle les moyens...?
Pour se sauver elle et les siens, elle manipulait l'Ombre...à moins qu'elle ne se laisse manipuler plutôt. On lui avait indiquer cette vois comme étant la seule chance se salut et elle ne pouvait le nier : cela avait été efficace... Elle serait morte sans cela.
Cependant, elle se sentait inexorablement poussée en avant sur le chemin que la nécessité lui avait fait emprunter...Toujours plus loin...

Instinctivement, la jeune femme porta la main au pendentif que Khatarina avait façonné pour elle. Entre les fins entrelacs d'argent, les élégantes arabesques qui l'enchâssaient, l'Oeil de l'Ombre pendait à son cou, prisonnier du métal... A moins que ce soit-elle qui en soit prisonnière, ayant volontairement fait refermer sur elle la chaine de sa captivité.

[Circé] - Sombre Pendentifcirc2

N'était ce pas pour percer les mystères de cet artefact qu'elle avait dû affiner encore ses capacités à manier l'ombre ? Lorsqu'ils auraient arraché l'orbe de Lumière à Ragnaros, elle aurait l'arme capable d'abattre Zuidacra. Rougecroc le lui avait certifié... Rougecroc...le Mensonge...
Secouant la tête pour chasser cette déplaisante pensée, elle tira sur la chaine luisante qui passait au ras de son cou, Circé put en éprouver l'étonnante solidité. Rien, non rien ne pourrait la briser sauf les feux de la forge. Quant au fermoir de la châsse, une seule clé pouvait l'ouvrir...

Où pourrait-elle la cacher...?
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Message  Circé Arlann Jeu 25 Fév - 16:03

*Le port d'Hurlevent...Un navire nommé l'Assurance...A son bord un nain...un gnome...et une bombe...*

Circé se leva d'un bond de sa chaise. La vision avait été brève, déchirant le déroulement de sa pensée pour mieux se loger dans son esprit. L'instant d'après, la jeune femme, communicateur en main, contactait Keen et Nalia espérant que l'une d'elle puisse se rendre sur place pour écouter les paroles échangés entre Zephyrnost et Mireti.
Elle se mit en route, elle-même, aussitôt après.
Guidée par la vision, elle n'eût aucun mal à trouver le bateau et, se glissant à bord avec Nalia tandis que Keen surveillait à distance, surprit quelques paroles sans grand intérêt au sujet de Tony. Peu après, le nain reparti en direction de la cathédrale.
L'échange avait été bien trop bref et avait laissé Circé sur sa faim. Il fallait qu'elle sache. Il était temps d'interroger le prêtre...Il était au centre de beaucoup trop d'intrigues.
Prétextant sa maladie dont Zephyrnost connaissait la gravité, elle demanda à Keen d'aller le trouver pour lui demander de se rendre chez elle. Elle pourrait alors essayé d'en savoir plus...Et s'il ne se montrait pas coopératif, les cynwid pouvaient être très convaincants...

De retour chez elle, elle chargea Rougecroc de faire part aux autres de ses intentions. Elle se prépara, tâchant de paraître aussi faible que possible. Tout pouvait dépendre de cela...
Lorsqu'on frappa enfin à la porte, Circé s'avança et ouvrit mais ne trouva, sur le seuil, que Keen. La surprise devait se lire sur son visage car Keen expliqua aussitôt que le nain était retourné à la cathédrale pour y chercher du matériel, mais qu'il arriverait sur l'heure. La jeune femme retint une grimace, présageant que le prêtre allait prendre des précautions... Peut être recherché à nouveau le cynwid qu'il avait porté la dernière fois...? Cela contrariait ses plans...Il aurait une protection de poids contre les attaques de ses enfants.

Keen, avec sa gentillesse et compassion habituelle, voulut l'examiner, et Circé ne s'y déroba pas, laissant à la paladine le soin de constater l'étendue des lésions dont son visage était marqué.
L'examen semblait laissé Keen dubitative du moins c'est ce que cru lire la mage sur ses traits avant que la paladine ne fronce les sourcils, troublée. A l'extérieur, en effet, la puissante cavalcade d'une troupe assez impressionnate résonnait. Echangeant un regard inquiet, les deux femmes restèrent immobiles jusqu'à ce qu'on vienne violemment heurter à la porte.

Circé se leva de son siège, ne pouvant ignorer de quoi il retournait. Utilisant son lien avec les cynwid, elle leur somma de fuir aussitôt. Son regard suivait le déplacement de Keen qui se dirigeait vers la porte. Elle ne pouvait laisser Keen seule... Mais c'était certainement après elle qu'ils en avaient. Elle voulut la retenir d'un mot, mais il était trop tard. Elle n'avait plus le choix.
Montant l'escalier, Circé avait dans l'idée de fuir par le toit mais l'échange qu'elle entendit en bas la retint.

"Au nom de l'inquisition, nous venons perquisitionner cette maison. " fit une voix inconnue. Lorgnant par la fenêtre de l'étage elle vit le père Zephyrnost sur son bélier... une quinzaine de ses hommes se trouvaient devant la porte, portant le tabard de l'inquisition.
"Vous n'avez aucun droit ici. En tant que chevalier de Hurlevent je ne reconnais pas l'autorité de l'inquisition."

Quelques bruits d'armure malmené et la porte qui claquait. Circé descendit en hâte, aidant Keen à la maintenir fermée et, réussit finalement à tourner la clé dans la serrure.
Les coups de boutoir contre l'épais vantail ne tardèrent pas à faire résonner toute la maison...Les deux femmes firent le tour de chaque fenêtre, constatant avec consternation qu'elles étaient déjà cernées.
Que faire...? Circé ne pouvait se battre...Ni courir un long temps ou même avoir recours à la magie... Elle ne pouvait aider Keen...Seulement l'encombrer...l'empêcher de fuir lorsqu'elle en aurait l'occasion...Il ne restait qu'une chose d'envisageable :
"Keen...Je vais me cacher sur le toit...Ils ne penseront sans doute ps à venir fouiller par là... Fuyez dès que vous en aurez l'occasion... "
Keen acquiesça, et Circé monta à vive allure dans sa chambre, escaladant ses meubles, elle atteignit la trappe habilement dissimulée dans la charpente et atteignit le toit sans encombre.

Maintenant, il ne restait qu'à attendre... La maison résonnait de cris et d'imprécations. Keen devait faire un réel carnage...ainsi que les pièges de la maison. Par intermittence, Circé réussissait à trouver l'énergie suffisante pour maintenir un lien avec Keen, lui glisser un ou deux avertissements, l'enjoignant de fuir dès qu'elle le pourrait...
Mais le temps passait, la bataille durait sans que Keen sorte de la maison.

Aux aguets Circé tentaient de suivre le déroulement de la bataille, à l'affut d'une brèche dans la défense que Keen pourrait utiliser pour s'échapper.
Une suée froide envahit soudain la jeune femme. Quelque chose d'anormal se produisait... Un à un, les liens se dénouaient, un à un, le contact maintenant habituel, voir même réconfortant avec les cynwid disparaissait, la laissant seule.
"Rougecroc ?!" appela-t-elle mentalement... Mais seul le silence lui répondit. Sa perception était devenue un immense désert, chaque lien disparaissant la blessait comme la mort d'un être cher. Sous l'affliction dont son esprit était la proie, Circé se recroquevilla sur elle même, les yeux clos. Elle sentait l'Ombre déserter son corps, totalement. Elle s'affaiblissait inexorablement, ses forces la quittaient.
Le contrecoup... Au pire moment comme elle l'avait pressenti. Pourquoi la Mère la punissait-elle de la sorte ? Pourquoi lui refusait-elle son soutien au moment où sa vie était en jeu ? Elle devait payer le prix. Malgré ses interrogations, Circé ne se révoltait pas, acceptant cette constatation avec fatalisme. Oui, elle devait payer le prix des réponses que l'Ombre lui avait donné. Fugitivement, l'image de Pri s'imposa dans son esprit. La contacter...Qu'elle sache...Que si l'inquisition la capturait, au moins, Pri ait les réponses qui lui coûtaient maintenant si chères.
Mais de force, de concentration, elle n'en avait plus une once. Elle était même devenue incapable de voir la trame arcanique. D'ailleurs...même le faible lien avec Keen s'était dissipé.

Un choc sourd sur les tuiles. Circé rouvrit les yeux. Un grappin. Dans un sursaut de volonté elle se traina derrière la cheminée et se blottit tout contre, utilisant la Voie des Ténèbres pour se camoufler. Au moins, ce savoir-faire là, elle l'avait toujours. Elle clôt à nouveau les yeux, consciente de la présence de deux croisés près d'elle, fouillant en vain pour la trouver. Peu à peu, elle perdait la conscience qui lui restait.

Ce fut la douleur qui la rappela brutalement à la réalité. Poussant un cri sous l'effet de la surprise, elle tenta de se débattre contre les brûlures dont son corps semblait la proie. Le sol brillait d'une curieuse lueur. Elle aperçut l'elfe et le gnome qui la cherchaient, agenouillés, leurs mains en contact avec le toit. Se redressant, ils avertirent leurs compagnons de la réussite de leur fouille et la soulevèrent sans qu'elle eût la moindre force à leur opposé, la laissant chuter dans le vide. Huit bras solides l'accueillirent et la portèrent jusqu'à Zephyrnost, près de qui se trouvait un autre nain, ainsi que Keen. Un croisé elfe s'approcha et la dépouilla, lui enlevant bague, communicateur et toutes ses possessions. Ses doigts agiles cherchèrent pendant quelques instants le fermoir de la chaine qui pendait à son cou et, ne le trouvant pas, tenta de la rompre sans plus de succès. Il n'eût d'autre choix que celui de renoncer, faisant naitre sur les lèvres desséchés de la mage, un léger sourire narquois, quelque peu victorieux.

"Circé ! Ne la touchez pas !"
Retenue fermement par le nain inconnu, Keen tentait tant bien que mal de s'approcher. Au bord de l'inconscience, Circé fut pourtant heureuse de voir que Keen ne semblait pas blessée. Elle sentait les regards braqués sur elle et la moue consternée de Keen ne lui laissait aucun doute sur l'apparence piteuse qu'elle devait présenter. La douleur des brûlures étaient toujours présentes, résonnant, comme par vagues, dans les nécroses dont son corps était couvert, et son visage devait exprimer de façon éloquente les souffrances dont elle était victime.
"Pauvre enfant..."
"Epargnez-moi vos sarcasmes, mon père..."
souffla-t-elle. Mais Zephyrnost ne l'écoutait pas. Se tournant vers ses hommes, il s'adressa à eux :
"Enfants de la Lumière. Cette maison est truffée de créatures ténébreuses, ne touchez rien à  même la peau. Une fois détectées, suivez les indications du fils Kerhan. Il vous dira comment les piéger sans mal."
Encore un coup d'Arek... Ses pensées se faisaient diffuses mais celle-ci se détachait clairement. La voix de Keen résonna :

"Qu'allez-vous faire d'elle, monstre ?"
"La protéger du mieux possible, elle est à bout de force."
"Où l'emmenez-vous ?"
"A la Cathédrale où nous pourrons la soigner."
"...comme vous m'avez soignée, moi ?"
"Ca ira mon enfant...N'aie crainte."
"Comme...c'est aimable..."
ironisa Circé dans un souffle, les yeux clos par sa faiblesse.
"On t'emmènera sur une charriote, tout se passera bien, repose-toi. "
"...quand le Talion sera informé...! Et soyez sûr que j'en parlerai à sa majesté le roi !"
"Que de sombres créatures corrompent son royaume? Fais."
"Que des fanatiques viennent enlever d'honnêtes citoyens chez eux et attaquent sans raison un chevalier de l'Alliance !"

Elle sentit le nain se tourner vers elle et rouvrit les yeux avec peine, fixant son regard trouble sur Zephyrnost.
"Tu as peut-être quelque chose à  nous dire mon enfant...?"
"Que vous perdez votre temps..."
"Emmenez-la, qu'elle se repose enfin."
"Laissez-la !"


Mais peu sensibles aux volontés de Keen, les croisés qui la portaient s'éloignèrent avec leur fardeau et la déposèrent dans une charrette, non loin. Elle pouvait encore entendre, vaguement, les paroles que Zephyrnost et Keen échangeaient, et fit un effort pour rouvrir les yeux et voir la scène. La laisserait-il libre ? L'angoisse l'étreignait, oppressant sa poitrine.

"Keen, mon enfant, il y a eu des plaintes du voisinage depuis quelques jours...Si je n'avais pas été là, ils se seraient assurés de sa présence, auraient barricadé portes et fenêtres et auraient incendié la maison."
"Vous n'étiez pas obligé d'agir de cette façon. Vos méthodes, comme toujours, sont déplorables. J'ai rarement croisé des êtres aussi méprisables."
"Tu dis ça parce que tu n'es pas encore dans les sous-sols de la Cathédrale...Emmenez-la mes fils."


Le cri de surprise de la paladine fut vite étouffé : Les croisés s'étaient aussitôt saisis d'elle, l'avaient désarmée, enfoncée un bâillon en bouche et un sac sur la tête.
Circé tendit une main vers elle, comme si ce geste bien vain avait pu changer quoi que ce soit à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Puis, tout devint noire...
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Message  Circé Arlann Ven 26 Fév - 22:54

Une chambre aux murs blanc, étrangement luminescents. Des meubles vissés au sol, blancs eux aussi. Sur une table, des parchemins, une plume, et la seule once d'obscurité dans ce monde sans couleur : les profondeurs d'un encrier.
Se redressant dans le lit aux draps blanc, Circé détailla le reste de son univers.
Pas la moindre porte. Une simple trappe par laquelle on avait glissé un plateau chargé de nourriture. Toujours aussi faible, la jeune femme s'avança, chancelante, et se laissa tomber à même le sol, près du plateau, pour en dévorer le contenu à belles dents.
Pas un bruit. Pas le moindre froissement de l'étoffe de laine de sa chemise, pas le moindre clapotis de ses pieds sur le sol blanc. Sa mastication même était silencieuse.
Se trainant à nouveau vers son lit, la mage y reprit place avec toute la peine du monde, s'y allongeant. Elle avait été soignée. Même l'horrible douleur des nécroses semblait, pour l'heure, apaisée.
Le temps passait. Circé s'endormit, parfois, sans doute, mais lorsqu'elle rouvrait les yeux, rien ne semblait avoir changé.

La trappe s'ouvrit. le plateau fut enlevé, un autre déposé. La trappe se referma. Elle mangea à nouveaux avant de reprendre sa place mais ses forces ne semblaient pas revenir pour autant.

Monotone, le temps passait. Les pensées de Circé voguaient sur un océan d'interrogations. Arek avait-il pu indiquer à Zephyrnost la nouvelle cachette des cynwid ? Etaient-ils à l'abri ? Keen avait-elle été torturée ? Vivait-elle toujours ? Le remord la rongeait, ainsi que l'angoisse.

Le regard rivé au néant du plafond, elle cru percevoir soudain, du coin de son œil , un mouvement près du mur où se trouvait la trappe. Des croisés venaient de passer, simplement, au travers, comme si il n'avais jamais eu la moindre consistance. Ils se saisirent d'elle, lui enfoncèrent un sac sur la tête et la trainèrent sans ménagement par les couloirs. Finalement, ils la laissèrent tomber au sol, lui arrachant le sac avant de ressortir de la cellule où il l'avait conduite, verrouillant la grille derrière eux.
Un sous-sol, froid et lugubre, une vraie geôle pour le coup. Circé se recroquevilla sur elle-même. Réflexe inutile. Où qu'elle se trouva, elle avait froid depuis que la maladie l'avait touchée. Frissonnante, aux aguets, elle attendit. Finalement, Zephyrnost, suivit d'un homme aux cheveux et à la barbe noir entrèrent et s'approchèrent.

Sur un geste du nain, l'homme ouvrit la grille et tenta de trainer Circé hors de la cellule. Sa faiblesse l'empêchait de se débattre, cependant l'idée de se voir ainsi trainer tel un paquet lui était insupportable.

"Ecartez-vous !" gronda-t-elle sans que, pour autant, son avertissement soit suivi du moindre effet. Le coup parti, frappant la rotule avec précision, si ce n'est force. La douleur plia l'homme en deux, qui prit alors sagement le parti d'obtempérer.
S'aidant du mur, Circé parvint à se lever et, après avoir gracieusement remercier l'acolyte d'un sourire et d'un mot, sortit seule de la cellule. Elle vint prendre place dans le siège, cloué au sol, que lui désigna Zephyrnost et croisa ses longues jambes dans une attitude décontractée, comme s'apprêtant à prendre le thé avec un ami.
L'homme l'attacha au siège sans tendresse. Les nécroses malmenées rappelaient leur existence sous la chemise mais la douleur, suite aux soins qu'elle avait reçu, restait supportable.
Zephyrnost la regardait de son air calme et songeur. S'apercevant finalement de l'interrogation muette du regard qu'elle rivait sur elle, il finit par parler :

"Comment avons-nous pu en arriver là ...?"
"Je me le demande mon père... Vous savez aussi bien que moi que cela...je ne pourrai pas vous le pardonner."
"Je comprends, Keen nous manquera à  tous.
"

Sous le choc, sa bouche s'entrouvrit, ses yeux s'écarquillèrent. L'homme qui finissait de l'attacher émit une sorte de ricanement avant de reprendre sa contenance.

"Vous avez osé...?!?"
"Elle a attaqué ses geôliers, un geste plus haut que l'autre et...Un veuf et un orphelin devront tailler leur chemin.
"

Les deux hommes baissèrent les yeux comme si leur cœur de pierre pouvait éprouver la moindre tristesse ou compassion. Cette manifestation d'hypocrisie passée, Zephyrnost releva les yeux vers elle, sans doute dans l'idée de profiter de l'avantage qu'il s'imaginait s'être octroyé pa l'annonce de la nouvelle :
"Nous n'avons pas trouvé tous les cynwid chez toi. Où sont les autres ?"
Qui avait pu être pris ? Asnathgriffe...? Il était bien trop retors pour se laisser prendre aussi bêtement. Reprenant contenance, Circé regarda son ancien frère d'arme, secouant doucement la tête de gauche à droite.
"Vous mentez. Vous essayez simplement de briser ma résistance. Je me demande comment vous faites pour ne pas mourir de honte en me regardant... "
Elle rouvrit ses paupières, rivant son regard au sien.
"Si j'étais vous, j'aurais sans doute envie de disparaitre sous terre... Continuez sur cette voie et je me chargerai peut être de cette tâche pour vous un jour... Alors que si vous me laissez partir, mon père, la seule personne qui ne voulait pas vous tuer en dehors de cette cathédrale continuera de conserver cette position..."
Le nain ferma les yeux, se pinçant l'arrête du nez dans un geste qui exprimait sa lassitude.
"Fils Albrecht, les trois vertus..."
Le dénommé Albrecht s'avança, giflant trois fois la jeune femme de toute sa force, en scandant :
"Respect. Ténacité. Compassion."
Malgré la douleur cuisante et les larmes qui lui noyaient son regard, Circé ne pu s'empêcher de ricaner, tant le dernier terme lui semblait paradoxal, au point d'en être ridicule en pareille situation... Que d'hypocrisie...
"Compassion...?"
"Envers ceux qui se repentent oui. Vous n'êtes rien ici créature."
lâcha Albrecht, sèchement.
"Tout comme Rougecroc d'ailleurs, mais c'est une autre histoire..."
Nouveau choc, nouveau coup...
"Vous mentez encore..."
"Tu es prête à  parier à  ce sujet?" fit-il en dévoilant ses dents dans un sourire carnassier.
"Montrez le moi donc..."
"Disons qu'un interrogatoire est en cours, je n'aimerai pas déranger. Commençons plus simplement...Où sont censés se replier les mercenaires en cas de problème?"

"Là où ça leur chante."

D'un mot, le nain intima à Albrecht de ramener les instruments de torture. S'exécutant sans plus attendre il ramena une trousse qui, dépliée, révéla quantité d'objets peu engageants, rangés avec la plus grande méticulosité. Zephyrnost se munit d'une pince, en testant le bon fonctionnement. Sentant l'appréhension croitre au creux de son ventre, Circé Détourna les yeux. Son regard vint se river au sol, tombant sur les pieds nus d'Albrecht.
Les pieds nus...? Ses sourcils se froncèrent alors qu'elle relevait avec vivacité ses prunelles vers le visage de l'acolyte, le scrutant. Il soutint son regard, l'air neutre. Ses yeux se plissèrent par réflexe... mais elle ne vit rien de plus...L'Ombre continuait de se refuser à elle. Toute à son trouble, c'est à peine si elle était encore consciente de la présence de Zephyrnost qui posait à nouveau sa question. La douleur qui irradia soudainement de son doigt à l'ongle violemment arraché la sortit de sa vaine concentration. Hurlante, la jeune femme bandait tout son corps pour échapper à la douleur insupportable qu'elle ressentait. Ses yeux ne voyaient plus rien, aveuglés par la souffrance.
Dans un souffle entrecoupé de sanglots, elle s'entendit répondre :
"Je ... Je n'en sais...rien... "

La pince vint heurter le mur avec force, un éclat de pierre s'en détachant. Zephyrnost alla s'armer d'un tison pendant que son acolyte s'occupait de ramasser l'instrument malmené et le rangeait avec soin avant de replier la trousse.

"Arek... " hoqueta la jeune femme, le regard braqué dans le vide.
Mais le nain, déjà, glissait le tison au creux de son dos, provoquant de nouveaux hurlements alors qu'elle se contorsionnait désespérément pour fuir le contact brûlant.
"Où sont-ils ?" siffla Zephyrnost avec une rage difficilement contenue. Il appuya plus fermement le brandon, ne laissant plus aucune échappatoire à la douleur. C'est donc hurlante de souffrance, mais aussi de rage et de colère qu'elle répondit :
"Me croyez vous assez stupide pour leur avoir demandé où ils s'enfuyaient alors que l'inquisition m'avait coincée ? Vos méthodes sont de trop grande notoriété mon père !"
Vaguement, elle entendit les deux hommes se concerter, ne parvenant pas même à comprendre l'échange, imperméable à tout ce qui n'était pas son corps torturé. Prostrée autant que les sangles le lui permettait, la tête tombante sur son torse, elle restait là, sans plus bouger, au point qu'on aurait pu la croire inconsciente.

Elle perçut l'homme qui venait vers elle pourtant... Un nouveau supplice...Trouver quelque chose, vite... elle ne voulait plus souffrir... Ne pouvait plus...
"Pourquoi ne...demandez vous pas à Arek... ?", lâcha-t-elle.
L'homme arrêta son approche. Mais de réponse, nulle. Elle sentit que l'on soulevait l'orbe qui pendait toujours à son cou.

"Qu'est-ce que c'est ? A quoi cela sert-il ?"
"Un bijou...Il sert à me rendre irrésistible..."

L'ombre d'un sourire fugace étira ses lèvres et cela lui sembla comme un miracle d'encore être capable de parvenir à un tel résultat. Le prêtre ne mesurait sans doute pas à quel point cette phrase anodine pourrait s'avérer exacte lorsqu'elle aurait trouver son pendant lumineux.

"Elle me fatigue...A toi l'honneur mon fils..."

Luttant contre le malaise dont elle était la proie, Circé releva les yeux, le visage toujours incliné vers le sol, rivant ses prunelles à celles d'Albrecht.
Elle le distinguait plus nettement maintenant...Les quelques minutes de répit qu'on lui avait accordé lui avait permis d'éclaircir sa pensée. Son regard avait repris un peu de sa vivacité.
La grille grinça en pivotant sur ses gonds et deux personnes entrèrent mais Circé n'en avait cure. Il n'existait plus que cet homme dans la pièce pour elle :
"Je n'ai connu qu'une personne qui allait nu pied... "
Mais l'homme ne prêtait pas attention à elle. Ou feignait de le faire. Il regardait les personnes venant d'arriver, attendant que le père Zephyrnost lui confirme l'exécution de son geste, torche en main.
Visiblement, aucune réponse ne viendrait. Elle finit donc par tourner les yeux vers les arrivants et mit quelques secondes à reconnaitre Raimund dans l'un des deux hommes agenouillés. Elle ne pouvait même pas prétendre être surprise... Il restait simplement à déterminer si ses soupçons de complicité avec Zephyrnost avaient été fondés ou si c'est maintenant qu'il jouait la comédie.
La torche changea de main. Zephyrnost la tendit à Raimund qui se relevait.
"Que dois-je faire avec ça ?". Tant de candeur lui arrache un triste sourire, étirant douloureusement ses lèvres desséchées.
"Devinez..." fit-elle d'une voix brisée d'avoir trop hurlée, mais où le sarcasme était toujours perceptible.
"Cette sorcière possède un artefact impie et refuse de nous décrire son utilité."
"Je vous conseille sous les doigts de la main droite pour commencer."

Doucement, Circé ferma les yeux, essayant de méditer dans l'espoir futile d'atténuer la douleur à venir. Une gifle retentissante lui fit rouvrir les yeux.
"Regarde tes erreurs en face... A quoi ce collier sert-il?!" fit Zephyrnost, glacial.
La colère fit étinceler les yeux de la jeune femme.
"Mon erreur, c'est d'avoir cru qu'il pouvait y avoir une once de bonté, quelque part, cachée au fin fond de votre âme nécrosée !"
"A toi l'honneur mon fils." fit Zephyrnost en s'écartant pour laisser la place à Raimund.
"Vous voulez vraiment que ce soit moi, je n'ai jamais vraiment pratiqué..."
"C'est précisément pour cela que je te le demande."
"Ma lame pour le Talion, mon sang pour mes compagnons et ma conscience pour moi..." souffla Lianna en regardant le prétendu mercenaire s'approcher.
"Que me dites vous ? Vous avez joué, vous avez perdu !"
"Oui...Car ce ne sont que des mots pour les gens sans honneur..."


Aussitôt après, la torche s'abattit sur le dos de la main de Circé qui, à nouveau, fut incapable de retenir ses cris, se débattant vainement entre les liens qui la retenaient.

"Ce collier ?! A quoi sert ce foutu collier?!"
Mais ce fut la rage de Circé qui prit le dessus, sa révolte, sa volonté qui refusait de céder encore... La seule réponse qu'ils obtinrent furent des invectives entrecoupées par les hoquets que la douleur provoquait. Elle avait l'impression d'étouffer à présent, cherchant son souffle avec difficulté.
Zephyrnost s'éloigna pour revenir avec un tisonnier qu'il eut tôt fait de chauffer à la flamme de la torche. Il grommela quelques paroles au sujet du stupide entêtement de sa victime, puis confiant l'instrument à Raimund. Ce dernier se rapprocha à nouveau, occultant la présence d'Albrecht qui se tenait maintenant les bras croisés, en retrait, sans quitter le visage de Circé des yeux.
"A quoi sert-il?!"
"Il me renforce... Il est enchanté comme quasiment tout ce que je porte..."
"Fils Raimund..."
Une odeur de chairs grillés s'éleva lorsque la pointe du tisonnier se pressa contre l'avant-bras de la jeune femme qui hurlait à nouveau comme une damnée, la tête rejetée en arrière.
"A quoi sert-il bon sang?!"
Pantelante, incapable de redresser la tête, la mage ne percevait plus que de façon fragmentaire ce qui l'entourait.
Le bruit du métal qui heurte le sol. Le regard de Zephyrnost sur elle, aussi tranchant que les instruments de la trousse présentée plus tôt.
Elle ferma les yeux, cherchant à formuler des mots que ses hoquets hachèrent. Elle parvint finalement à formuler une réponse presque intelligible, tout aussi évasive que les premières.
L'impact d'un poing contre le mur. Doucement, sa conscience s'estompait.

"Saleté de...Remettez-la dans sa cellule, qu'on soigne ses plaies ! Demain à  la première heure, elle y repasse...!"
L'acolyte qui avait accompagné Raimund à son arrivée s'empressa d'acquiescer obséquieusement alors que Albrecht et Raimund s'affairait à la détacher. Se sentant libre, elle tenta de s'appuyer aux accoudoirs pour se relever, dans un sursaut de fierté mais ne parvint qu'à déséquilibrer son buste vers l'avant, intercepté par Raimund. Ils la soulevèrent et la ramenèrent dans la cellule d'interrogatoire obscure et putride.
Albrecht la laissa choir sans ménagement mais Raimund amortit sa chute, l'accompagnant jusqu'au sol. Ils s'interrogèrent tous deux sur les soins à lui apporter. Rappeler par Zephyrnost, Raimund quitta rapidement la cellule, la laissant seule avec Albrecht.
Il lui inspectait soigneusement le visage, ses prunelles plongées dans les siennes. Sa main glissa sur sa joue telle une caresse alors qu'un sourire franc et sincère s'épanouissait lentement sur ses lèvres.
Les larmes, brisant à nouveau les digues de sa volonté, se remirent à ruisseler silencieusement sur ses joues.

"Jeune idiote..."
"Que voulais tu que je fasse d'autre ?" dit-elle dans un souffle.
"Fuir ? Tu aurais du les suivre, leur Instinct aurait pu te sauver."
Hoquetante, la jeune femme ravalait avec difficulté les sanglots qui l'étouffait presque.
"Je voulais savoir...ce qu'il adviendrait de Keen... Je ne pouvais pas partir... "
"Précisément...Tu aurais du les écouter... Les sentiments ne sont que faiblesses. Regarde-toi."
Un vertige la prit et son buste s'inclina vers le sol. La main de l'homme l'arrêta dans sa chute. Lentement il la redressa et finit par lui glisser une main sous le menton de sorte à lever vers lui son visage marqué.
"Il est temps..."souffla-t-il. Elle le regarda, comprenant la véracité de ses paroles. Il était temps. Elle avait perdu. A quoi bon le nier encore...? A quoi bon lutter encore...? Elle était brisée de souffrance.
"Je peux...te demander quelque chose...de complètement stupide...?"
"Je t'écoute, mon amie."
"Serre-moi dans tes bras...juste...une seconde..."

Il la regarda, scrutant son visage calmement.
"Les dernières volontés de la Matrice?"
Elle eut un rire bref.
"Plutôt de celle qui aurait voulu garder son presque frère... "
"Accordé."


Doucement, il l'enlaça, l'attirant contre lui. Les bras trop faibles de la jeune femme incapable de lui rendre l'étreinte, malgré le geste vaguement esquissé.
"Tu te souviens du marché du Comté-de-l'or..? Tu sais... Dans cette rue désormais vouée aux duels..."
La tête contre son torse, Circé acquiesça faiblement.
"Un jour, nous irons nous y promener à  nouveau. Je te le promets."
Les larmes un instant calmé, reprirent leur cours, marbrant son visage. Un sanglot, un seul, la secoua.
"Tu mens presque aussi bien que Rougecr..."
Rouvrant brusquement les yeux, la mage tenta de s'arracher à l'étreinte. Son visage maintenant face à celui de l'homme, elle plongeait à nouveau son regard dans le sien, affolée.
"Non...Retire le... "
Il sourit doucement, tout en secouant la tête négativement.
"Désolé..."
"Arek..."
Il s'écarta d'elle avant de répondre :
"Arek est mort le jour où... Oh non, suis-je bête, Arek est Zuidacra. Je suis Zuidacra."

Confuse, cherchant ses mots, Circé enfouit son visage dans ses mains à peine consciente du fait que la silhouette à ses côtés se nimbait d'ombre. La seconde suivante, son apparence avait changé, révélant les traits familiers de celui qui fut son ami d'enfance, vêtu de son habituelle robe rouge.
"Qu'il est agréable de faire ça ici..."
Il sortit, refermant la grille derrière lui. Puis, se retournant vers elle, il s'y appuya nonchalamment de ses avant-bras.
"Tu te souviens de ce que dit le Savoir Cynwid sur l'Inconnu?"
"Non" lâcha-t-elle, péremptoire. Il haussa un sourcil.
"L'inconnu, l'ignorance, est une source sûre de Tourmente. Mais... Nous n'en sommes plus là. Tu me rejoindras bientôt. Quelqu'un viendra te chercher. Ensuite, tu m'aideras à  délivrer Pri. Alors, nous nous chargerons des Cynwid. Et ensuite, de moi."
Il se tût un instant, attendant sans doute une réponse qui ne vint pas. Esquissant un sourire, il ajouta :
"Heureuse maman..." et se détourna, disparaissant dans l'escalier après avoir refermé une nouvelle grille.
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Message  Circé Arlann Dim 11 Avr - 19:40

Assise en tailleur sur l'épais matelas de plume que comportait ses nouveaux appartements, Circé méditait. Des pensées parasites venaient troubler sa transe, souvenirs épars des derniers événements...

Elle revoyait Duran qui était venu la trouver dans sa cellule. Le cynwid qu'elle venait de recevoir d'Arek lui avait rendu suffisamment de force pour qu'elle puisse le suivre, quitter les locaux de l'inquisition où la magie était inopérante. Elle revivait chacun des mots qu'elle avait prononcé alors... Refusant d'activer la pierre de foyer que le jeune homme lui avait donné, craignant qu'Arek avait pu en détourner la destination. Duran, lui, semblait trouver ses craintes ridicules et avait fini par clore le débat en utilisant la sienne... Progressant alors silencieusement vers la grand porte de la cathédrale, elle avait formé le projet de s'échapper simplement par là, avant que l'alerte ne soit donnée. Mais Venemion ne l'entendait visiblement pas ainsi... A peine la porte fut-elle en vue, qu'elle sentit ses forces l'abandonner, l'obligeant à se raccrocher à la muraille pour ne pas s'écrouler. Étouffant un juron de frustration, elle avait cédé... et une seconde plus tard, s'était retrouver à la sortie des Grottes du Temps.

Deux chevaux attendaient là, prêts à les emporter, Duran et elle.
S'écroulant au sol, elle attendit que ses forces reviennent. Le soleil était écrasant, l'air brûlant cuisant ses plaies à vif. Le souffle chaud du désert fouettant son visage, les grains de sable ainsi charriés abrasant sa peau, se collant au sang qui empoissait son corps.
Duran revint près d'elle, tâchant de l'aider de son mieux mais elle refusa.
Un piège... c'était un piège... Elle ne cessait de le lui répéter... mais quel autre choix avaient-ils que de monter sur ces chevaux ? Elle n'avait pas même la force de se trainer au bas de la grotte et d'implorer l'aide des dragons.
Et en effet... A peine furent-ils en selle que les bêtes s'élancèrent vers le sud dans un galop effréné et totalement hors de contrôle.
La jeune femme n'avait qu'à peine assez de force pour se cramponner à l'encolure de sa monture, se laissant durement balloter. Bientôt les flots défilèrent sous les flancs des chevaux, semblant les porter comme s'il s'agissait de pierre véritable.
Et si elle se laissait chuter ? Son corps serait-il disloquer à l'instant ou engloutit par les flots ? Venemion l'obligerait il à rester en selle ?
Alors qu'elle déplorait sa stupidité avec amertume, Duran lui avoua avoir joué la comédie déclenchant une froide colère en elle... Elle l'avait cru le pantin involontaire de la volonté de Zuidacra mais en réalité il n'était que son esclave, son larbin...
Il avait abusé de la confiance qu'elle avait en lui et cela l'atteignit comme un coup de poignard. Elle se souvint de cette discussion qu'ils avaient eu un jour au bord des canaux d'Hurlevent... Ou elle lui avait confié sa plus grande crainte : La trahison.
Certes, Ils avaient eu des torts envers lui mais lui-même n'était pas innocent, et l'escalade avait mené à ça : c'était elle qui payait, elle qui n'avait rien à voir dans ses différends avec Pry. Elle le méprisa pour cette bassesse.
La cavalcade se prolongeait depuis longtemps lorsqu'enfin apparut à l'horizon une île verdoyante. Une silhouette se profilait sur le rivage semblant attendre patiemment.

"Lianna...Bienvenue chez toi, mon amie. Je suis heureux de te voir saine et sauve."

Arek et son habituelle gentillesse... ou hypocrisie. Encore toute à sa colère, la jeune femme ne répondit à ces voeux de bienvenue que par un regard noir. L'hybride se tourna alors vers Duran qui venait de mettre pied à terre

"Merci à  vous Duran. Je suis heureux d'avoir choisi la bonne personne."
"Je vous paye ma dette de vie. Mais ne vous avisez pas de lui faire du mal. Ce sont les Cynwids et vous qui devez mourir."
"Vous payez votre dette de vie en lui livrant la mienne...Comme c'est touchant." grinça Circé entre ses dents.
"Rien de tout cela ne serait arrivé si vous étiez capable de tenir Pri. Si elle ne m'avait pas battu à  Dalaran, je n'aurais jamais été un cobaye, et Zuidacra n'aurait jamais eu à me sauver."
"Peu m'importe les raisons que vous vous trouvez, Duran...Rien excuse votre trahison envers moi qui ne vous ait pas fait le moindre mal." répliqua-t-elle sèchement.

La jeune femme sauta lestement de sa monture. Maintenant que le piège s'était refermé sur elle, Venemion lui faisait pleinement don de sa force. Il n'y avait plus d'issue par où elle aurait pu s'échapper. Se tournant vers le jeune homme, les poings crispés, elle semblait difficilement contenir son envie d'en découdre.

"Bien...maintenant, Venemion va se retirer de vous, Duran... et vous pourrez vous en aller."

Après avoir hésité devant le regard chargé d'orage de la jeune femme, Duran s'approcha d'elle et la toucha, déclenchant aussitôt la riposte : un coup de poing magistral en plein visage qu'il ne tenta pas même d'esquiver. Le contact avait cependant rempli son office : la mage avait sentit aussitôt la masse pesante d'une nouvelle part de Venemion se couler en elle.

"Et maintenant, disparaissez. "

Circé se détourna de Duran, remontant vers le haut de la plage d'un pas énergique, la tête haute, et s'immobilisa enfin là où l'herbe rase commençait à pousser. Elle attendit patiemment que son cher ami d'enfance la rejoigne. Le vent lui portait les quelques paroles qu'ils échangèrent encore concernant Pri... Arek projetait de la faire venir ici.
La jeune femme soupira. Que n'aurait-elle pas donné pour disposer encore de ses pouvoirs... prévenir son amie de la menace qui pesait sur elle...
Circé observa les alentours d'un œil morne. Un tel calme se dégageait de cet endroit... En dehors des voix des deux hommes, seul le bruit du ressac venait frapper l'oreille de son rythme doux et apaisant. Nul animal ne semblait y vivre... Aucun oiseau, bête ou même poisson ne semblait hanter l'endroit d'une présence.
le son moelleux des pas dans le sable ne tardèrent pas à l'avertir de l'approche d'Arek. Sa curiosité lui fit accepter une visite de l'île...
Nul ne la trouverait ici affirmait-il... Seul ceux qui étaient les bienvenus arrivaient jusque là et la jeune femme le crut sur parole. Elle le savait assez minutieux pour avoir trouvé l'artifice rendant cela possible... D'une manière où d'une autre...
Un laboratoire d'alchimie dans une grotte gardée par les molosses de Zuidacra, et une hutte qui contenait tout le nécessaire au confort d'une femme...ou de deux, voilà les deux seuls endroits remarquables de l'île.

Etait-ce l'épuisement moral des derniers événements ? La jeune femme ne se sentait plus la moindre once de colère ni de révolte. Regardant le large auprès d'Arek, tout lui semblait presque terriblement...normal. Telles que les choses devaient être... Ce sentiment fit à nouveau émerger la question qui la taraudait.

"Notre rencontre... il y a si longtemps... Etait-ce le hasard, Arek ?"
Un silence se fit avant qu'il réponde à la question.
"Je profitais de ce jeune corps, ayant encore tout mon savoir d'antan, celui des Cynwid. Et...tu es apparue. J'ai oublié dès cet instant que j'étais Cynwid. Cela  n'avait plus d'importance. Je vivais dans un rêve avant que... Je ne doive monter dans le Nord pour rejoindre les Ecarlates. Tu étais si loin, les horreurs vinrent à  se succéder... La Tourmente était grande. J'ai accepté d'être ce que j'étais mais... Il m'était impossible de t'oublier. Alors, j'ai lâché Rougecroc sur ton ami... Ensuite, l'Expérience a commencé."

La jeune femme sembla sceptique. Il avait éludé la question... N'y répondant que partiellement et essayant de flatter son ego... Mais qu'importait ? Il en revenait toujours au même sujet : L'Expérience...
Il en avait déjà tant dit lors de la visite qu'ils venaient de faire. Sa nouvelle génération... Pri...Qui devait devenir sa première fille à venir... La dame Tourmente...La voie de l'excès.
Sa propre transformation pour la sauver de la maladie de Leanik qui la tuait, hâtant de ce fait son protocole expérimental. Une Matrice cynwid qui rendrait les siens encore plus forts... Voilà ce qu'il lui réservait... et pourquoi pas...si elle le voulait... laisser vivre les anciens...? Après tout, ils avaient bien évoluer sous son égide, retrouvant des sentiments que l'ancienne Matrice leur avait volé... Peut être que, finalement, il en ressortirait quelque chose... et ils avaient été de merveilleux enseignants pour la future génération...

Avait il pu choisir les cynwid qui allaient survivre à la destruction de l'ancienne Matrice ? Arek donnait des réponses qui soulevaient tant de nouvelles questions. Mais à quoi bon les poser ? Il ne répondrait pas... Circé les garda donc pour elle. Les craintes qu'elle nourrissait semblaient cependant se confirmer...
Elle croyait les guider mais se pouvait-il qu'en réalité cela avait été le contraire ? Pri n'était-elle pas presque devenue une cynwid sous l'égide d'Asnathgriffe ? Et elle même... n'avait elle pas appris à manier les ombres sous la direction de Rougecroc puis du Tourmenteur ? Ses enfants avaient-ils seulement conscience de servir les plans de leur créateur de la sorte ? ou mentaient-ils tous, les manipulant ?

On la menait sur une voie bien définie, depuis le début, lui faisant miroiter comme indispensable cet enseignement pour des raisons à chaque fois différentes... pour sa survie et celle des siens...la destruction de leur ennemi et toujours, toujours elle allait plus loin sur ce chemin qu'on lui indiquait, sachant parfaitement, au fond d'elle-même, que lorsque le moment viendrait, cela se retournerait contre elle et causerait sa perte...

Un frisson la parcourut lorsqu'Arek troubla le silence qui s'était installé, confirmant ses craintes :
"Je vais te rendre ton droit à l'Ombre... Pendant ton sommeil, je t'offrirais l'aventure. Dis-toi que ce sera de l'entrainement pour le jour où il faudra me vaincre."
La croyait-il donc si dupe ? Finalement, un léger sourire étira les lèvres de la jeune femme. Visiblement, il n'avait plus de temps à perdre si il devait la transmuter avant que le mal nécromantique ne la tue. Il voulait qu'elle continue d'apprendre...
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Message  Circé Arlann Mar 13 Avr - 17:55

Circé avait décliné l'offre d'Arek. Dormir auprès de lui pour qu'il la fasse rêver, dans ses bras même...Alors que la jeune femme fronçait les sourcils, un sourire en coin venait étirer les lèvres de l'homme.
"Crois-tu que je vais profiter de la situation ? Que crains-tu ? Tu es déjà à ma merci. "
"Je ne crains rien, non, mais je pense que Rougecroc n'apprécierait pas réellement l'idée, tout simplement. "

Elle était donc rentrée seule dans la hutte. Sous une trappe que soulevait aisément un mécanisme de cordes, elle découvrit une source d'eau chaude naturelle. La vasque avait été taillée pour accueillir une personne. Sur le pourtour était placé quantité d'huiles et savons aux parfums enivrants. S'immerger dans cette eau avait été un pur bonheur touchant presque à l'ivresse. Avec le sable, la poussière et le sang, elle avait l'impression que se détachaient d'elle également toutes ses rancunes, ses craintes et ses doutes. Venemion avait soigné les blessures que lui avait laissé la torture, n'en laissant pas le moindre souvenir sur sa peau.
La mage sortit de ce bain avec l'impression d'être aussi légère qu'une plume et de flotter sur un nuage. La curiosité aidant, elle s'intéressa aux restes des aménagements qui avaient été fait pour elle...et pour Pri bientôt.
Sur la table trônait un magnifique ensemble de plumes et de vélins, un choix d'encres aux couleurs éclatantes.
Ecrire... mais à qui ?
A côté un coffret révéla divers poudres et parfums. Un grand miroir de bronze lui rendit son regard. Elle put y constater avec amertume que la maladie avait nécrosé presque entièrement sa peau à présent, étendant ses tâches brunes aux contours incertains sur son corps et son visage.
Se faire belle, sentir bon, mais pourquoi ?...et surtout comment ?
Haussant les épaules, elle se dirigea vers l'armoire et l'ouvrit. Le meuble offrit alors à sa vue des robes de toutes les couleurs et de toutes les coupes qu'elle aurait pu souhaiter. Il suffisait qu'elle émette un souhait pour aussitôt y trouver l'objet de son désir en ouvrant les battants.
Le lit même n'aurait su être plus confortable. Matelas moelleux à souhait qui semblait prendre exactement la forme qui convenait au repos de son corps perclus. Les couvertures étaient si douces que leur contact semblait une caresse.

Malgré le calme surnaturel qui régnait sur l'île et tout le confort qu'on avait mis à sa disposition, Circé ne parvint pas à trouver le sommeil. La proposition d'Arek la troublait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Quel but poursuivait-il donc ? Simplement celui de la mettre mal à l'aise ? D'accroitre ses doutes ? C'était bien possible. Elle finit donc par chasser son vieil ami de son esprit pour se concentrer sur le vrai problème. L'Ombre lui refusait son aide...et serait peut être sa perte un jour... mais elle ne pouvait compter sur rien d'autre pour se sortir de ce mauvais pas... Elle devait payer le prix que l'Ombre exigeait d'elle. Venemion palliait à sa faiblesse physique, l'empêchant de rembourser sa dette... Il fallait que cela cesse.
A l'aube elle se redressa sur sa couche pour méditer. La journée passa ainsi sans qu'elle ne bouge de plus d'un mètre, limitant autant que possible ses déplacements. Elle n'alla pas même jusqu'à la table où pourtant apparu un plat au fumet des plus alléchants. La jeune femme tâcha de se réfugier en elle-même pour faire abstraction de toutes les tentations que son environnement lui offrait.

Deux jours s'écoulèrent. La nuit était déjà bien noire lorsque la porte de la hutte s'ouvrit livrant le passage à Arek...et à Pri.
Son amie manifesta une certaine surprise à la trouver là. La joie des retrouvailles fut mitigée. L'avenir ne s'annonçait pas particulièrement clément et Zuidacra ne leur laissa guère le temps d'échanger plus de quelques mots avant de prendre la parole.

"Lianna...Tu devrais te restaurer. Je pourrais t'y contraindre mais cela me déplairait réellement...Alors épargne nous ça... "
"Crois bien que je n'en ferai rien. Dans un cycle je serais morte de toute façon...Que je mange ou non..."
"Morte? Le crois-tu vraiment?" fit Arek en extirpant un épais volume d'un pli de sa robe. Circé le reconnut aussitôt. L'ouvrage qu'elle avait découvert dans le repère de Leanik. Il y avait scrupuleusement répertorié toutes ses expériences et projets mais elle n'avait pas trouvé la moindre allusion à la maladie qui les accablaient. Elle hausse donc un sourcil intrigué. Attendant que l'homme poursuive.
"Un cadeau d'Albrecht... Nous en rediscuterons lorsque tu sauras te montrer raisonnable. "
Il se tourna alors vers Pri, s'adressant à elle sur le ton du badinage :
"J'ai promis à Duran de lui offrir un combat de pugilat contre toi dans une arène, cela ne te dérange pas? J'ai préféré ça à lui laisser le soin de te capturer."
"Il n'a aucune chance... "
"Je sais oui..." fit-il avec un sourire avant de se retirer.

Les deux amies purent parler seule à seule et s'échanger le récit des derniers événements. En si peu de jours il s'était passé tant de choses...Et la situation méritait quelques éclaircissements d'un côté comme de l'autre ainsi que sur ce qu'il conviendrait de tenter pour se sortir de la situation désastreuse dans laquelle elles étaient enferrées...Le suicide ne leur paru pas la plus mauvaise mais leur hôte empêchait toute tentative de ce type.
Venemion se rappela d'ailleurs à leur souvenir en leur annonça que les cynwid étaient entrés en stase lorsque Circé avait perdu son affinité avec l'Ombre et qu'Asnathgriffe avait ainsi pu être capturé par l'inquisition. Selon les nouvelles que Pri avait reçu de Zuidacra, Keen était sauve et libre grâce à ses soins.

Arek finit par franchir à nouveau le seuil de l'habitation. Il n'avait visiblement rien manqué de leur conversation et se mit à disserter des avantages que Pri retirerait du fait de devenir un cynwid...voie sur laquelle elle s'était elle-même librement engagée.
Il essaya alors de les convaincre de manger et Pri lui opposa une fin de non recevoir, tel un défi, lui rappelant du même coup qu'elle ne se nourrissait plus que de tourmente.

"Vous parliez de tuer Circé avant mon arrivée... Désires-tu te repaître de sa souffrance avant ça ? Voudrais-tu jouer de la lame sur son corps comme le "Petit frère" le ferait?"
Levant les mains tel qu'un marionnettiste l'aurait fait, Arek poursuivit :
"Lève-toi et La Griffe, prend-la... Plus tu résistes, plus tu me facilites les choses."
Tel un pantin, Pri s'était levée, arrachant l'arme qui pendait à sa taille avec des gestes saccadés. Elle se rapprocha de Circé de sa démarche bancale.
"Tu vois Circé. J'ai demandé quelque chose avec politesse, et il a encore fallu en arriver là. Coudes et genoux... Quatre articulations... Je te laisse y plonger la Griffe et reprendre le contrôle. Il y a des bandages et le nécessaire..." fit l'ancien moine d'une voix presque navrée avant de sortit de la hutte d'un pas nonchalant.
Circé fixa Pri qui continuait d'avancer, résistant comme elle le pouvait, mais la future victime désignée ne fit pas un geste pour se lever ou échapper d'une quelconque façon aux blessures qu'elle allait recevoir.
Au dernier moment, Pri s'effondra devant elle, à même le sol et quelque peu soulagée que cette macabre comédie s'achève. Circé fit un geste vers elle pour l'aider à se relever mais à cet instant précis, levant haut le bras au dessus de sa tête, Pri abattit la Griffe dans la cuisse gauche de son amie, la transperçant, et lui arrachant un hurlement de douleur.
Recouvrant aussitôt le contrôle d'elle même, la guerrière jeta la Griffe loin d'elle, dans un coin de la pièce, et bondit sur ses jambes pour chercher de quoi soigner Circé qui comprimait la plaie comme elle le pouvait.
Elle avait l'étrange sensation que sa jambe n'était plus qu'un vulgaire quartier de chair morte, qui ne lui appartenait même plus. Aucune sensation n'en émanait à présent, même pas la douleur de la blessure qu'on venait de lui infliger. Plus que le sang qui s'en échappait entre ses doigts crispés, c'est cette sensation qui paniquait la jeune femme. Retrouverait-elle jamais l'usage de sa jambe ?
"Circé... Je suis... désolée... " balbutia Pri tout en entreprenant de recoudre la blessure sans que la mage sente la moindre piqure de l'aiguille.
"Ce n'est pas à toi d'être désolée." répondit la mage en dirigeant un regard noir vers la porte où venait de disparaitre Arek. Malgré leur demande, Venemion ne semblait pas disposé à la guérir comme il l'avait fait quelques jours plus tôt.
Son travail de soin achevé et sans doute épuisée moralement, Pri s'allongea et finit par s'endormir, laissant Circé seule avec ses pensées.

Un moment de calme qui ne dura pas bien longtemps...
"Pourquoi... Pourquoi Lianna cette défiance aujourd'hui?" fit la voix d'Arek dans son esprit.
"Tu veux contraindre mon amie à être ce qu'elle ne veut pas être... Tu veux tuer des êtres qui me sont chers...ou les changer...Comment pourrais tu m'inspirer autre chose que de la défiance ?"
"Ils ne mourront pas. Si tu me rejoins, eux feront de même et ensemble nous pourrons œuvrer pour l'Expérience...La Création de cette nouvelle génération."
"Pourquoi ne viens-tu pas m'en parler face à face Arek ?"
Il fallut peu de temps pour voir la porte de la bâtisse s'ouvrir à nouveau et livrer le passage à son ami d'enfance. Un léger sourire vint étirer les lèvres de la mage lorsqu'elle le vit s'approcher d'elle.
Lorsqu'il fut assez proche, Lianna lui décocha un coup rapide directement dans la pomme d'adam. La chair sembla se déformer sous l'attaque, comme de la gelée, avant de reprendre peu à peu sa forme originelle. La voix qui s'éleva de cette gorge était éraillée mais le visage ne reflétait nulle douleur, simplement de la surprise :
"Je ne comprends...pas..."
"Tu sembles moins sensible que l'autre soir...Dommage. Mais je te promets que tu n'emporteras pas la blessure que je porte à la cuisse dans l'Après, Arek... "
"J'ai donné carte blanche à Vénémion. Vous étiez prévenue. Ne t'en prend qu'à toi-même."
"Tu devrais pourtant savoir que je n'ai jamais marché ni au bâton ni à la carotte. "
"Je ne vais pas empoisonner votre nourriture et je vous offre Le repos. Et également de la discussion. Mais je ne veux pas te faire souffrir mon amie."
Lianna soupira, secouant la tête...
"Menteur..."
"Non... Celui-là est perdu sous l'identité d'Alexandre d'Umberlie quelque part dans Hurlevent. D'ailleurs... Si l'Inquisition venait à le trouver..."
"C'est une menace ? "
"Mange et j'assurerai sa protection, je te le montrerai par la magie."

Toujours Arek en revenait au même point. A la même obsession : elle devait manger. Qu'importe ce qu'il en attendait, elle pouvait peut être en profiter pour obtenir quelques avantages, des réponses à ses questions. Keen était hors de danger selon lui, Raimund s'étant finalement révélé un allié... Ils étaient tous dans une maison à Dun Morogh...
Rassurée, elle l'était, mais ce fut-elle qui le renseigna le plus. Arek comprit que le cynwid que portait Zephyrnost n'était autre que Savia... Quelle idiote elle avait été de se persuader qu'il s'agissait de Venemion en voyant les deux hommes ensemble... Mais comment aurait elle pu penser qu'aussi proche, la présence de Savia avait pu échapper à Zuidacra, même en stase ?
Elle devait communiquer avec l'extérieur à tout prix pour les mettre en garde, tous, contre les hypothétiques conséquences de ce qui se tramait. Arek continuait d'insister... C'était le moment :

"Je ne vous demande que de prendre du repos et de vous nourrir. Faites ça simplement et vous pourrez disposer des lieux à votre guise. Je peux toujours t'emmener dans d'autres visions. Aucun contact prolongé ne sera nécessaire, mes fragments suffiront."
La concession qu'il fit, la fit sourire.
"Tu as renoncé...? Tu comprends vite..."
"Ne m'oblige pas à me comporter comme Bessem alors que tu sais que tu peux avoir Arek... S'il-te-plait..."
"Soit... Je mangerais si tu me permets une chose... "
"Expose ta partie du Pacte."
"Laisse moi parler à Alexandre. Je veux lui dire de quitter la ville. Je veux le voir et qu'il me voit. "
"Entendu. En échange, demain tu devras t'être nourrie, reposée et vêtue de la robe que tu trouveras pour toi dans l'armoire. Maintenant, sortons."
Devant le refus de Circé de bouger, Arek se mit à murmurer et elle sentit les forces qui habitaient son corps se dissiper.
"Voila, maintenant que tu es seule à tenir sur tes pieds, tu m'accompagnes?"
Testant ses forces et sa jambe blessée qu'elle commençait à nouveau à sentir faiblement, la jeune femme se leva et fit quelques pas hésitant et titubant jusqu'à la sortie.

Dehors, tout était calme, seule un vent léger agitait les frondaisons des quelques arbres de l'île. Le ciel rempli d'étoiles était une véritable merveille mais Circé n'en avait que faire. Arek jouait avec la Griffe en testant la maniabilité. Il la rendrait à Pri dès le lendemain selon ses dire et rangea l'arme avant de lui tendre la main. Circé l'accepta sans la moindre hésitation. Il ferma les yeux, semblant se concentrer, des murmures semblèrent s'élever des ombres les environnant. Elle ne les comprenait pas, coupée de l'Ombre qu'elle était, mais elle savait qu'il s'agissait de la langue des cynwid.

L'air se refroidit brutalement et tout sembla se figer puis s'estomper, se fondant en un mélange de couleurs qui reprit bientôt forme différemment. Une voute sombre et basse, au sol spongieux. Derrière elle, elle pouvait entendre le clapotis de l'eau et le murmure du vent. L'entrée des égouts d'Hurlevent...
Un feu de camp brûlait devant lequel se trouvait celui qu'elle avait souhaité voir : Alexandre d'Umberlie. Il semblait absorber dans ses pensées et ne pas avoir noté sa présence. Avec douceur, pour ne pas l'effrayer, elle murmura son nom. Il eut un mouvement de recul en relevant la tête, l'air méfiant.
Il la reconnut rapidement, cependant. En quelques mots, il lui fit le récit de ce qu'il avait fait depuis son nouveau "réveil", déplorant que cela soit survenu. Son âme morte n'aspirait plus qu'au repos. Elle le prévint que l'inquisition était sans doute à sa recherche, ou plutôt à celle de Rougecroc dont il avait l'aspect, et qu'il devait se cacher bien qu'il l'ait visiblement déjà compris.
Il semblait désireux de la rejoindre, de l'aider, et elle lui confia alors la mission de prévenir le Talion de leur destinée à elle et Pri, lui donnant les quelques indications qu'elle avait de leur retraite. Et enfin... elle l'avertit du danger qui guettait Savia maintenant que Zuidacra savait où elle se cachait....Peut être, si Zephyrnost le capturait, pourrait il monnayer ce savoir...

"Tu tiens à me compliquer la tâche avec ton ennemi ? Comme c'est intéressant."
Le contact se rompit rapidement et Circé rouvrit les yeux, à nouveau sur l'île. Il ne lui fit pas le moindre reproche. L'enserrant dans ses bras, il lui transmit les fragments qui devait permettre à la mage de poursuivre son entrainement puis partit sans un mot de plus.

Après avoir regagné sa couche, Circé s'appliqua à respecter sa part du pacte.
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Message  Circé Arlann Ven 21 Mai - 13:18

Allongée sur le dos, Circé rouvrit les yeux, portant, dans un réflexe, la main à sa tête. Elle n'y voyait rien, comme éblouie, mais elle sentait la main de Pri sur son épaule, réconfortante. Elle entendait le son de sa voix au milieu des bourdonnements dont son crâne était emplit.
Quelques battements de paupières finirent par dissiper la brume blanchâtre au travers de laquelle elle percevait ce qui l'entourait.
Avec d'infinis précautions, comme craignant de découvrir une vive douleur, elle fit pivoter sa tête pour mieux voir son amie, agenouillée près d'elle.

"Circé ? Tu vas bien ?"
"Oui...Je crois...? et toi ?"

Circé prit le temps de scruter avec attention la jeune femme rousse. Elle semblait être rester la même...Soulagée, elle referma les yeux à nouveau, essayant de rassembler ses idées. Que s'était il donc passé ?

Parasitée par Vénémion qui contraignait son corps à agir selon la volonté de Zuidacra, elle avait participé malgré elle à la transmutation de Pri. Duran était présent, occupé à aboyer des menaces à l'encontre de Zuidacra, le maître qu'il s'était pourtant librement choisi.
Le rituel...
Les sourcils de la jeune femme se froncèrent. Quelqu' chose s'était produit...
Elle se souvenait du regard de défi que Pri avait jeté à leur persécuteur juste avant cette...explosion.

Circé se redressa sur son séant, emplissant ses poumons de l'air chargé encore de poussière, ce qui la fit tousser quelques fois. Son regard balaya la scène : des fragments de roche s'était écroulé du plafond, ce qui était responsable de toute cette fumée... Instinctivement, elle leva les yeux et frissonna. Ils auraient pu tous finir le crâne fracassé... Duran était toujours à la même place, continuant à débiter des paroles auxquels personne ne faisait attention... Pri s'était éloignée, cherchant frénétiquementt quelque chose parmi les éboulis. Du devenir de Zuidacra et Vénémion, pas le moindre indice : ils avaient tout simplement disparu. Elle chercha plus attentivement, plissant les yeux pour tâcher de mieux distinguer les détails, et fut heureuse de constater que l'Ombre répondait à nouveau à son appel.
Ses espoirs furent alors pleinement confirmés...De leurs ennemis ne subsistaient en leur corps que quelques vagues traces d'Ombre, souvenirs du parasitage dont elles avaient été les victimes.
Pourtant... elle percevait en elle une sensation étrange. Tournant son attention sur sa propre personne, elle tâcha de préciser mais sans le moindre succès.
Le cri de victoire de Pri, qui brandissait la Griffe enfin retrouvé, l'arracha à ses réflexions.

"Et maintenant, allons nous en !"

Elles se relevèrent toutes deux, se dirigeant d'un même pas vers le haut de la caverne, talonné par Duran.

"Hé ! Vous m'ignorez ou ne m'entendez pas ?"
N'y tenant plus, Circé se retourna vers lui, le regard flamboyant.
"Oui. On vous ignore. Et vous devriez vous en réjouir...Croyez-moi, vous concernant, nous pourrions faire bien pire !"
Elle reprit sa marche, hâtant le pas vers Pri qui ne s'était pas même arrêtée. Elles atteignirent bientôt la sortie mais le spectacle qui s'étala devant elles avait de quoi surprendre...
Evaporées île et mer... Une étendue neigeuse où perçaient par endroit les hivernales s'étalait, recouvrant vallées et montagnes.

Alterac...
Elles n'eurent qu'à échanger un regard pour savoir qu'elles avaient la même idée de leur localisation.
Aussitôt elles entreprirent la marche qui devait les ramener vers le monde civilisé. Glissant et peinant pour avancer dans la neige épaisse, la descente de la montagne fut une véritable torture pour Circé, vêtue seulement de la robe que Zuidacra lui avait imposé et qui ne dissimulait pas grand chose de ses formes.
Après plus de deux heures de marche, elles atteignirent un petit village. Circé attendit à l'extérieur :les nécroses dont son corps étaient couvert aurait aussi bien pu la faire passer pour une réprouvés dont la présence dans les environs étaient fortes. Effrayer les habitants ne les mèneraient pas loin...Elle s'était donc dissimulée dans un taillis en attendant le retour de Pri.
Ses mains, tendues devant elle, elle pouvait maintenant constaté que son état semblait s'être amélioré : elle ne tremblait plus...Zuidacra avait dû mettre le remède dans la nourriture qu'elle avait absorbé dans la journée.

Pri ne tarda pas à revenir, juchée sur un cheval de trait. Elle lui tendit aussitôt la main pour l'aider à se hisser derrière elle, visiblement pressée de quitter les lieux. Aussitôt Circé installée, la guerrière éperonna sa monture la lançant au galop, laissant Duran qui continuait de roder auprès d'elles, seul avec lui-même.
Où donc aller...? On ne laisserait sans doute pas deux mendiantes dormir à l'auberge de Austrivage...Surtout pas quand l'une paraissait, après les lésions de son corps, plus morte que vive...
Circé finit par proposer le manoir Ravenholdt, niché dans les montagne... Elle avait été envoyé vers eux comme coordinateurs dut une époque. on lui ferait certainement meilleur accueil là bas que dans une ville où elle était étrangère...
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Message  Circé Arlann Ven 21 Mai - 13:47

Le silence de la nuit rendait l'endroit plus irréel encore. Tout, arbres, plantes, roches, semblait luire d'une secrète magie mais autour de ce lieu préservé où l'on sentait l'influence du rêve d'émeraude, la province ravagée exhalait un parfum de mort. Le contraste n'en était que d'autant plus saisissant.

Au bord du puits de lune, un couple s'étreignait passionnément. Leurs gestes exprimaient mieux qu'aucun mot le feu du désir qui les possédait.
La femme avait laissé ses cheveux châtains occulter ses traits mais l'homme, le visage levé vers elle, semblait guetter, malgré tout, le moindre de ses aveux de son regard bleu acier.
Sa main écarta la soyeuse parure pour venir se poser en une caresse sur sa joue. Elle répondit à ce geste en déposant au creux de la paume de légers baisers tandis que ses doigts venait enserrer le poignet de son amant.
Soudainement, elle se crispa, ses ongles s'enfonçant dans la chair, arrêtant net tout mouvement, le corps tendu, alors que son regard n'exprimait plus qu'une muette horreur.
Elle baissa les yeux sur l'homme assis contre la roche qui, lui aussi, s'était mis à regarder autour de lui, visiblement surpris. Croisant le regard de sa compagne, il murmura :

"Circé... Je t'assure que ce n'est pas moi... "
Elle acquiesça simplement, regardant maintenant autour d'elle, les yeux légèrement plissés, semblant chercher quelque chose dans les ombres, puis, poussant un soupir de frustration, elle éleva la voix :
"Montre toi ! Aurais-tu peur ?"

Le chant, le même que depuis quelques nuits déjà, résonnait maintenant à ses oreilles, lugubre, alors qu'elle continuait de scruter l'obscurité... et soudain, une forme apparut fugitivement, noire, longue. Une silhouette de femme au visage cachée mais dont les mains et les pieds nus avaient une blancheur maladive...
Elle disparut aussitôt, mais l'illusion dont l'esprit des amants étaient prisonniers persistait encore. Un charnier...Elle pouvait presque en percevoir les exhalaisons putrides. Chacun des visages pourrissant, où se lisait encore la douleur de l'agonie, lui était connu. Ses amis. Leur corps reposait là, dans cette fosse, dans des positions grotesques ou impossibles, les articulations de leurs membres semblant avoir lâché sous l'effet de quelques supplices abominables.
L'horreur la submergea à nouveau.
Une illusion...Ce n'est qu'une illusion, sotte...
Mais elle n'arrivait pas à s'en convaincre, son cœur commençant à battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle ferme les yeux pour échapper à la vision, incapable d'en supporter davantage.

Sous elle, elle sentit le corps de Rougecroc se tendre, ses mains se crisper sur ses hanches. Entre ses cils, elle perçut l'expression de son visage, assez éloquente pour ne laisser aucune doute sur la nature de son émoi.
Alors qu'elle le regardait, elle sentit l'illusion se dissiper autour d'elle. Le chant s'était tu lui aussi. Quelques instant passèrent avant que sa panique disparaisse elle aussi.
Doucement elle posa un doigt sur les lèvres de Rougecroc qui balbutiait des mots d'excuse avant de se pencher pour le faire taire d'un baiser.
Une étrange appréhension lui étreignait toujours le coeur...Une sensation qui n'avait rien à voir avec le tourment qu'elle venait de subir. Tout cela n'avait pas été gratuit...Son instinct le lui criait.
Et que peut on attendre d'autre de pareille étreinte que l'avènement d'une vie nouvelle ? Mais comment pareille chose pouvait-elle être possible ? Après tout il n'était pas...

Doucement, elle se dégagea des bras de Rougecroc et s'éloigna de quelques pas, se dissimulant derrière la roche.
La jeune femme prit une des fioles vides que contenait sa besace et la déboucha silencieusement...
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Message  Circé Arlann Dim 30 Mai - 15:20

Assise à l'une des tables du Corbeau Ecarlate, Circé reposait sa nuque contre le dossier de son siège, les yeux clos. Ses mains ouvertes, posées sur ses genoux, paumes vers le haut, présentaient de nombreuses coupures et plaies. Elle venait d'y étaler un baume cicatrisant afin de hâter sa guérison afin d'être en mesure, demain, dès l'aube, de poursuivre la cueillette de la pâlerette aux côtés de Nalia.
Strangleronce était à une distance raisonnable à cheval, et elles préféraient passer quelques heures à chevaucher pour gagner un lieu où on leur proposait gite et couvert plutôt que de camper en pleine jungle, à veiller près du feu à tour de rôle de crainte de voir une bête fauve vous attaquer durant la nuit.
Cela faisait plusieurs jours que ce manège là durait... Son estimation lui donnait une quantité de trois mille plantes pour emplir le baquet suffisamment le baquet où elle devrait immerger Rougecroc.

La jeune femme frissonna légèrement : Rougecroc... Combien elle aimerait être auprès de lui en cet instant...Lui murmurer de tendres paroles à l'oreille dont, peut être, il percevrait un écho dans les brumes de son inconscience...Il reprenait de moins en moins conscience au fur et à mesure que la maladie marquait plus profondément son corps : le chancre rouge se propageait, rendant sa peau rouge et dure comme de la pierre.
Les cynwid veillaient sur lui...Au moindre changement, elle serait avertie sur le champs. Elle ne devait pas s'inquiéter... Juste s'appliquer à cueillir, encore et encore, le remède qui viendrait à bout de cette étrange maladie...
D'après les dernières découvertes qu'elle avait faites, le composant essentiel nécessaire à la création des cynwid n'était autre que les restes des organes d'une personne morte de la sclérosos... Et ce qui rongeait Rougecroc, cette chose qui semblait douée d'assez de conscience pour attaquer les cynwid qui passait à sa portée, avait été créé avec minutie à partir du remède, découvert récemment, de cette terrible maladie...
Après quelques recherches à la bibliothèque royale de Hurlevent, elle finit par apprendre qu'en cas de surdose du médicament, l'administration de jus de palerette permettait d'absorber la substance et qu'elle était, en réalité, extraite d'un scarabée bousier que l'on trouvait dans le nord de Strangleronce.
Elle en avait d'ailleurs vu quelques uns durant la journée qui venait de s'écouler.
De là à conclure que le mal qui atteignait Rougecroc était en réalité l'un de ces insectes transmutés, il n'y avait qu'un pas...qu'elle avait allègrement. L'étude qu'elle avait mené dans le laboratoire d'alchimie lui avait révélé la présence de l'Ombre...et d'autre chose... Peut être la Lumière...? Il faudrait qu'elle pose la question à Tiriel...
Après avoir testé la réaction du jus de palerette sur un échantillon de la maladie, il s'avéra que la méthode était efficace pour soigner Rougecroc.

Elle en était là de ses réflexions lorsqu'elle entendit un pas léger se diriger vers elle et aperçut entre ses cils la silhouette de Nalia. Circé redressa la tête pour sourire à son amie qui s'installa près d'elle. Elle venait tout juste de terminer de panser les chevaux. La mage entreprit alors de soigner les mains de sa compagne qui avait souffert autant que les siennes de leur expédition.

"Demain sera sans doute le dernier jour... La cueillette sera alors suffisante et je pourrai administrer le remède à Rougecroc... Sans toi, je ne serais sans doute jamais parvenue à temps à en récolter autant... C'est à toi plus qu'à moi qu'il devra sa vie."

Souriante, la jeune femme aux cheveux noirs, secoua négativement la tête avec modestie.
"Je n'ai fait que te soutenir...Rien d'autre... C'est toi qui a trouvé ce qu'il lui fallait."

Circé allait répondre à son tour mais Nalia s'était tendue, fronçant les sourcils, à l'écoute. Inquiète, la mage plissa simplement le front dans l'attente de ce qu'allait lui dire son amie. Leur regard se croisèrent enfin.
"Je l'entend chanter." fit-elle.

Cette simple phrase suffit à glacer Circé jusqu'aux os. A elle d'être tendue à présent. Le chant de la Ruine résonnait pour Nalia... Plissant les yeux, scrutant via l'ombre ce qui les entourait, Circé cherchait où sa némésis pouvait bien se cacher.
Sénésciâme, celle qui fut la mère du petit Nelio devenu Neliogre...Celle qui les avait surpris, elle et Rougecroc, au bord du puits de lune l'autre nuit, celle qui avait aidé Duran à contaminé Rougecroc avec cette terrible maladie pendant qu'elle s'occupait de restaurer son lien avec Souffronce qu'elle avait cru mort pendant tant de grands cycles...
Sénéciâme... dont le chant de ruine annonçait les champs de ruines à venir.

Pas l'ombre d'une silhouette encapuchonnée cependant. Comment réussissait-elle à se soustraire à sa vue ? Le chant se poursuivait aux dires de Nalia et, saisissant son communicateur, Circé fit une demande de code orange à Amadrios, seul sur la fréquence du Talion.
Lorsque ce dernier arriva enfin, le chant s'était tu aux oreilles de son amie mais alors que la mage posait le regard sur elle, toujours réceptive aux ombres, elle le vit. Un énorme cynwid qui s'installait lentement, imperceptiblement, dans le corps de Nalia.
Utiliser l'Ombre au milieu de cette salle d'auberge bondée était impensable...
Avec un calme qui ne trompaient guère ses compagnons, elle leur déclara avoir envie de faire une promenade "digestive"...

L'air froid, les ténèbres lugubres qui enveloppaient toujours les Bois de la Pénombre lui fit courir un frisson le long de la colonne vertébrale. Un mauvais pressentiment.
Se dirigeant aussitôt vers une des granges un peu à l'écart de la ville, elle n'eut aucun mal à y pénétrer.
Amadrios avait perçu le comportement étrange de son capitaine comme une menace et s'interposant entre elle et Nalia. Perdre de précieux instants en explications est bien ce qu'elle aurait voulu éviter et lorsqu'enfin elle put opérer, le cynwid avait fini de s'installer, occupant l'intégralité du corps de Nalia. Il semblait maintenant totalement inamovible. L'Ombre n'y faisait rien...C'était comme saisir un pan de montagne avec l'intention de la soulever. Elle tenta de briser son lien pour le lier à elle mais à sa grande surprise il n'en avait pas le moindre... ce cynwid était indépendant... pourtant la Ruine l'avait annoncé, avait distrait leur attention pour permettre sa venue... Il était donc un ennemi.

Nalia n'en menait pas large et finit d'ailleurs par s'écrouler sans que leurs paroles ne semblent lui parvenir, son regard ayant pris une étrange fixité. Lorsqu'elle reprit ses esprits elle articula très clairement, cherchant les yeux de Circé :

"Ergastule... C'est le seul mot qu'il prononce..."
"Ergastule ? répéta la mage avec un froncement de sourcil, j'ignore totalement ce que cela peut vouloir dire... Avez vous une idée Amadrios ?"

Mais le golem non plus ne semblait ne rien en savoir, s'il ne s'agissait pas tout simplement du nom du cynwid...

Les talents de Circé ne suffisant visiblement pas à rétablir la situation, il était inutile de s'obstiner...mieux valait chercher à le comprendre. Nalia et Circé partirent pour Hurlevent, la bibliothèque royale étant ouverte à toute heure afin de permettre aux savants de la cité de s'adonner à leur occupation préféré quelque soit l'heure de la nuit, notion dont la plupart n'avaient qu'une vague idée.
Ce fut un vieux livre d'Arathorien qui leur révéla la signification du mot qu'elle recherchait :

"Ergastule désigne une prison où les conditions de vie sont particulièrement difficile. Terme encore en usage dans le patois Stromgardien."

La journée avait été éreinte et après s'être abimées les yeux sur de vieux ouvrages, la seule chose à laquelle les deux femmes aspiraient était le repos.
Rentrant à l'auberge, lasses et le moral en berne, elles s'y couchèrent après avoir mis les armes sous clé par précaution.

Demain était un autre jour, et s'il le fallait, Circé emmènerait Nalia au nid...Tous ensemble, elle et ses cynwid pourraient peut être enfin délivrer Nalia de l'oppression de son compagnon indésiré et indésirable...
Circé Arlann
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Message  Circé Arlann Mar 22 Mar - 23:02

Circé tourna la tête. La clarté de l'aurore commençait à se faire perceptible. Avec lenteur, elle s'étira, essayant de chasser la tension de ses muscles puis s'allongea à nouveau dans son lit, sur le flanc.
Adélhya dormait tranquillement à côté d'elle. Quelques mèches de cheveux noirs lui envahissaient le front et, d'un geste tendre, sa mère les repoussa avant de l'embrasser doucement. Dire qu'elle allait bientôt avoir quatre mois... Comme le temps passait.

La jeune femme s'autorisa à fermer les yeux. Et c'est naturellement le visage de Rougecroc qui lui apparut, posant sur elle ses prunelles d'acier. Ses cheveux d'argent étaient épandus sur ses épaules, comme souvent. Pourquoi avaient-ils pareille teinte alors que son visage avait l'éclat de ses trente ans ? Jamais elle ne lui avait posé la question. Et peut être n'avait il pas la réponse d'ailleurs. L'ancien chasseur de mage de Dalaran avait une résistance à la magie étonnante... Etait-ce lié ? Etait-ce simplement un hasard...ou une marque ? N'était ce pas cela qui l'avait rapproché de Nalia ? Pourquoi son amie, sa sœur, était elle allée le retrouver ? A cause d'Onironge ? Ne lui avait elle pas dit dans sa lettre que finalement elle n'aurait pas besoin en cette affaire de l'aide du Prince des Mensonges ?

Elle se redressa, furieuse, exaspérée, pour aller jusqu'à la fenêtre poser son front brûlant contre la fraicheur du verre. Ce contact lui fit du bien et elle ne pensa bientôt plus qu'à la sensation exquise que cela lui procurait, évoquant des souvenirs à présent interdit.
Elle soupira avant d'enfouir son visage dans ses mains.

Circé se sentait écœurée, au bord la nausée. Tout semblait se déliter alors même qu'ils auraient dû être tous sauvé, enfin, délivré de l'expérience par la mort de Bessem.
Elle repensa aux insinuations que Ivari avait faites : Et si elle pouvait changer le passé...le ferait-elle ?
Déroulant l'écheveau des souvenirs, son esprit retraça le cheminement des choix qui l'avaient mené à la situation présente... De la conception d'Adélhya, voulue et provoquée par leurs ennemis, à sa naissance et à la mort de Bessem il y avait moins de quatre grands cycles...
Tous ses espoirs de revoir un jour son ami d'enfance, de le sauver, réduit à néant...Si l'on exceptait cet orbe étrange. C'était une nouvelle vie qui avait débuté alors... Une vie qui aurait dû être magnifique... La paix...L'âge d'or... Mais ce n'était pas ce qui s'était produit...

Elle ne se sentait plus aimée. Rougecroc était bien là, auprès d'elle, lui octroyant tendresse et attention mais quelque chose s'était brisé. Elle ne semblait plus susciter en lui ce que toutes femmes s'attend à susciter chez son compagnon. Elle n'était plus que la mère de son enfant et son Ackasha et cette idée réduisait son cœur en charpie. Sans compter que l'enfant symbolisait maintenant pour elle la fin de sa liberté. Elle l'aimait par dessus tout mais lui en voulait étrangement...
Elle s'était éloignée, partant dès qu'elle le pouvait. Si elle avait espéré de lui qu'il la retienne, lui témoigne qu'il avait besoin d'elle, elle en fut pour ses frais. Il semblait parfaitement vivre leur éloignement. Le seul moment où ils auraient pu retrouver leur intimité avait été gâché dans une pantomime grotesque. Elle était en colère, en colère et désespérée.
Sa fierté s'était érigée contre le tourment qu'il lui infligeait, peut être malgré lui, peut être parfaitement volontairement... Savait on jamais avec lui ? Elle avait envie de le secouer, comme l'on secoue quelqu'un pour le réveiller, lui faire prendre conscience de la vérité. Qu'il était en train de la perdre. Que l'heure n'était plus au jeu...

A court d'arguments, son mal-être grandissant toujours, elle l'avait quitté. En avait il réellement compris les motifs ? Elle pensait avoir été claire. Et quand bien même, la subtilité de son amant aurait dû combler les non-dits. Mais cela faisait plus d'un grand cycle à présent et rien n'avait changé... Au contraire il s'était fait distant, presque indifférent. Il semblait cacher quelque chose... Grand bien lui fasse, le Prince des Mensonges n'est il pas toujours en train de cacher quelque chose ? Les réfugiés auquel il était venu en aide sur l'île de Fenris par exemple... Peut-être avait il trouvé une jeune femme pour tromper sa solitude là bas et n'osait-il le lui dire...
Qu'importe... Peut être ne méritait il simplement pas qu'elle l'aime. Elle ne voulait plus l'aimer. Sa décision était prise. Sa détermination mobilisée dans le seul but de détruire ces sentiments qui l'étouffaient.

Mais maintenant...Maintenant que Smetlov et le vol qu'il avait perpétré avait changé la donne, avait-il réellement le pouvoir de changer le passé...? Est ce ce qu'il avait fait ? Et détruit ainsi le lien qui l'unissait à Rougecroc ? Non...Sans doute que non... Elle ne s'en souviendrait sans doute même pas... Adélhya ne serait pas là... A moins que l'événement changé ait suivi la conception. Mais le passé semblait intact puisqu'elle se souvenait... Pour le moment. Alors qu'était il donc arrivé à Rougecroc ? Et à Nalia ? Les reverrait-elle ?

Amadrios avait suggéré qu'ils entretenaient une relation... Jamais elle ne croirait cela de Nalia. Quant à Rougecroc... Elle sortit de la poche de sa robe le papier qu'elle avait trouvé sur le bureau de son amant la veille... Quatre mots...Etranges. Comme un adieu écrit à la hâte. Son écriture indéniablement.

Lianna
Je vous aime.

Etait-ce là le dernier message d'un homme qui s'enfuit avec une amante ? Certainement pas... Et puis depuis quand la vouvoyait-il ? Il ne l'avait jamais fait... même du temps où ils avaient été ennemi. Ce "vous" accrochait sa rétine comme si il était censé contenir un sens caché qu'elle ne parvenait pas à percer.
A moins que...? L'ackasha ? La femme ? La mère ? Il était assez subtile pour y songer. L'ennui avec les pluriels, c'est qu'on ne sait jamais très bien ce qu'ils contiennent... Elle n'avait jamais eu de doute pour l'ackasha et la mère. Elle haussa les épaules avec détachement et rangea le message avant de redresser la tête.
Le plus important était ce qu'elle ferait. Lui sauterait-elle au cou si elle le retrouvait ?

L'incertitude, le doute... la déception... Voilà qu'elles étaient ses faiblesses. Elle n'avait jamais pu supporter cela... Mais que restait il à faire qu'attendre de pouvoir partir... et enfin comprendre ?
Résignée, elle poussa la croisée, et ouvrit les volets pour laisser la lumière envahir la chambre, dissipant les ombres.


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