[Miërin] Tempête

Elle tournait en rond. La rage, la peur. La rage. La peur. Ces deux émotions dansaient la valse dans son esprit. Miërin tournait en rond de même. Comment était-ce possible? Comment n'avait-elle rien senti? Les questions revenaient sans-cesse, sans réponse, sans solution. Comment faire pour se débarrasser de cette chose? De ce... Cynwid, Néliogre?

-Allons... Je vous l'ai déjà dit... trouvez-moi un autre hôte, et je m'en irai.
-Pourquoi ne pas partir tout de suite et parasiter quelqu'un d'autre, comme vous l'avez fait pour moi?!
-Je n'avais pas le choix... Et puis, je dois avouer que votre esprit recèle tout ce dont j'ai besoin pour vivre.
-Vous n'aurez pas mes secrets!
-C'est un peu tard pour cela...

Avec un grondement se terminant presque en un cri, la jeune femme mit un coup dans son armoire. La main ainsi plaquée sur le bois, elle s'arrêta, haletante, les dents serrées, fixant le bois vernis. Partir. Oui. Elle pouvait encore au moins faire ça. Ne pas prendre de risques. A tout moment il pouvait la quitter et révéler ses secrets, elle devait être loin quand ça se produirait.

Enfournant ses affaires, elle ne prit qu'à peine le temps de rédiger une note, son écriture dérapante et pressée inhabituellement sale, le parchemin à peine sablé enfoncé dans l'enveloppe.

Chère Capitaine,

Des affaires personnelles très pressantes m'appellent au loin, et je dois m'absenter ainsi. Je vous remercie grandement pour votre accueil et souhaite de tout cœur pouvoir revenir parmis vous au plus tôt. Ne sachant hélas pas quand ce sera possible, je vous laisse mon tabard à grand regret, je ne souhaites pas nuire à l'image de la Compagnie par mégarde pendant mes voyages, à fortiori un voyage si intime. Je vous demanderai par contre une simple faveur, ne tentez pas de me contacter. Je reviendrai, vous en avez ma parole.

Sincèrement,
Miërin Cahirien.

Ceci étant fait, elle scella le réceptacle et, avisant un gamin qui trainait, le lui fit porter aux sœurs Lerameau. Elle tentait de faire abstraction de la sensation d'être épiée, mais c'en était trop. Elle enfourcha son cheval, son sac de vêtements et nécessaires pas assez lourd pour un long voyage, et galopa vers la ville. Elle devait trouver un moyen de partir. Trouver quelqu'un pour l'accompagner, lui apprendre à mieux se cacher, d'un autre façon. Trouver quelqu'un pour simplement s'assurer qu'elle ne perdait pas la tête...
Elle trouverait sans doute ça à Hurlevent.

Depuis pas loin d’un quart-d’heure, Cassilda observait la jeune fille. Assise sur les genoux d’un des mâles à la bourse bien garnie de la taverne, elle s’était fait offrir quelques tournées de vin, un bon repas. Viendrait l’heure de le suivre dans sa couche. L’Humain lui plaisait bien, même si elle n’avait pas retenu son nom. Et quelle guigne, il fallait qu’ils atterrissent dans ce bouge alors qu’enfin ils faisaient halte à Hurlevent. Le cirque avait levé le chapiteau près des portes. Plus que temps de se rapprocher des nobles et des bourgeois. Les paysans payaient en légumes et moutons. Ils ne risquaient pas de mourir de faim, mais où, s’il vous plait, les frissons de l’aventure ? Comment, je vous prie, renouveler robes et bijoux ?

Ce soir, elle avait besoin de se détendre. Les disputes constantes dans la petite troupe itinérante lui mettaient les nerfs à vif, et la représentation avait failli tourner au drame d’un rien. Cet idiot de jongleur avait encore trop bu. Si ses torches virevoltaient élégamment aux yeux du public, pour les acrobates alentours, il n’avait pas échappé qu’elles tournoyaient un peu trop près de la toile. Une étincelle, un début d’incendie. Un trait de givre gracieusement lancé avait émerveillé l’assemblée.
Puis Cassilda raccompagna le jongleur hors de la piste, ça avait toujours l’air de faire partie du numéro. Moulée dans son corset doré, sa blondeur et ses gestes gracieux, elle illuminait le spectacles de ses pirouettes et de ses sorts. Une fleur lancée en l’air, éclatant en feu d’artifice au dessus des têtes, cristallisée par le froid et s’épanouissant en pluie d’étoiles… Les sifflements admiratifs, les applaudissements…

Cassilda releva une mèche d’un blond doré, et soupira. Son amant d’un soir avait autant de conversation qu’un Grunt et elle s’ennuyait déjà. Et puis la jeune fille en face l’intriguait. Nerveuse, perdue. A regarder sans cesse autour d’elle, mais suffisamment préoccupée pour ne pas remarquer qu’on la dévisageait. Jolie. Cassilda quitta les genoux finalement pas si confortable de l’humain, et sans un regard en arrière se dirigea d’une démarche chaloupée vers la demoiselle. Raflant au passage une autre coupe de vin, elle se planta devant l’étrangère. En lui tendant la coupe d’un sourire se voulant engageant, elle la salua, attendant sa réaction.

Assise à sa table, elle remuait machinalement le contenu de son assiette. Cela faisait plusieurs jours que la faim l'avait quittée, et elle ne mangeait plus que quelques bouchées par ci par là, principalement par réflexe. Elle observait les alentours. La représentation qui venait de s'achever l'avait convaincue. Quel meilleur endroit pour se cacher qu'une troupe d'itinérants? Avec un nom de scène, grimée, à utiliser ses talents inconnus de façon détournée, on ne la reconnaitrait pas.

-Et si...?

Elle supprima la voix, s'y fermant complètement. Oh elle l'entendait toujours, mais elle refusait d'écouter. Elle prit conscience d'avoir secoué énergiquement la tête uniquement en voyant la mine étonnée de la jeune saltimbanque se dressant devant elle. Se recomposant un visage elle prit le parti dans l'instant d'en jouer.

-Veuillez m'excuser, j'ai bien peur que les soucis m'assaillent et m'accaparent, je ne vous avais pas vu arriver. C'était une magnifique représentation que vous avez donné.

Observant la jeune femme, elle prit avec un geste de remerciement gracieux la coupe tendue, y buvant doucement. Elle n'était plus habituée à l'alcool, mais heureusement, l'alchimie avait réponse à cela.

-Je m'appelle Meriane, je... Je cherche une compagnie itinérante qui pourrait m'accepter. J'ai envie de voir du pays, et j'ai quelques talents avec les poudres, potions, et arcanes du feu qui pourraient vous être utiles.

Tentant de sourire d'un air timide, elle n'eut pas à bien se forcer, tant son état mental semblait précaire ces derniers temps. Désignant la chaise en face d'elle, elle attendit ensuite patiemment que la jeune femme lui réponde.

Cassilda releva une mèche tombée dans ses yeux noisettes. Quelque chose la mettait profondément mal à son aise chez la jeune fille. Mais… si elle se trouvait dans ce bouge c’est qu’elle ne serait pas souvent regardante sur l’hébergement. Une compagne de voyages… Pourquoi pas. Du mouvement de la nouveauté, et au pire, quitter la troupe ne serait pas un mal. Soutirer or et faveurs des hommes étaient toujours lucratif et amusant.
Plus Cassilda observait Miërin et plus les rouages dans son esprit émirent cliquetis et grincements joyeux.
Au bout d’un moment qui dût paraître éternité à Miërin, Cassilda étira ses lèvres en un sourire presque inquiétant.

-Il se trouve que j’ai besoin d’une camériste. Dans un premier temps. Nous verrons plus tard quels sont tes talents les plus intéressants et ce que nous pourrons en tirer.

Cassilda se leva, et désigna du menton un gnome bedonnant assis plus loin.

-Je vais te présenter au patron. Après on verra où te caser pour la nuit. J’espère que tu aimes les voyages.

Circé fronça les sourcils en extirpant de son enveloppe la missive froissée et tâchée d'encre... Un véritable torchon... Elle craint un instant qu'il ne s'agisse d'une lettre de candidature mais fut bien vite détrompée.
L'écriture lui était connue, bien qu'il ne lui ait pas été donné souvent l'occasion de la voir...

Miërin Cahiriën...la porteuse de Neliogre...

A toute vitesse ses yeux parcoururent les lignes erratiques, inquiète...Et son inquiétude ne fit que croitre au fur et à mesure de sa lecture.
Joignant les mains dans son dos, elle se mit à marcher dans la pièce pour réfléchir plus aisément... Etonnant comme le fait de s'agiter physiquement pouvait calmer l'esprit...Comme s'il y avait là un transfert...
Cette pensée la fit sourire mais son expression retrouva bientôt toute sa gravité.

Miërin avait-elle été sous l'influence de Zuidacra lorsqu'elle avait écrit cette lettre ? Leur était il arrivé malheur à tout deux ? Etaient-ils devenu des otages comme ce pauvre Anzor...?
S'immobilisant devant l'une des fenêtre de la salle du conseil, Circé l'ouvrit en grand et prit une longue inspiration.

Le lien n'avait pas été rompu...Elle en était certaine... Elle le sentait...
La tentation de le sonder... La peur qu'il ne s'agisse là d'un piège...
Elle hésita longtemps... et finalement, un léger sourire vint effleurer ses lèvres...
Elle ne pouvait pas se permettre de laisser Neliogre entrainer au loin alors que Zuidacra et ses molosses guettaient les cynwid...
Comme toujours elle n'avait pas réellement le choix.
Et si c'était un piège, eh bien tant pis. Elle serait peut être de taille à en venir à bout...Elle avait gagner en force, en maitrise, en puissance et elle le savait... Toutes ces heures de travail acharné qui l'avait tenue éloignée ces derniers temps, elle allait en voir le bénéfice...

Fermant les yeux, elle fit résonner le lien...

Neliogre...?

Autrefois sa voix résonnait de ses accents enfantins, un jeune garçon posant sans cesse des questions, animé d’une curiosité sans borne à l’égard de ses hôtes et du monde qui était devenu le sien. Nélio fut sacrifié dans son bas âge sur l’autel du Créateur, devenant ainsi l’un des enfants de la Matrice, un Cynwid.

Mais il y avait eu l’espoir. Celui d’amener cet enfant à faire des choix, à le conduire sur une route moins sombre que celle de la Tourmente. L’espoir de le guider à reconnaître le Bien du Mal, de lui faire comprendre les préceptes qui pouvaient rendre les hommes bons.

L’Évolution avait offert à l’enfant-Cynwid sa Voie, le chemin destiné à lui offrir cette Tourmente si précieuse à son existence. Il était devenu Néliogre, l’Epouvante, le Cynwid de la Peur. Et aujourd’hui Circé se rendit compte à quel point il avait grandit…

L’espace d’un instant, tout fut si calme, l’humaine pouvait presque entendre les battements de son cœur ponctué par le son de son souffle qui cessa soudain. Un frisson glacé parcouru l’échine du Capitaine alors qu’elle entendit ce murmure sinistre. Elle cru sentir l’odeur d’un cimetière emplir l’atmosphère et revu les craintes de son enfance, les fantômes de son passé, ses plus sombre souvenirs déferlant dans son esprit alors que le Cynwid lui répondit.

- Je vous écoute Mère.

L’écho qui suivit ses paroles sembla résonner encore et encore. Oppressante situation teintée d’un goût de solitude sans borne.


(/rand 20 Circé)

Circé se raidit... Comme il avait changé... Qu'avait on donc fait du petit Nelio qui avait si peur lui même... ? Autrefois elle avait été attendrie par l'être qui avait fuit si éperdument, se frayant un chemin comme il pouvait dans les ombres, tentant d'échapper à lui même autant qu'aux autres...
Elle ferma les yeux, prise d'un vertige... A moins que ce ne soit l'angoisse qu'il provoquait...

Le membre 'Circé Arlann' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'D20' : 5

Bien qu’elle eu du mal à reprendre un souffle régulier, Circé réussit au prix de longues secondes à conserver un semblant de calme. Le choc premier étant passé, se remémorer l’état actuel de la situation rendit la tâche plus supportable, l’étau se desserrant doucement du cœur de la jeune femme.

- Vous avez, toute mon attention.

Bien que le son de sa voix n’inspirait que l’Effroi, elle entendit également poindre cette docilité, la soumission silencieuse qui glissait au détour de chacun de ses mots.

Circé se sentait humilié de réagir ainsi à l'influence du cynwid... Elle parvenait à se blinder contre l'influence d'Adynamien assez facilement... Peut être était ce une question d'habitude...ou de sensibilité à certaine forme de tourmente... ou alors de la volonté du cynwid... Pourtant la soumission dans la voix de son interlocuteur ne faisait aucun doute... Etait-elle feinte ? Neliogre tentait-il de percevoir ses propres limites ?

*Je voulais m'assurer que tout allait bien Neliogre... La lettre laissée par Mierin est quelque peu déroutante...et j'avoue ne pas voir d'un bon oeil ton éloignement alors que Zuidacra et ses molosses vous pourchassent... Veux tu que nous venions te chercher...? Je ne lui en ai pas encore parler mais peut être Tiriel consentirait il à te reprendre... Du moins temporairement... Qu'en penses tu ? Cette solution t'agréerait-elle ?*

Dans son for intérieure, Circé essayait déjà de trouver une autre solution... Elle doutait de l'acceptation de Tiriel... mais comment faire pour mettre ses enfants à l'abri.

- Tiriel…

Les murmures vinrent à nouveau se répercuter sur les parois de l’esprit de Circé sur un « ton » beaucoup plus proche de la conversation cette fois. La voix de Néliogre était semblable aux sons que le Cynwid prononçaient dans leur langue, un mélange de dégoût mêlé de crainte tapissait l’intonation.

- Je comprends vos inquiétudes et les partage Mère. Cet hôte est instable et semble vouloir s’éloigner autant de ses propres démons que de moi. Bien qu’elle ait contribué à ce que j’en apprenne autant sur elle que sur moi, m’offrant ainsi une Tourmente des plus nutritives, je vous avoue qu’elle nous met en danger à agir de la sorte… Désirez-vous que je lui inflige l’ordre de rentrer.. ?

Lui infliger l'ordre...?
Un instant Circé écarquilla les yeux, comme sonnée par la simple évocation de cette éventualité...

*Non, non...Rien de tel...Mierin doit rester libre de ses faits et gestes, Neliogre.
Tu n'as pas répondu pour Tiriel... j'imagine que cela veut dire que tu ne veux pas de cette éventualité...*

Une telle lassitude l'avait envahi en cet instant que son front se courba ver le rebord de la fenêtre devant laquelle elle se tenait, le heurtant légèrement. Elle resta ainsi prostrée, essayant de trouver LA solution qui contenterait tout le monde, sachant que celle-ci n'existait pas...
A moins de trouver une nouvel hôte... digne de confiance... et qui pourrait résister au cynwid... mais elle n'avait pas assez de temps...

Elle releva la tête, laissant ses avant-bras en supporter le poids, attendant la réponse plus claire et définitive qu'elle avait exigée du cynwid...

Le Cynwid laissa plusieurs longues secondes s’écouler avant de répondre. Cette fois une pointe d’amusement était audible dans sa voix.

- Vous ne m’avez pas compris Mère, je désire rentrer et au plus vite. L’idée même que vous puissiez demander à Tiriel de me reprendre vaudra le déplacement, sans parler de la Menace qui rôde.

Le ton de ses « murmures » reprit une sinistre placidité.

- Mais je me dois de vous demander la façon d’opérer pour vous retrouver.

Circé songea à Adynamien qui était à présent confiné en elle, comme elle en avait pris l'habitude à chaque fois qu'elle s'entretenait avec un autre cynwid...

*Je vais venir te chercher... Je te porterai pour te ramener...Toi et Adynamien... Je suis capable de porter deux cynwid. Cela te laissera le temps de lui parler si tu le souhaites... Il a émis le souhait de rencontrer chacun d'entre vous pour essayer de raviver vos souvenirs, tronquer ou falsifier par l'ancienne matrice...C'est peut être là ce qui nous permettra de comprendre le plan de Zuidacra...
Cette solution t'agrée-t-elle ?*

Miërin ouvrit les yeux doucement, son cœur battant la chamade, son esprit empli de peur, comme bien trop souvent à son goût. Quelque chose la réchauffait, la rassurait. Baissant les yeux sur les draps qui seuls recouvraient son corps, elle sourit doucement de soulagement en voyant le bras gracieux qui était passé autour de sa taille. Elle sentait la jeune femme respirer avec la lenteur égale et rassurante du sommeil derrière elle.

C'était surréaliste. Cassilda. Sa protectrice, son employeuse, et maintenant son amante. Voici plusieurs jours qu'elles passaient ensemble, Miërin accompagnant la jeune saltimbanque partout dans le monde, ne faisant pas grand chose que regarder, mais au moins parvenait-elle à oublier un peu l'ombre tapie en son sein, pendant ces moments là. Et elle s'était mise à regarder de plus en plus intensément sa protectrice. Cela faisait si longtemps. Si longtemps qu'elle n'avait pas désiré une autre personne, et plus encore qu'elle depuis qu'elle avait eu quelqu'un. Et elle, Cassilda, l'avait accueillie comme si c'était normal, lui avait... Ouvert les bras, pour ainsi dire.

… Comment avait-elle pu changer à ce point? Elle qui s'était blindée, qui avait su se constituer cette carapace et... Devenir aigrie, froide et distante. Elle avait volé en éclats la carapace, comme un rien. Pire, elle savait rationnellement avoir besoin de la protection de la jeune femme, de ce couvert, et avait donc tenté comme à son habitude d'utiliser un philtre de confiance sur elle. Et avait ensuite tenté de l'empêcher de boire. Elle, l'empoisonneuse, avait été prise de remords. La simple idée d'essayer de tromper Cassilda l'avait retournée.

L'idée que sa compagne, si paisiblement endormie derrière elle, ne reste avec elle que grâce à cette gorgée qu'elle avait tout de même réussi à boire la hantait. Mais elle ne réussissait toujours pas à trouver le courage de lui faire boire l'antidote. Cassilda elle-même avait refusé de le prendre, et comment aurait-il pu en être autrement, elle avait maintenant une confiance quasi aveugle en Miërin.

Ecartant doucement le bras de sa douce compagne, elle se leva, se dirigeant vers le broc le plus proche pour se passer de l'eau sur le visage. Une lourde journée les attendait, et déjà elle regrettait le réconfort et la chaleur de la peau hâlée et des baisers de sa compagne. La peur revenait. Toujours la peur. Et si...?

*Pas de subtilités*
Le lien entre Rougecroc et Circé avait vibré doucement. Le cynwid avait acquiescé mentalement et la main de la mage s'abattit sur la porte, faisant tonner le bois sous les coups.
Neliogre leur avait indiqué cette maison comme étant le refuge de Mierin et de son amante, Cassilda, une saltimbanque...

Du bruit à l'intérieur, des pas.
*Qui vient nous ouvrir Neliogre ?*
*Cassilda...La saltimbanque.*

Une voix s'éleva au travers du bois, ne prenant pas même la peine d'ouvrir. Finalement... il faudrait tout de même de la subtilité pour entrer dans cette maison... Les occupantes étaient sur leurs gardes...
Il était maintenant clair aux yeux de Circé que Miêrin les avaient fuis eux... Et qu'elle ne désirait pas être retrouver... Qui sait ce que qu'elle avait dit à la jeune fille qui l'accompagnait ?
Il fallait d'abord la déstabiliser...

-"Dame Cassilda ? "

L'effet désiré ne se fit pas attendre... Surprise qu'on connaisse son nom, la jeune femme entrouvrit légèrement la porte. On vit apparaitre une tignasse blonde, des yeux bleus... Plutôt jolie...Miërin avait bon goût.
-"Qui êtes vous ? Vous avez vu l'heure ?"
Destabilisée, sans doute, mais toujours revêche...
*Neliogre... Ceux qui leur loue cet endroit ne sont pas ici ?*
*Non, Mère...*

Circé et Rougecroc ouvrirent la bouche au même instant :
-"Je suis Circé Arlann et voici Rougecroc...Les propriétaires des lieux nous ont dit que nous pourrions trouver un quoi où loger ici...Il n'y a plus de place à l'auberge..."
-"Nous sommes venus vous aider...Ou plutôt l'aider elle..."
Le regard surpris de Circé rencontra celui bien plus goguenard de Rougecroc alors que le lien entre eux vibrait à nouveau :
*Sans subtilités, hein ?*
Elle allait lui répondre par le même biais mais la situation se précipitait :
-"Vous ne dites que des bêtises..."
La porte commençait à se refermer lentement... Par réflexe, Circé y glissa sa botte empêchant la fermeture. Elle perçut un mouvement du bras de Cassilda qui semblait lever quelque chose au dessus de sa tête.
*Elle s'échappe !*
*Rougecroc ! Fais le tour ! Elle doit essayer de fuir par une des fenêtres. Je m'occupe de l'autre.*
Rougecroc partit tranquillement sous le regard ahuri de Cassilda qui retint son geste une seconde :
-"Il va où vot'mec ?"
Une seconde de trop...
Circé donna une ruée dans la porte qui envoya valdinguer la jeune femme dans la pièce. Perdant l'équilibre, elle lâcha le tisonnier qu'elle avait brandit...
-"Il va où ça lui chante..."
Circé s'avança et donna un coup de pied dans l'arme improvisée, l'envoyant à l'autre bout de la pièce.
-"Relevez vous damoiselle...Nous ne vous voulons pas de mal... Nous sommes simplement venus débarrasser Miërin de son "problème"."
Cassilda ne se le fit pas dire deux fois : elle sauta sur ses jambes et entendant un bruit sourd à l'arrière de la maison, se précipita en avant en appelant le nom de son amante.
Circé la laissa aller et d'un pas tranquille rejoignit les protagonistes à l'arrière de la maison. Rougecroc se dressait face aux deux femmes.

Miërin était en larmes, son aspect hâve, amaigrie disait ses souffrances. Elle était au bord de la rupture... Circé se sentit emplie de pitié pour elle et s'immobilisa.
-"Bonjour Miërin...Je suis venue le chercher... Vous êtes trop faible pour le garder...Il va vous briser."
-"Parce que vous ne pensez pas que je le suis déjà, brisée ?"
-"Non, croyez-moi, ce pourrait être encore bien pire...La seule chose que vous avez à faire c'est de me donner la main, et tout sera fini..."
La jeune femme lançait des accusations, se défendait, se justifiait, sa compagne à côté d'elle la soutenant comme elle pouvait émue par ses larmes.
-"Vous ne devriez pas la toucher damoiselle..." dit Rougecroc, en guise d'avertissement
Lentement elle se laissa glisser au sol, prostrée.
-"Vous avez toujours eu le choix Miërin...Je vous l'avait dit pourtant...Je vous avais dit de venir me voir si cela n'allait pas..."
Mais Miërin était sans doute quelqu'un de fier... Peut être n'avait elle pas voulu s'avouer vaincu... Elle ne l'avait certaine pas fait pour elle, son capitaine... Non, elle ne lui avait jamais fait confiance, sa fuite en disait long...
Lentement Circé s'approcha, tendant la main, et s'agenouilla devant la jeune femme éplorée, attendant qu'elle la saisisse d'elle même...
Ce qu'elle finit par faire, enfin... Lentement elle sentit le cynwid se glisser dans sa chair, les yeux plissés, Circé contrôlait qu'aucun fragments ne subsistaient, puis elle lâcha la main, se relevant.

-"Partez."
L'injonction de Cassilda claqua mais ne reçut pour toute réponse qu'un regard froid... Un regard qui permit à Circé de voir les sept fragments logés dans son corps.
Elle reporta cependant les yeux sur Miërin.
-"Votre contrat sera déchirée...Vous êtes libre. Si vous souhaitez en récupérer les fragments vous êtes libre de revenir quand vous le souhaiterez. "
Elle se tourna alors vers Cassilda, lentement.
-"Pourriez vous me donner la main jeune fille ?"
Surprise la jeune femme hésita, mais finit par s'exécuter.
*Retire tout tes fragments...*
*Ils sont là pour la faire taire, Mère...*
Se concentrant, Circé les étudia, et se qu'elle y lut la remplit d'une colère noire. Ses yeux flamboyèrent, provoquant une exclamation chez Cassilda qui devait la croire dirigée contre elle. Le désespoir qui mène au renoncement ultime... Voilà comment Neliogre envisageait de la faire taire...
*Reprend-les ! Immédiatement !*
*Bien Mère...*
Et les fragments furent absorbés, ne laissant nulle trace...
-"Navrée damoiselle, ma colère n'était pas dirigée contre vous..."

Se reculant, elle rejoignit Rougecroc.
-"J'imagine qu'il n'ait nulle besoin de vous demander le silence sur cette affaire...? Vous m'obligeriez... "
Les deux femmes acquiescèrent vaguement.
Une incantation et un portail plus tard, Rougecroc et Circé était à Hurlevent...