[Pri : BG] Instants sans chronologie fixe.
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[Pri : BG] Instants sans chronologie fixe.
Pri.
Première expédition à Lune Argent, en courant, les gardes à mes trousses. L’érable d’or sur champ azur n’y change rien. Montrer le bon visage. Et revenir à petits pas distraits. Grisée par l’air crépitant de magie autour de moi. La sensation agaçante au bout des doigts, je peux comprendre et voir, sans avoir appris. La pulsation, le cœur palpitant de la cité, M'uru. L’arcane qui claque et chuchote comme un brasier…
Les papillons cendreux qui s’échappent des bûchers d’Orgrimmar… Je sens que je m’envole aussi, je suffoque et je brûle. Tout est cobalt. La petite bourse couleur ténèbres. Les sphères comme des diamants jetés dans un ciel d’été. La faim. Le mana claque sous mon palais. Trop. Je n’entends plus Ael qui panique. J’ai toujours froid. Toujours quand je joue à l’elfe. Je voudrais que cette elfe blonde joue avec moi.
Les cloches perpétuelles de la Fossoyeuse… Les apothicaires parlent de la peste nouvelle. Une rumeur. Elle court, elle enfle. Je vis ici, je veux comprendre. Je sers et je pleure. Entre mes mains, le poison. Cet humain se tort en hurlant. Les réprouvés revivent et trahissent. Le phare vert de mes yeux. Phosphorescence des canaux. Sombre et morne est le jour. Sylvannas chante sa sœur perdue.
Le grincement des moulins. Les passerelles jetées sur le vide. Les Pitons du Tonnerre. Il murmure des serments sans promesse. Je suis là pour lui. Pour lui je me ferais Sin’dorei ou ce qu’il voudra. Je reste parce que je suis Messagère. Elle me dit qu’elle est le vent, et je lui parle de voyages. Meghan. Elle me dit que je pourrais revenir en arrière, reprendre ma vie d’avant. Je n’aurais plus jamais les yeux bleus.
L’orc coule de ma bouche aussi facilement que le commun. Zalina m’envoie du rhum. Il y a toujours des enfants d’humains et d’elfes, et toujours ceux qui prônent la pureté de la race. Je me trompe toujours de portail à Shattrath. Je me fiche de savoir si Hurlevent n’est pas la Horde. Je suis partout chez moi.
Première expédition à Lune Argent, en courant, les gardes à mes trousses. L’érable d’or sur champ azur n’y change rien. Montrer le bon visage. Et revenir à petits pas distraits. Grisée par l’air crépitant de magie autour de moi. La sensation agaçante au bout des doigts, je peux comprendre et voir, sans avoir appris. La pulsation, le cœur palpitant de la cité, M'uru. L’arcane qui claque et chuchote comme un brasier…
Les papillons cendreux qui s’échappent des bûchers d’Orgrimmar… Je sens que je m’envole aussi, je suffoque et je brûle. Tout est cobalt. La petite bourse couleur ténèbres. Les sphères comme des diamants jetés dans un ciel d’été. La faim. Le mana claque sous mon palais. Trop. Je n’entends plus Ael qui panique. J’ai toujours froid. Toujours quand je joue à l’elfe. Je voudrais que cette elfe blonde joue avec moi.
Les cloches perpétuelles de la Fossoyeuse… Les apothicaires parlent de la peste nouvelle. Une rumeur. Elle court, elle enfle. Je vis ici, je veux comprendre. Je sers et je pleure. Entre mes mains, le poison. Cet humain se tort en hurlant. Les réprouvés revivent et trahissent. Le phare vert de mes yeux. Phosphorescence des canaux. Sombre et morne est le jour. Sylvannas chante sa sœur perdue.
Le grincement des moulins. Les passerelles jetées sur le vide. Les Pitons du Tonnerre. Il murmure des serments sans promesse. Je suis là pour lui. Pour lui je me ferais Sin’dorei ou ce qu’il voudra. Je reste parce que je suis Messagère. Elle me dit qu’elle est le vent, et je lui parle de voyages. Meghan. Elle me dit que je pourrais revenir en arrière, reprendre ma vie d’avant. Je n’aurais plus jamais les yeux bleus.
L’orc coule de ma bouche aussi facilement que le commun. Zalina m’envoie du rhum. Il y a toujours des enfants d’humains et d’elfes, et toujours ceux qui prônent la pureté de la race. Je me trompe toujours de portail à Shattrath. Je me fiche de savoir si Hurlevent n’est pas la Horde. Je suis partout chez moi.
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Pri Duoren- Mercenaire
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Seire.
Il m’a dit : Garadar. J’ai mis un moment à chercher dans mes souvenirs, le nez collé à ma carte. Ce n’est pas la première fois qu’il évoque cet endroit. Mais ma petite tête a plus d’informations à retenir qu’elle n’en a jamais eu. Et puis moi et la géographie… je passe mon temps à me perdre, à faire des détours. Garadar donc, forcément ma mémoire sélective a préféré occulter. Trône des éléments, Nagrand. La dernière fois que je suis passée trop près des palissades, un comité d’accueil n’a pas manqué de me faire comprendre que je ne suis pas la bienvenue. Pas l’humaine.
Je vole lentement depuis Shattrath. J’en profite pour me ballader un peu. Une escale dans cette étrange garderie perdue dans les montagnes. La troll me salue d’un grand sourire tout en défenses. Les enfants s’agglutinent autour de moi, pendant que je distribue livres, nécessaire à dessin et douceurs. Je me demande si Sio est assez grande pour supporter le voyage jusque là. Oui, c’est la mère qui a une trouille bleue et irraisonnée.
Le griffon plane au dessus du lac. J’ai du mal à me décider, et finalement c’est mon avatar anorexique qui passe l’entrée. Je tâte machinalement mon sac. Les craies à dessin et les velins immaculés pour Lenis font une petite bosse. Tout ce qu’il faut pour préparer du grog à la cerise. Du chocolat aussi.
Il m’a dit : demande à n’importe qui. Alors j’aborde tout simplement une des sentinelles. Son visage s’illumine quand j’évoque l’elfe roux et sa fille. Il m’indique une petite bâtisse au centre. Je traîne un peu.
Ça m’a fait mal toutes ces estafilades sur ses joues. Son bras brisé. Je m’imagine l’état de ce que je n’ai pas vu. Et puis Lenis… Je sens le froid se diffuser dans mon ventre, remonter le long de l’échine. Je pourrais me coller des baffes, quelle sensiblerie. J’en ai recousu de plus moches. Les planches anatomiques que je consulte sans sourciller. La chirurgie apprend tout aussi bien à réparer qu’à tuer efficacement. Alors pourquoi ça me fait ça ?
Ils auraient pu y rester. J’aurais pu ne plus les revoir, jamais… J’inspire doucement, on va pas flancher maintenant ? Je frappe à petits coups hésitants sur la porte…
Je vole lentement depuis Shattrath. J’en profite pour me ballader un peu. Une escale dans cette étrange garderie perdue dans les montagnes. La troll me salue d’un grand sourire tout en défenses. Les enfants s’agglutinent autour de moi, pendant que je distribue livres, nécessaire à dessin et douceurs. Je me demande si Sio est assez grande pour supporter le voyage jusque là. Oui, c’est la mère qui a une trouille bleue et irraisonnée.
Le griffon plane au dessus du lac. J’ai du mal à me décider, et finalement c’est mon avatar anorexique qui passe l’entrée. Je tâte machinalement mon sac. Les craies à dessin et les velins immaculés pour Lenis font une petite bosse. Tout ce qu’il faut pour préparer du grog à la cerise. Du chocolat aussi.
Il m’a dit : demande à n’importe qui. Alors j’aborde tout simplement une des sentinelles. Son visage s’illumine quand j’évoque l’elfe roux et sa fille. Il m’indique une petite bâtisse au centre. Je traîne un peu.
Ça m’a fait mal toutes ces estafilades sur ses joues. Son bras brisé. Je m’imagine l’état de ce que je n’ai pas vu. Et puis Lenis… Je sens le froid se diffuser dans mon ventre, remonter le long de l’échine. Je pourrais me coller des baffes, quelle sensiblerie. J’en ai recousu de plus moches. Les planches anatomiques que je consulte sans sourciller. La chirurgie apprend tout aussi bien à réparer qu’à tuer efficacement. Alors pourquoi ça me fait ça ?
Ils auraient pu y rester. J’aurais pu ne plus les revoir, jamais… J’inspire doucement, on va pas flancher maintenant ? Je frappe à petits coups hésitants sur la porte…
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Pri Duoren- Mercenaire
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Justice
L’or de sa chevelure étincelant dans la lumière de l’après-midi mourant, la jeune fille paraît soudain ses 16 ans. En cycles humains, elle doit avoir plusieurs fois l’âge de sa cliente. Chaque note tirée de sa cithare agite les voilages légers qui soulignent et ne cachent en rien ses courbes délicieuses. Les pensionnaires de l’Aile Blanche sont presque tous issus de nobles lignages de Lune d’Argent. Venus librement parfaire une éducation amoureuse des plus prisée chez les Sin’doreis. Ou d’origines plus modestes, amassant une somme coquette en quelques années. Les beautés saisissantes qu’on croise ici sont respectées comme des divinités par les citoyens.
Priscilla ?
Alaya s’approche doucement, ondulante et tentatrice, en appelant sa cliente. Alanguie, presque assoupie entre les coussins, l’elfe rousse daigne à peine froncer les sourcils et entre-ouvrir les paupières. Ici, point de comtesse. Juste un chevalier revenu de campagne, cherchant compagnie pour quelques heures, et repos, visiblement.
L’Aile Blanche dispense le plaisir dans son sens le plus large, moyennant finance. Que ce soit prendre un bain, écouter un récital. Passer une heure, une nuit, ou une semaine dans les bras de quelques splendeurs. On peut aussi y manger à l’une des meilleures tables de la ville, ou goûter ses pâtisseries. Dont ses roses cristallisées au sucre et au givre. A mourir, tout simplement.
Vexée et boudeuse de n’avoir pas éveillé l’intérêt de sa cliente, Alaya blottit sa tête contre le sein de la femme rousse. Le chevalier n’a plus ouvert les yeux, vaguement irritée de ne plus entendre s’égrainer les notes dans l’air, encore ivre de mana. Elle n’est pas là pour la bagatelle. A son propre étonnement, elle respecte son vœux de fidélité.
Elle a délaissé trop longtemps ses affaires à Lune. Et n’avait plus très envie de retourner ici sans Seire. Plus envie de retourner à Lune depuis la mort de Chander. Pourtant à présent, il lui faut entendre les rumeurs de la ville. Les chevaliers de sang, protecteurs de la cité, sont respectés et craints, parfois haïs, qui s’en prendrait à l’un d’eux en dehors de l’Ordre lui-même ? Et avec les récents évènements qui ont secoués l’Ordre, on ne se soucie plus guère de vérifier vos états de services. Elle s’est toujours tenue à distance suffisante de ses pairs pour n’attirer l’attention de personne.
Tout en cajolant la Sin’dorei, la dénommée Priscilla l’amène à parler, prétextant une longue absence et le mal du pays. Elle cherche dans les nouvelles quelques informations pour coincer la déesse Rajani. Il y a aussi Kaellie, et son tortionnaire. Un certain Mordraghan et quelques autres sont morts récemment, assassinés. Le petit peuple remercie en silence un justicier, petit peuple qui n’aime plus depuis longtemps les Magistères. Ces meurtres et son amie auraient-ils un rapport ?
Priscilla ?
Alaya s’approche doucement, ondulante et tentatrice, en appelant sa cliente. Alanguie, presque assoupie entre les coussins, l’elfe rousse daigne à peine froncer les sourcils et entre-ouvrir les paupières. Ici, point de comtesse. Juste un chevalier revenu de campagne, cherchant compagnie pour quelques heures, et repos, visiblement.
L’Aile Blanche dispense le plaisir dans son sens le plus large, moyennant finance. Que ce soit prendre un bain, écouter un récital. Passer une heure, une nuit, ou une semaine dans les bras de quelques splendeurs. On peut aussi y manger à l’une des meilleures tables de la ville, ou goûter ses pâtisseries. Dont ses roses cristallisées au sucre et au givre. A mourir, tout simplement.
Vexée et boudeuse de n’avoir pas éveillé l’intérêt de sa cliente, Alaya blottit sa tête contre le sein de la femme rousse. Le chevalier n’a plus ouvert les yeux, vaguement irritée de ne plus entendre s’égrainer les notes dans l’air, encore ivre de mana. Elle n’est pas là pour la bagatelle. A son propre étonnement, elle respecte son vœux de fidélité.
Elle a délaissé trop longtemps ses affaires à Lune. Et n’avait plus très envie de retourner ici sans Seire. Plus envie de retourner à Lune depuis la mort de Chander. Pourtant à présent, il lui faut entendre les rumeurs de la ville. Les chevaliers de sang, protecteurs de la cité, sont respectés et craints, parfois haïs, qui s’en prendrait à l’un d’eux en dehors de l’Ordre lui-même ? Et avec les récents évènements qui ont secoués l’Ordre, on ne se soucie plus guère de vérifier vos états de services. Elle s’est toujours tenue à distance suffisante de ses pairs pour n’attirer l’attention de personne.
Tout en cajolant la Sin’dorei, la dénommée Priscilla l’amène à parler, prétextant une longue absence et le mal du pays. Elle cherche dans les nouvelles quelques informations pour coincer la déesse Rajani. Il y a aussi Kaellie, et son tortionnaire. Un certain Mordraghan et quelques autres sont morts récemment, assassinés. Le petit peuple remercie en silence un justicier, petit peuple qui n’aime plus depuis longtemps les Magistères. Ces meurtres et son amie auraient-ils un rapport ?
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Pri Duoren- Mercenaire
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Le piège de l’imposture.
La cage empeste à des mètres à la ronde. Tout exhale la charogne. La ferraille dévorée de rouille. Juste assez grande pour contenir un Humain de taille moyenne. Mais ni debout ni allongé. Torture classique du prisonnier.
Passable exploit olfactif au milieu des Réprouvés. Les silhouettes désarticulées de certains déambulent péniblement dans le campement. La geôle n’offre aucune intimité, aucun abris contre le crachin qui vous postillonne ses glaires glacées. La fumée âcre du feu vous arrache des larmes, comme les Apothicaires les gouttes de leurs alambics.
Les mains au-dessus du foyer, l’elfe rousse attend patiemment. Une sphère vient nonchalamment atterrir dans sa bouche. La deuxième depuis qu’elle est arrivée. Quelques minutes. Un observateur attentif verrait que d’infimes détails de sa physionomie se précisent, comme si l’espace d’un instant son apparence entière allait se déliter. Le céladon de ses yeux plus intense quelques secondes. Heureusement pour elle, les cadavres ambulants gardent une distance respectueuse avec le Chevalier de Sang.
La Sin’dorei suit le déroulement de l’entretien par-dessus les flammes dansantes. Son supérieur et chaperon du jour avec le tas d’asticots qui dirige cette petite base. Ithélis est l’instructeur des jeunes recrues comme elle. Aujourd’hui, mission diplomatique et interrogatoire. Il s’est octroyé la première partie. A moi de me salir, enflure.
Priscilla, traîne pas. On a du travail.
Ithélis se pavane et bombe le torse comme il sait si bien le faire. Si seulement tu pouvais arrêter de sourire. Ça oui, il est beau. De belles et longues oreilles effilées, le poil de l’exacte teinte dorée en vogue à Lune. Tout chez lui n’est que finesse, perfection, arrogance. Il porte beau l’armure rutilante du Chevalier de l’Ordre. Le Sin’dorei nargue par sa seule présence les Deux-fois Nés. Et ça te plait en plus de leur mettre sous le nez ta jolie petite gueule.
Il ne risque rien. Collaboration et amitié entre les deux peuples. Lune d’Argent et Fossoyeuse sont des cités-sœurs, reliées par l’orbe de transposition de la Flèche Solfurie. Pour sceller le vœu de Sylvannas de faire entrer Quel’thalas dans la Horde.
Pri quitte à regret la chaleur. Le prisonnier geint faiblement. Des pustules crèvent sa peau sous la barde. Les veines charrient un sang empoisonné, et dessinent à l’encre noire une sinistre cartographie. Sous la crasse et les humeurs, les couleurs du tabard restent incertaines. Quoi qu’il ait à dire, il n’en a plus pour longtemps. La jeune femme interroge son compagnon du regard. Et ça le fait marrer en plus. Taré.
Ithélis ne cache pas son amusement, non. Ils s’exècrent viscéralement. Il la soupçonne de quelque chose, mais sans preuve, personne n’ira ennuyer un chevalier discret et assidu. Il ne loupe pas une occasion de la pousser dans ses retranchements. Pour la pousser à la faute.
L’elfe tient une fiole. C’est glauque et mouvant derrière le verre. Le Réprouvé la regarde de toutes ses orbites creusent. Panique pas. La Peste Nouvelle, des rumeurs entendues à Hurlevent. C’était jamais que des rumeurs. Jusque là.
L’Humain se réanime en entendant la porte de son mouroir crier de ses gonds tordus. Il a peur et il a mal. Un gant de plate le saisit au col. Son gant à elle, sa main à l’intérieur. Qu’est ce que je suis en train de faire ? Les questions s’enchaînent. Détails sur les forces ennemies et autres choses très utiles à demander à un prisonnier de l’autre faction. Pri n’en a strictement rien à faire de tout ça. Je suis Messager de Paix, je ne fais pas la guerre. Elune, qu’est ce que je fous là ?Je suis Messager de Paix…
Du crépuscule il ne reste que quelques lueurs souffreteuses quand Ithélis, enfin satisfait, cesse l’interrogatoire.
Et maintenant, on finit proprement. A toi l’honneur.
Réprimer ses tremblements. Je suis pas obligée de faire ça… Pourtant elle a déjà débouché la fiole. Aucun doute sur ce qui l’attend si elle n’obéit pas. L’Apothicarum et ses cellules. Avec de la chance, quelques années en esclavage. Moins, sur une table de vivisection. Curieusement, la perspective de ne plus revoir sa fille lui est la plus intolérable. Et qui s’occupera de ses rosiers à Garadar ?
Les yeux déformés par la peur, l’Humain est pris de spasmes à lui briser les reins. Sa peau fond et dégouline. Il ne reste au fond de la cage qu’un amas informe, retenu par quelques bouts de tissus et d’acier à moitié fondus comme par de l’acide.
Pri ne peut plus proférer un seul son, concentrée à ne pas vomir tripes et boyaux.
Pas encore le bon dosage.
L’Apothicaire siffle sa déception au travers de ses poumons à l’air libre. Ithélis étire ses lèvres de satisfaction. Quelque chose a changé dans sa physionomie. Un rien plus aimable, presque fraternel en prenant sa recrue par l’épaule pour l’éloigner.
On rentre, Chevalier Duoren.
Passable exploit olfactif au milieu des Réprouvés. Les silhouettes désarticulées de certains déambulent péniblement dans le campement. La geôle n’offre aucune intimité, aucun abris contre le crachin qui vous postillonne ses glaires glacées. La fumée âcre du feu vous arrache des larmes, comme les Apothicaires les gouttes de leurs alambics.
Les mains au-dessus du foyer, l’elfe rousse attend patiemment. Une sphère vient nonchalamment atterrir dans sa bouche. La deuxième depuis qu’elle est arrivée. Quelques minutes. Un observateur attentif verrait que d’infimes détails de sa physionomie se précisent, comme si l’espace d’un instant son apparence entière allait se déliter. Le céladon de ses yeux plus intense quelques secondes. Heureusement pour elle, les cadavres ambulants gardent une distance respectueuse avec le Chevalier de Sang.
La Sin’dorei suit le déroulement de l’entretien par-dessus les flammes dansantes. Son supérieur et chaperon du jour avec le tas d’asticots qui dirige cette petite base. Ithélis est l’instructeur des jeunes recrues comme elle. Aujourd’hui, mission diplomatique et interrogatoire. Il s’est octroyé la première partie. A moi de me salir, enflure.
Priscilla, traîne pas. On a du travail.
Ithélis se pavane et bombe le torse comme il sait si bien le faire. Si seulement tu pouvais arrêter de sourire. Ça oui, il est beau. De belles et longues oreilles effilées, le poil de l’exacte teinte dorée en vogue à Lune. Tout chez lui n’est que finesse, perfection, arrogance. Il porte beau l’armure rutilante du Chevalier de l’Ordre. Le Sin’dorei nargue par sa seule présence les Deux-fois Nés. Et ça te plait en plus de leur mettre sous le nez ta jolie petite gueule.
Il ne risque rien. Collaboration et amitié entre les deux peuples. Lune d’Argent et Fossoyeuse sont des cités-sœurs, reliées par l’orbe de transposition de la Flèche Solfurie. Pour sceller le vœu de Sylvannas de faire entrer Quel’thalas dans la Horde.
Pri quitte à regret la chaleur. Le prisonnier geint faiblement. Des pustules crèvent sa peau sous la barde. Les veines charrient un sang empoisonné, et dessinent à l’encre noire une sinistre cartographie. Sous la crasse et les humeurs, les couleurs du tabard restent incertaines. Quoi qu’il ait à dire, il n’en a plus pour longtemps. La jeune femme interroge son compagnon du regard. Et ça le fait marrer en plus. Taré.
Ithélis ne cache pas son amusement, non. Ils s’exècrent viscéralement. Il la soupçonne de quelque chose, mais sans preuve, personne n’ira ennuyer un chevalier discret et assidu. Il ne loupe pas une occasion de la pousser dans ses retranchements. Pour la pousser à la faute.
L’elfe tient une fiole. C’est glauque et mouvant derrière le verre. Le Réprouvé la regarde de toutes ses orbites creusent. Panique pas. La Peste Nouvelle, des rumeurs entendues à Hurlevent. C’était jamais que des rumeurs. Jusque là.
L’Humain se réanime en entendant la porte de son mouroir crier de ses gonds tordus. Il a peur et il a mal. Un gant de plate le saisit au col. Son gant à elle, sa main à l’intérieur. Qu’est ce que je suis en train de faire ? Les questions s’enchaînent. Détails sur les forces ennemies et autres choses très utiles à demander à un prisonnier de l’autre faction. Pri n’en a strictement rien à faire de tout ça. Je suis Messager de Paix, je ne fais pas la guerre. Elune, qu’est ce que je fous là ?Je suis Messager de Paix…
Du crépuscule il ne reste que quelques lueurs souffreteuses quand Ithélis, enfin satisfait, cesse l’interrogatoire.
Et maintenant, on finit proprement. A toi l’honneur.
Réprimer ses tremblements. Je suis pas obligée de faire ça… Pourtant elle a déjà débouché la fiole. Aucun doute sur ce qui l’attend si elle n’obéit pas. L’Apothicarum et ses cellules. Avec de la chance, quelques années en esclavage. Moins, sur une table de vivisection. Curieusement, la perspective de ne plus revoir sa fille lui est la plus intolérable. Et qui s’occupera de ses rosiers à Garadar ?
Les yeux déformés par la peur, l’Humain est pris de spasmes à lui briser les reins. Sa peau fond et dégouline. Il ne reste au fond de la cage qu’un amas informe, retenu par quelques bouts de tissus et d’acier à moitié fondus comme par de l’acide.
Pri ne peut plus proférer un seul son, concentrée à ne pas vomir tripes et boyaux.
Pas encore le bon dosage.
L’Apothicaire siffle sa déception au travers de ses poumons à l’air libre. Ithélis étire ses lèvres de satisfaction. Quelque chose a changé dans sa physionomie. Un rien plus aimable, presque fraternel en prenant sa recrue par l’épaule pour l’éloigner.
On rentre, Chevalier Duoren.
Pri Duoren- Mercenaire
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Premières colères
Ne regardes pas.
Le grand escogriffe plaque sa paluche calleuse sur les yeux de sa petite sœur. Il sent le foin. Se concentrer sur cette seule pensée. Les hommes ont passé près d’une heure à entasser fagots de bois et ballots de foin. Les arômes de grange s’échappent dans l’air piquant et glacé.
Son ouïe prend le relais. Des plaintes et des imprécations, des cris aigus. Ô tellement forts et qui s’élèvent vers le ciel. Est ce mieux d’imaginer le supplice que de voir la silhouette se tordre dans les flammes ?
Toutes les âmes du hameau rassemblées autour du feu de joie. Hommes, femmes, enfants… Le brasier gronde et ronronne en dévorant son festin qui se débat. Rachelle. Petite femme fripée comme une pomme blette. A-t-elle jamais été jeune ? Les anciens se souviennent déjà d’elle, de ses simples et de sa douceur, dans leur enfance. La soigneuse qui a guéri plus d’une mauvaise fièvre, réduit plus d’une fracture d’un gamin tombé d’un arbre… Des vies, elle en avait sauvé. Reclus comme ils l’étaient tout au nord du lac du Cairn. Avant que les hommes en armure rouge ne prennent la place un matin d’hiver.
Ils sont là aussi les chevaliers écarlates. Eux et leur foi. Eux et leurs armes, leur discours sur la Lumière courroucée et toute puissante. Ils parlent de pureté et de choses qui dépassent la plupart des paysans du coin. Ce qu’on comprend en revanche c’est le langage de la violence, du fanatisme. Les esprits faibles et superstitieux s’y plient comme ils pliaient jadis sous le joug des seigneurs d’Elwynn. Les maris et les pères ferment les yeux sur les jupes retroussées par les envahisseurs. Nul ne bronche lors des longues heures de prièrent, à genoux sur le sol gelé de la placette. Jusqu’à sacrifier Rachelle. N’est-elle pas une sorcière hérétique ? Seule la Lumière peut soulager les maux…
La gamine, une dizaine d’années tout en cheveux fauves hirsutes, tâches de rousseur et l’air farouche d’une bestiole en cage, se débat pour se dégager de la poigne de son frère. Quentin. Il ne lui a pas échappé que la fillette est déjà presque trop grande pour passer pour une enfant. Il la sermonne sur son attitude. Baisser la tête et ne pas attirer l’attention. Mais la fillette n’en a cure. Elle s’échappe de l’étreinte protectrice et cavale en bousculant ses voisins.
Priscilla ! Reviens !
De loin en loin, lui parviennent seulement les cris et les rires des chevaliers sur son passage. Aucun poursuivant. Elle court longtemps entre les arbres décharnés, jusqu’à ce que ses poumons lui intiment l’ordre de s’arrêter sous peine d’exploser. A la nuit tombée, la gamine se faufile dans la forge. Ce n’est pas dans son lit ni auprès des siens qu’elle songerait à se réfugier. Depuis toujours, elle sait qu’elle n’a rien à attendre des autres. Ni amour ni attention. Quentin est tout ce qui compte.
La puanteur du bûcher flotte sur les toits de chaume. Elle a dû s’imprégner jusque dans la fibre des vêtements, la paille des couches. Silencieuse et invisible, la fillette se pelotonne à sa place favorite. Les paupières closent, les narines dilatées, elle s’enivre. La touffeur du feu, des métaux fondues, la vapeur dégagée par la trempe. Le bruit régulier du marteau sur l’enclume. Le maître du lieu lui jette un rapide regard, sourit et reprend sa besogne. Le ballet des pinces et tenailles, les muscles prodigieux noués par l’effort.
Un jour petite, il te faudra voir la cité des Nains.
Le forgeron aime soliloquer. Raconter son apprentissage à Forgefer. Lui détailler la cité taillée dans la montagne. Les canaux et les garnisons d’Hurlevent. Des choses aussi lointaine là, de suite, qu’une légende, et aussi intangible qu’un conte. Jamais il n’explique pourquoi il s’est perdu ici. Il commence toujours son récit de la même façon. Répète les mêmes phrases avec la même constance qu’il répète les même gestes. La gamine n’en perd pas une miette. Sur l’art de fondre le métal. Il faut une arme pour se battre. Sur les maîtres nains. Il faut apprendre à manier sa lame. Lentement, le sommeil la gagne tandis qu’elle rêve de vengeance et de liberté.
Le grand escogriffe plaque sa paluche calleuse sur les yeux de sa petite sœur. Il sent le foin. Se concentrer sur cette seule pensée. Les hommes ont passé près d’une heure à entasser fagots de bois et ballots de foin. Les arômes de grange s’échappent dans l’air piquant et glacé.
Son ouïe prend le relais. Des plaintes et des imprécations, des cris aigus. Ô tellement forts et qui s’élèvent vers le ciel. Est ce mieux d’imaginer le supplice que de voir la silhouette se tordre dans les flammes ?
Toutes les âmes du hameau rassemblées autour du feu de joie. Hommes, femmes, enfants… Le brasier gronde et ronronne en dévorant son festin qui se débat. Rachelle. Petite femme fripée comme une pomme blette. A-t-elle jamais été jeune ? Les anciens se souviennent déjà d’elle, de ses simples et de sa douceur, dans leur enfance. La soigneuse qui a guéri plus d’une mauvaise fièvre, réduit plus d’une fracture d’un gamin tombé d’un arbre… Des vies, elle en avait sauvé. Reclus comme ils l’étaient tout au nord du lac du Cairn. Avant que les hommes en armure rouge ne prennent la place un matin d’hiver.
Ils sont là aussi les chevaliers écarlates. Eux et leur foi. Eux et leurs armes, leur discours sur la Lumière courroucée et toute puissante. Ils parlent de pureté et de choses qui dépassent la plupart des paysans du coin. Ce qu’on comprend en revanche c’est le langage de la violence, du fanatisme. Les esprits faibles et superstitieux s’y plient comme ils pliaient jadis sous le joug des seigneurs d’Elwynn. Les maris et les pères ferment les yeux sur les jupes retroussées par les envahisseurs. Nul ne bronche lors des longues heures de prièrent, à genoux sur le sol gelé de la placette. Jusqu’à sacrifier Rachelle. N’est-elle pas une sorcière hérétique ? Seule la Lumière peut soulager les maux…
La gamine, une dizaine d’années tout en cheveux fauves hirsutes, tâches de rousseur et l’air farouche d’une bestiole en cage, se débat pour se dégager de la poigne de son frère. Quentin. Il ne lui a pas échappé que la fillette est déjà presque trop grande pour passer pour une enfant. Il la sermonne sur son attitude. Baisser la tête et ne pas attirer l’attention. Mais la fillette n’en a cure. Elle s’échappe de l’étreinte protectrice et cavale en bousculant ses voisins.
Priscilla ! Reviens !
De loin en loin, lui parviennent seulement les cris et les rires des chevaliers sur son passage. Aucun poursuivant. Elle court longtemps entre les arbres décharnés, jusqu’à ce que ses poumons lui intiment l’ordre de s’arrêter sous peine d’exploser. A la nuit tombée, la gamine se faufile dans la forge. Ce n’est pas dans son lit ni auprès des siens qu’elle songerait à se réfugier. Depuis toujours, elle sait qu’elle n’a rien à attendre des autres. Ni amour ni attention. Quentin est tout ce qui compte.
La puanteur du bûcher flotte sur les toits de chaume. Elle a dû s’imprégner jusque dans la fibre des vêtements, la paille des couches. Silencieuse et invisible, la fillette se pelotonne à sa place favorite. Les paupières closent, les narines dilatées, elle s’enivre. La touffeur du feu, des métaux fondues, la vapeur dégagée par la trempe. Le bruit régulier du marteau sur l’enclume. Le maître du lieu lui jette un rapide regard, sourit et reprend sa besogne. Le ballet des pinces et tenailles, les muscles prodigieux noués par l’effort.
Un jour petite, il te faudra voir la cité des Nains.
Le forgeron aime soliloquer. Raconter son apprentissage à Forgefer. Lui détailler la cité taillée dans la montagne. Les canaux et les garnisons d’Hurlevent. Des choses aussi lointaine là, de suite, qu’une légende, et aussi intangible qu’un conte. Jamais il n’explique pourquoi il s’est perdu ici. Il commence toujours son récit de la même façon. Répète les mêmes phrases avec la même constance qu’il répète les même gestes. La gamine n’en perd pas une miette. Sur l’art de fondre le métal. Il faut une arme pour se battre. Sur les maîtres nains. Il faut apprendre à manier sa lame. Lentement, le sommeil la gagne tandis qu’elle rêve de vengeance et de liberté.
Pri Duoren- Mercenaire
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