[Suspendue] Gagan Fortepierre

Gagan venait d'arriver à Hurlevent, grommelant et trépignant à la fois. Ce fichu gnome ne lui avait pas facilité la tâche ! Heureusement, grâce à l'Humaine qui lui avait offert sa carte, il avait pu au moins se rendre compte qu'il faisait fausse route depuis le début, et faire demi-tour.
L'odeur le surprit tout d'abord, ressemblant en tout point à celle de la grande forge de Forgefer. Il se dirigea vers un poteau orné de panneaux indicateurs, saluant d'autres Nains au passage. Ne comprenant pas encore très bien le commun écrit, il mit quelques minutes à déchiffrer les inscriptions, avant de finalement quémander l'aide d'un garde. Ce dernier, un Nain à la barbe roussie, se montra très serviable et l'amena là où il le désirait: une taverne située près de l'entrée de la ville, l'endroit parfait pour ce qu'il était venu faire. L'air y était plus frais et il prit le temps de faire le point sur l'accomplissement de son voyage.

En premier temps, il voulait voir la cathédrale, étant croyant et féru d'architecture, mais, sur le chemin, alors qu'il attendait le tram des profondeurs, il avait saisit des bribes de discussion. Deux Nains parlaient d'une compagnie, recrutant apparemment des gens de tout horizons et aux talents divers et variés. Désireux de changer de vie, en ayant assez d'être au bas de l'échelle et réduit à servir les nobles, cette idée s'imposa d'elle-même dans son esprit, et c'est avec curiosité qu'il demanda plus d'informations au sujet de cette compagnie. Les informations lui furent données et c'est avec la joie au ventre qu'il repartit vers sa destination.

Arrivé dans la Taverne, au nom un brin trop compliqué à retenir pour lui, il prit soin de louer une chambre à son nom et demanda qu'on lui fasse monter du papier et une enveloppe au plus bas prix possible, ne sachant où en acheter.
C'est penché au dessus d'une feuille de papier à demi froissée et roussie par une flamme qu'il essaya de se rappeler de ses cours de commun, habitué à l'écriture et à la syntaxe Naine, et finit par poser les mots sur le papier.

A l'attention de Circé Arlann, le 24ème jour du VIème siècle de l'an 30.

J'ai appris il y a peu de temps que c'est à vous que je devais la réussite de mon voyage dans votre belle Capitale. Je vous écris non seulement pour vous remercier mais aussi parce que j'ai quelque chose à vous demander.
J'ai cru comprendre que votre compagnie (Le Talion, si je ne me trompe pas, parshora! )tentait de mettre en place un projet nécessitant des personnes aux talents divers.
Je vous écris dans l'espoir que vous puissiez avoir besoin de quelqu'un de versé dans les arts de la guérison. J'ai fait mes classes il y a de longues années de cela, mais je sais toujours ressouder, recoudre et soulager la douleur de nombreuses plaies et autres blessures. Je suis donc disposé à me mettre au service de votre compagnie, pour peu que vous vouliez m'en laisser l'opportunité.

En vous remerciant,
Gagan Fortepierre.

Gagan souriait, fier de lui. Ses cours d'écriture étaient toujours là. Il descendit de sa chambre et mit son enveloppe, fermée par un fil de lin, dans la boîte au lettres.

[Edit: Faute monumentale corrigée... guérisons s'est transformé en guérison ]

Perplexité. Pri retournait lentement la lettre, comme fascinée par l'objet. Une petite coulée de cire avait stoppé net la caresse de la flamme sur le papier. Qualité médiocre. Quelques ratures discrètes. Une écriture soignée, trop quelque fois. Visiblement une personne ayant appris la calligraphie, des pleins et des déliés agréables à l'oeil. Une écriture un peu lourde, masculine. Des signes d'une éducation faite, restait à savoir à quel niveau. Et ce petit fil de lin pour sceller la lettre. Elle ne pouvait s'empêcher de trouver une certaine poésie au procédé.
Mais c'est bien tout ce que la jeune femme pu déduire de son inspection.

Pour le reste, elle ne voyait pas d'adresse où répondre. Comme toujours, elle bénirait la prodigieuse mémoire du facteur. A part son nom, Gagan Fortepierre... L'image vague d'un Nain. Croisé dans une taverne. Sa façon de saluer par son étrange "Fortepierre". Au moins pourrait-elle le reconnaitre s'il se présentait au mess. Il devait avoir rencontré Circé, elle en discuterait avec l'ancien Capitaine. Elle se réjouissait de cette rencontre, ne serait-ce que pour satisfaire sa curiosité.

Comté du Lac, le 24ème jour du VIème grand cycle de l'an 30

Messire Fortepierre,

Nous avons le plaisir d'accuser bonne réception de votre courrier. Afin de faire plus ample connaissance, nous vous proposons de nous rencontrer au mess de la Compagnie, Comté du Lac, Carmines.

Vous devez avoir rencontré Dame Arlann, qui vous aura certainement parlé de notre Compagnie. Nous aurons l'occasion d'approfondir votre discussion et de répondre à vos éventuelles questions si ce n'est déjà fait.

Il vous suffira pour cela de vous rendre sur place, et l'une des intendantes nous avertira de votre venue. Vous pouvez également nous donner vos disponibilités pour convenir d'un rendez-vous.

Pour le Talion,
Pri Duoren Nearemion,
Lieutenant section D.