[Accepté] Stelios Akillys

J'arpentais les rues du quartier des Nains de Hurlevent, passant les commandes nécessaire à l'effort de guerre en Norfendre, mais je n'avais guère l'esprit à ma liste et j'écoutais d'une oreille distraite les arguments de vente de mon interlocuteur. Je repensais à cette discussion, avec deux membres du Talion, peu avant au port. Je devais avouer que la présentation de leur groupe ne m'avait pas laissé indifférent, leur liberté d'esprit et surtout d'action me rappelait avec douleur la stupidité et l'orgueil de certains dirigeants, qu'ils soient de l'Alliance ou de la Horde. Le monde courrait de grave danger, risquait l'annihilation face à des menaces sans cesse grandissante, et ils perdaient leurs temps en rancœurs et projets de vengeance pour des actes commis dans un autre cadre. Les Orcs avaient failli anéantir mon peuple, et pourtant je combattais fièrement à leurs côtés aujourd'hui dès que l'occasion se présentait pour sauver ce monde qui m'avait accueilli, et que j'ai appris à aimer petit à petit. Au bout de quelques instants, je me rendis compte que mon interlocuteur attendait visiblement une réponse à une question que je n'avais absolument pas entendu. Lui faisant un accord de la tête, son sourire grandit et me donna son délai avant que ma commande soit prête. Je profitai de ces quelques jours de repos bien mérité pour en apprendre davantage au sujet du Talion.
Je retournai en Norfendre peu après, la longue traversée me laissant de nombreux moments de réflexion. Après avoir livré le matériel à un commandant de l'Alliance, et l'avoir entendu proféré une énième fois des commentaires désobligeants envers une autre race, cette fois-ci les elfes de la nuit étaient à l'honneur, ma décision fut prise, je refusais sa prochaine mission, sous son regard abasourdi l'espace d'une seconde, puis, reprenant sa contenance, me gratifia d'un joli "Je n'en attendais pas moins de ces inutiles créatures à la peau bleue". Mon inutile poing bleu entra alors en collision avec son petit nez rose qui prit rapidement une teinte de rubis, le faisant chuter sur son séant. "Au plaisir" fut mes derniers mot à son attention, et je quittais mon régiment sans autre considération pour mes camarades d'armes qui ne m'avaient jamais de toute manière accepté dans leur groupe.
Je revins aux royaumes de l'est, béni soit rendu aux mages de Dalaran permettant un si rapide voyage, et entrepris d'écrire une lettre comme les deux membres du Talion me l'avait stipulé. Fouillant dans mes souvenirs à la recherche de leurs noms, une lacune je l'admets, et ne sachant plus vraiment à qui l'adresser, je fis une copie pour chacun de ses deux membres, Circé et Pri, tel était leurs noms. Je priais les dieux que ma mémoire fut bonne.

A l'attention du Lieutenant Pri et du Capitaine Circé

Bonjour,

Je vous prie tout d'abord de bien vouloir m'excuser si je me suis trompé dans l'écriture de votre nom. Notre discussion sur les quais du port de Hurlevent m'a tenu éveillé de nombreuses nuits je dois l'avouer.
Ma place en ce moment est simple, je souhaite apporter ma modeste contribution à la défense de ces contrées, et celles de mes ancêtres, et je recherche toute personne se battant pour ces mêmes objectifs, peu importe qu'ils aient la peau bleue, verte ou rose.
La liberté de pensée et d'action que vous offrez à vos membres quant à leurs objectifs personnels est je dois bien l'avouer une des principales motivations à vous rejoindre. Je suis quelqu'un de fiable, sur qui chacun des membres du Talion pourra compter lorsque le besoin se fera sentir, et aux vues des épreuves, j'imagine bien que ce sera régulièrement. Je n'ai pas grand chose à vous apporter si ce n'est mon épée que j'espère aiguisée et mon soutien inconditionnel.
La meilleure façon de vous prouver mes dires passera par les actes, aussi je suis prêt à faire mes preuves si vous en faites la demande.

Je passe le plus clair de mon temps à lutter contre le fléau, et essai d'entretenir autant que possible de bonnes relations avec la plupart des peuplades qui luttent contre notre ennemi commun. Si le Fléau attaque à un endroit, vous ne me trouverez jamais loin de là.

Stelios Akillys

Je relus longuement cette lettre, m'interrogeant si cela suffirait. Qu'importe, je n'ai jamais eu la prétention d'être un sage ou un acrobate du verbe, mais j'ai parlé avec mon cœur. Je fis une copie pour l'autre destinataire et rajoutais dans l'enveloppe plusieurs endroits où ils pourraient facilement me joindre si telle était leur volonté. Je payais un coursier pour l'amener dans les plus brefs délais à leur quartier général. Malheureusement je n'aurai guère le temps d'attendre leur réponse, mon combat contre le Fléau me rappelle déjà à mes obligations.

La jeune femme s'assit au bureau de la salle de réunion du Talion. Petite pièce feutrée, aménagée tout aussi bien pour accueillir avec tout le décorum nécessaire le visiteur, que pour s'atteler aux tâches administratives ou tout simplement discuter au coin du feu. La fenêtre close ne permettait pas de suivre la course du soleil au dehors, et la porte hermétique, renforcée par sortilège sans nul doute, vous coupaient du monde extérieur.
L'Humaine ébouriffa ses courts cheveux fauves, faisant tinter joyeusement les perles accrochées à ses mèches. Geste rituel pour chasser les brumes du sommeil et favoriser la concentration. Une pile de dossiers en retard, soigneusement rangés sur un coin dégagé du plateau de bois sombre. Il fallait laisser à Circé son sens de l'ordre et son organisation. Pri parcouru rapidement les missives, enfin de les classer par ordre chronologique, et s'arrêta sur celle du Draenei.
Un fin sourire étira ses lèvres. Délaissant dans l'immédiat la paperasse, Pri attrapa vélin, plumes et encres pour rédiger sans tarder une réponse.

Le 29ème jour du IXème mois de l'an 29

Cher Stelios Akillys,

C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai pris connaissance de votre requête. Pour tout vous dire, depuis notre expédition avec Dame Svetozar, je me demandais combien de temps il vous faudrait pour vous décider à nous rejoindre. Je pense également que vous avez tout à fait l'état d'esprit propre à notre compagnie.
Je vous propose de nous rencontrer à votre convenance au mess du Talion. Nous sommes situé à Comté du Lac, Carmines. Une réunion un peu plus formelle afin de discuter avec notre capitaine et nos autres lieutenants et sergents de vos attentes et motivations nous concernant.

Dans l'attente d'une réponse de votre, recevez, Stélios, l'expression de mon amitié la plus chaleureuse.

Pour la compagnie du Talion,
Lieutenant Pri Nacacia Duoren.

Le souffle court, haletant sous l'effort fourni laissant apparaître des volutes de vapeur en ce territoire enneigé près de la tour du Repos du Ver, je me tournais vers Pri qui m'avait apporté son soutien pour remplir mon dernier contrat : la mise à mort d'un magnataure particulièrement coriace. Pri ne semblait aucunement fatigué comme je l'étais, et contrairement à moi qui ruisselait de sueur et de sang, le mien et celui de notre proie, Pri semblait aussi pur d'apparence que la neige qui nous entourait, preuve sans conteste de son talent dans l'art du combat.

Pansant mes blessures, j'en profitai pour la remercier de sa réponse rapide à ma lettre.
"Je passerai aussi souvent que possible à votre mess, mais il est vrai que beaucoup de contrats m'occuperont ces prochains temps, ne me laissant que peu de temps de répis, mais peut-être que d'ici deux jours, j'en aurai autant de disponible qui suivront, est-ce que cela vous conviendrait?"

Elle me répondit par l'affirmative, sous la condition toutefois de la présence de la capitaine. Un appel urgent de camarades du Talion coupa court à notre entrevue, et Pri s'élança rapidement pour rejoindre ses compagnons.

Me sentant quelque peu fatigué, et la présence de ces vautours ne me rassurant guère, je fis route rapidement vers le Repos du Ver afin de présenter la preuve de la réussite de mon contrat.